Que se passe-t-il lorsque vous arrêtez de prendre des médicaments amaigrissants ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Cette photo prise le 23 octobre 2023 montre des boîtes de médicaments Ozempic, un antidiabétique injectable, dans une pharmacie de Riedisheim, dans l'est de la France
Cette photo prise le 23 octobre 2023 montre des boîtes de médicaments Ozempic, un antidiabétique injectable, dans une pharmacie de Riedisheim, dans l'est de la France
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Effets délétères

Les médicaments amaigrissants ont aidé des millions de personnes à perdre du poids. Mais une fois qu’ils sont arrêtés, la majorité des patients récupèrent la majeure partie de ce qu’ils ont perdu.

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal

Béatrice de Reynal est nutritionniste. Très gourmande, elle ne jette l'opprobre sur aucun aliment et tente de faire partager ses idées de nutrition inspirante. Elle est par ailleurs l'auteur de Ouvrez les yeux avant d’ouvrir la bouche, publié chez Plon, et du blog "MiamMiam".

 

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Atlantico : Arrivés en 2021, les médicaments amaigrissants ont prouvé leur efficacité. Mais ils s’accompagnent d’effets secondaires désagréables qui peuvent pousser les patients à stopper le traitement. De quoi parle-t-on ? 

Béatrice de Reynal : En préalable, ces médicaments n’ont pas vocation à mincir, mais bien à traiter les sujets souffrant de diabète de type II. Des personnes en surpoids ou obèses qui, de fait, voient leur espérance de vie menacée par ce surpoids qui est à l’origine même du diabète. Comprenez bien que cette pathologie est qualifiée par l’OMS comme la « maladie du XXIe siècle » ! Ce n’est pas rien.

Ces médicaments ont été très rapidement détournés des prescriptions contre le diabète T2 par des personnes souhaitant perdre du poids. Non pas les « 3 kilos » si connus de tous, mais plutôt 10 kg ou plus. Et comme ils sont très chers, ce sont les gens très aisés, exposés aux médias ou les stars qui en ont été les premiers clients (et non plus « patients )». Les médias justement osent citer les noms de Elon Musk, Mme Kardashian etc.

Qu’en est-il de ces traitements ?

C’est un filon d’or massif truffé de diamants !  Au point que de nombreux laboratoires pharmaceutiques se sont lancés dans le développement des produits : Ozempic et Wegovy de Novo Nordisk et Mounjaro d'Eli Lilly et j’en passe. Le principe semble simple : techniquement, il s’agit d’agonistes du GLP-1, ainsi appelés pour leur capacité à imiter l'action de l'hormone intestinale naturelle GLP-1 qui favorise la satiété, pris en injection.

Un essai cliniquesur le sémaglutide, publié en 2021, a révélé que les participants ont perdu en moyenne 15 % de poids sur une période de 68 semaines, tandis que ceux sous placebo ont perdu 2 %. Cependant, certaines personnes prenant ce médicament ont perdu jusqu'à 20 % de leur poids initial. Les bienfaits pour la santé semblent être encore plus étendus, avec les dernières données de Select, un essai clinique, publié en 2023, montrant que le sémaglutide peut réduire d'un de 20 %  le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral chez les patients ayant des antécédents de maladie cardiovasculaire.

A raison de 1200 $ / mois, inutile de dire que les pharmacies sont souvent en rupture de stock.

Si les résultats sont impressionnants et rapides, comment se passe l’arrêt du traitement lorsqu’on atteint le poids souhaité ?

La majorité des patients reprent du poids rapidement car les régions du cerveau liées à l'appétit restent dérégulées, ce qui incite la personne à surconsommer. Les médicaments GLP-1 ne font que masquer cette dérégulation, et lorsque leur effet est supprimé, leurs fringales reviennent rapidement. Autrement dit : ça devient pire car votre corps se retrouve avec un déficit de GLP-1, ce qui a un impact majeur sur le signal de satiété envoyé au cerveau.

Les conséquences physiologiques de cette reprise de poids massives est laplus grande préoccupation sanitaire des praticiens du domaine. Dans un essai, les sujets qui sont reçus une injection de placebo ont non seulement commencé à réaccumuler de la graisse corporelle, mais aussi à l’amplifier ! Pire, vous dis-je !

Mais la graisse abdominale est aussi un impact rapide sur la santé cardiaquela résistance à l’insuline et la stéatose hépatique (le « foie gras »). La reprise de poids s'accompagne généralement d'une accumulation de graisse et d'une diminution du muscle. Les sujets finissentpar revenir à une masse grasse plus élevée et une masse musculaire plus faible qu’avant traitement.

Résolument, laissons ces traitements « détournésdele visée médicale thérapeutique, » à ces fous trop médiatisés qui vont rapdiement, s’en mordre les doigts.

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