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Quand la Chine profite de l'incompétence de l'Union européenne pour s’imposer dans les pays du Sud
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Bruxelles a vu ses partenariats économiques avec la rive sud de la Méditerranée rendus caduques au lendemain des Printemps arabes. En parallèle, elle est désormais concurrencée par les pays émergents, bien moins exigeants sur le plan démocratique.

Pierre Verluise

Pierre Verluise

Docteur en géopolitique, Pierre Verluise est fondateur du premier site géopolitique francophone, Diploweb.com.

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À travers l’intégration de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal puis de Malte et Chypre, l’Union européenne s’est déjà ouverte à cinq pays méditerranéens. Pour autant, il ne s’agit pas de pays du Sud, au sens d’un clivage entre un Nord riche et un Sud en quête de développement. Sans avoir jamais véritablement défini ses limites, l’UE a refusé la candidature du Maroc… mais en a fait le premier bénéficiaire de l’Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEPV). Les résultats sont modestes puisque les classements pour le climat des affaires demeurent peu flatteurs, en partie à cause d’un système judiciaire corrompu. Ajoutons que depuis les élections de novembre 2011, l’UE se retrouve à privilégier à travers l’IEPV un gouvernement islamiste au Maroc…

Voilà qui illustre finalement assez  bien les difficultés de l’Union européenne avec le Sud. Prouvons-le avec deux sujets complémentaires, la politique publique d’aide au développement et l’Union pour la Méditerranée.

L’UE s’affiche volontiers comme le premier pourvoyeur mondial d’aide publique au développement, loin devant les États-Unis, le Japon et les pays émergents. Cependant, l’aide de l’UE reste peu visible, peu cohérente et parfois peu efficace. La dispersion et le saupoudrage de l’aide européenne réduisent son efficacité. La multiplication des lignes budgétaires comme des règlements communautaires rendent difficiles son appréhension, aussi bien par les citoyens européens que par les pays bénéficiaires. Le Parlement européen et la Cour des comptes européenne ont la dent dure pour cette politique pourtant essentielle dans la relation avec le Sud. Alors que l’UE entend – avec raison – devenir plus exigeante quant à l’usage des fonds européens dans le cadre de l’aide publique au développement… elle se trouve sur le terrain concurrencée par de "nouveaux" acteurs : les pays émergents, dont la Chine et l’Inde. Ces acteurs n’incluent aucune condition démocratique dans l’aide au développement qu’ils fournissent, ce qui les rend attractifs pour des régimes parfois rétifs à cette préoccupation. Leur faible intérêt pour la lutte contre la corruption rend aussi la "communication" plus facile. Enfin, les offres de leurs entreprises sont moins chères que celles des sociétés européennes.

Quant à "l’Union Méditerranéenne" de Nicolas Sarkozy, recadrée par l’UE et Angela Merkel en "Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée", elle semble disparue dans les flots de la grande bleue. Il est vrai qu’après un lancement en grande pompe à Paris le 13 juillet 2008, avec en invité vedette un syrien du nom de Bachar al-Assad, l’UpM a joué de malchance. La guerre conduite par Israël dans la bande de Gaza du 27 décembre 2008 au 17 janvier 2009 survient alors que l’UpM est en phase de démarrage. L’opération "plomb durci" est venue d’emblée démontrer que le conflit israélo-palestinien bloque ou ralenti jusqu’aux politiques sectorielles prévues par l’UpM. Les réunions de l’UpM prévues entre janvier et avril 2009 ont été reportées. Puis la dynamique des Printemps arabes s’est développée  à partir de la fin de l’année 2010. Après le départ de Michèle Alliot-Marie, Alain Juppé prend prétexte des révolutions en cours pour montrer combien Paris avait été clairvoyante. Et d’annoncer une tentative de relance. Lorsque Nicolas Sarkozy quitte l’Elysée, seulement deux projets ont été annoncés par Inframed, dans la plus grande indifférence.

Pourtant, la situation dans le Sahara comme au Sahel le démontre amplement, la rive Nord de la méditerranée ne doit pas – ne serait ce que pour des raisons de sécurité – faire l’impasse sur le Sud.  

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