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Quand une éclipse menace de couper le courant : l'énergie solaire face à ses limites
©Reuters

Black-out

Les capacités de production en Europe en 1999, lors de la précédente éclipse solaire, étaient 100 fois moins importantes qu’aujourd’hui. Parti de rien, cette énergie représente près de 80 GW sur le continent. Le risque de black-out existe tout de même.

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Atlantico : Quel est le coût de production moyen de l'électricité solaire ? Et comment la rendre l'énergie plus compétitive ?

Florent Detroy : Le coût de production moyen de l’électricité solaire dépend bien évidemment du lieu où les panneaux sont installés. C’est dans les régions du sud que cette énergie a été privilégiée, comme le sud des Etats-Unis, en Californie, ou l’Espagne et l’Italie pour l’Europe, même si l’Allemagne a également lourdement investi dessus. Le pays a été responsable de la moitié des capacités photovolatiques installées en 2014. Plusieurs innovations permettraient de la rendre plus compétitive cette technologie, mais il faut garder à l’esprit que le solaire est déjà compétitif dans certaines régions, c’est à dire a atteint la parité réseau (coût de production inférieur au coût d'achat sur le réseau).

Ainsi aux Etats-Unis on a vu récemment des projets afficher un coût de 42 euros par MWh. Elle est également compétitive dans des pays où les prix de l’électricité sont plutôt hauts. Par exemple en France le solaire peine à se développer parce que le cout du MWh tourne déjà autour de 40€, ce qui est relativement bas en Europe. Les pistes d’amélioration sont assez simples, il faut baisser le cout des équipements et si possibles des installations. Mais l’industrie est déjà sur cette voie, puisque le cout des modules a été divisé par 6 depuis 10 ans en France.

Vendredi 20 mars, l'Europe pourra profiter d'une éclipse solaire jusqu'à 80% à certains endroits. Alors que la part de l'énergie produite est beaucoup plus importante qu'en 1999, ce phénomène pourrait-il faire défaut ?

Florent Detroy : Effectivement les capacités de production en Europe en 1999, lors de la précédente éclipse solaire, étaient 100 fois moins importantes qu’aujourd’hui. Parti de rien, cette énergie représente près de 80 GW sur le continent (chiffres 2013). L’éclipse pourrait faire baisser les capacités disponibles de 35 000 MW au maximum sur notre continent, selon l’association des gestionnaires de réseau européen (entsoe). Mais le risque de black-out est faible. D’abord parce que la perturbation du réseau par un phénomène climatique n’est pas inédite. Il suffit d’un temps nuageux pour réduire les capacités disponibles. Les pays sont donc habitués à jongler avec les différentes sources énergétiques pour compenser les évolutions et équilibrer le réseau.

Par exemple, la France a augmenté de 50% sa capacité à produire de l’énergie, en utilisant notamment ses ressources hydrauliques, afin de répondre à la baisse de production. D’ailleurs, plusieurs pays sont en surcapacité énergétique, et trouveront facilement d’autres sources d’énergie pour compenser. C’est le cas de l’Allemagne notamment. Là où l’éclipse va poser problème, c’est dans l’ampleur du changement puisque tout le territoire européen va être concerné en même temps. Les capacités photovoltaïques vont diminuer en une poignée de minutes, et réapparaitre dans le même temps. C’est 4 à 6 fois plus rapide qu’un lever et un coucher de soleil. Ensuite, l’importance des capacités retirées va demander une synchronisation de tous les opérateurs de réseau européens. Cette fois encore, c’est relativement inédit, mais le réseau européen est plutôt bien intégré pour répartir les capacités thermiques à l’ensemble du réseau en Europe.

Les technologies qu'elle utilise, les cellules photovoltaïques par exemple, mériteraient-elles d'être également améliorées ?

Florent Detroy : Oui bien entendu. Chaque jour des laboratoires annoncent un record de productivité d’une cellule.  Mais il n’est pas sur que dans 10 ans ce soit le même types de cellules qui dominent le paysage photovoltaïque. La recherche travaille de plus en plus sur des cellules plus économes en matières alors que les ressources en silicium, provenant majoritairement de l’industrie électroniques, commencent à être limitées. Une des technologies d’avenir est le solaire à concentration. Elle n’utilise pas de silicium. 

D’autres technologies en devenir concernent la production de cellule par dépôt sur ruban (2 fois moins de silicium) ou la production de panneaux à couche fine, utilisant notamment du sélénium, de l’indium et du cuivre. Et à plus long terme les matériaux organiques constituent un autre axe de recherche et d’innovation future. Ces technologies ont également l’avantage d’être plus performantes. Le taux de conversion de l’énergie en électricité des cellules en silicium oscille entre 10 et 20%. Avec le solaire à concentration, on peut atteindre les 40%.

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