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Quand Volvo renonce au moteur à essence : 1ère étincelle d'une révolution automobile ou feu de paille marketing ?
©DR

La voiture de Monsieur Hulot

Après 130 ans de domination exclusive, le moteur « à gaz de pétrole » rentre dans une phase de remise en cause.

Jean-Pierre Corniou

Jean-Pierre Corniou

Jean-Pierre Corniou est directeur général adjoint du cabinet de conseil Sia Partners. Il est l'auteur de "Liberté, égalité, mobilié" aux éditions Marie B et "1,2 milliards d’automobiles, 7 milliards de terriens, la cohabitation est-elle possible ?" (2012).

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Atlantico : Le constructeur Volvo a annoncé qu'il comptait abandonner le 100% essence pour se tourner uniquement vers l'hybride et l'électrique. Pourquoi Volvo adopte-t-elle cette stratégie ? Comment faire la part des choses entre un choix marketing, ou un choix annonçant un virage global et durable du secteur ? 

Jean-Pierre Corniou C’est indiscutablement un tournant majeur pour l’industrie automobile qui après avoir vécu un développement considérable depuis 1890 pour atteindre plus de 1,3 milliards de véhicules sur la planète dotés d’un moteur à essence ou diesel connait aujourd’hui, après quelques essais infructueux, un virage majeur. L’automobile était demeurée pendant le XXe siècle la seule industrie à ne dépendre que du pétrole alors que les autres secteurs, notamment le ferroviaire, se sont orientés vers l’électricité  il est évident que l’industrie automobile est confrontée aujourd’hui à plusieurs défis majeurs qui la bousculent dans ses fondamentaux : la voiture électrique, la voiture connectée, la voiture autonome. 

Tous les constructeurs ont introduit une certaine dose d’électrification dans leur gamme depuis la crise de 2009, mais avec résistance et beaucoup de prudence. Cette prudence est largement justifiée par l’attitude des consommateurs qui hésitent à changer de technique dans ce qui constitue leur second poste de dépenses. Volvo, comme ses concurrents a déjà produit quelques véhicules électriques et hybrides en prenant ce virage dès la sortie de crise de 2009.  Mais comme tous ses concurrents ces véhicules électrifiés sont resté marginaux dans la gamme à la fois pour des raisons commerciales, et notamment la prudence des réseaux commerciaux, et pour des raisons techniques car les véhicules électriques à batterie ont souffert de leur faible autonomie et l’hybride reste une solution plus coûteuse. Il faudrait également nuancer l’annonce de Volvo car le constructeur ne s’engage pas dans le tout électrique à l’instar d’un Tesla ou du constructeur chinois BYD mais vise une électrification croissante de sa gamme, c’est-à-dire une hybridation généralisée. La plupart des constructeurs, comme Renault, envisagent une  hybridation  légère sur leurs nouveaux modèles. PSA s’engage à proposer une gamme très électrifiée en 2019.  Le moteur à explosion reste donc bien présent, même si dans les véhicules électriques il ne nécessite plus autant de puissance, et donc de consommation.

Dans quelle mesure un tel choix est- il adapté aux infrastructures des différents pays ? Quels sont les défis se présentant à une tel choix ? Un virage au tout électrique est-il "réaliste" en considérant les pays émergents, ou les pays les moins développés, en termes d'infrastructures ? 

Le marché mondial est en train de bouger. Les pays désormais considérés comme matures, avec un taux d’équipement élevé en véhicules, sont entrés dans une phase de stagnation de leur parc et de renouvellement lent. Le choix de l’électrique, dans ses formes diverses, est parfaitement adapté à ce type de marché où les consommateurs sont prêts à investir dans des véhicules novateurs. Ces pays sont en mesure de proposer un équipement satisfaisant en bornes de recharge. C’est le cas de l’Europe, du Japon, des zones urbaines des Etats-Unis. En Europe, la Norvège et les Pays-Bas sont clairement entrés dans une électrification massive de leur parc automobile avec le soutien massif des pouvoirs publics qui ont mise sur la défiscalisation. 25% des voitures neuves en Norvège sont électriques. . La France a fêté son 100000 e véhicule électrique en mars 2017, même si le flux annuel reste autour de 1% du marché des véhicules neufs. Les pays émergents sont certes plus pétro-dépendants, car leur infrastructure de bornes de recharge est inexistante, leur parc, ancien et hétérogène. Mais ils sont confrontés à des problèmes dramatiques de pollution urbaine qui poussent les pouvoirs publics à réagir. Ainsi la Chine et l’Inde sont prêtes à prendre le virage de l’électrique, ce qui constitue un appel d’air massif pour l’industrie mondiale

Détenus par des capitaux chinois depuis peu, la marque suédoise ne se positionne-t-elle pas comme la tête de pont du green business chinois en Occident ?

Volvo est toujours perçu comme un constructeur premium bien ancré dans le paysage automobile, aux Etats-Unis comme en Europe. Son ADN est resté suédois même si les capitaux sont désormais chinois avec la prise de contrôle en 2010 par Geely, premier constructeur chinois à capitaux privés. Mais Geely reste un constructeur modeste, classique, avec un million de véhicules vendus en 2016, et n’exporte que peu de véhicules hors de Chine, même s’il a une stratégie internationale. Il a acquis ainsi le constructeur malaisien Proton en mai 2017. 

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