Quand l'anticléricalisme primaire du Parti socialiste prend ses quartiers à l'Elysée, la France n'en sort pas grandie<!-- --> | Atlantico.fr
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L'Eglise catholique sert volontiers de victime expiatoire aux socialistes.
L'Eglise catholique sert volontiers de victime expiatoire aux socialistes.
©Reuters

Mauvais genre

L'Eglise catholique sert volontiers de victime expiatoire aux socialistes. Le comportement et les blagues douteuses de l'exécutif face au départ de Benoît XVI confirment cette triste réputation.

Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

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On connaissait le fond de grossièreté qui réside chez beaucoup de socialistes, l'air de clerc jouisseur de ces notables de gauche issus de Mai 68 qui, depuis longtemps, ont abandonné les préoccupations sociales pour la promotion de la libération sexuelle. Fonctionnaires défroqués en goguette, ils diffèrent à cet égard d’une extrême gauche qui, encore en lien avec la souffrance populaire, conserve le sens du tragique.

Cette paillardise avait sa figure emblématique : DSK. Elle a trouvé sa victime expiatoire : l’Église catholique.

En témoignent des comportements qui pourraient surprendre dans un parti que l’on croyait devenu raisonnable : ainsi la réception insultanrte de l’archevêque de Paris par la commission de  l’Assemblée nationale en charge du projet de "mariage pour tous" ( qui a choqué le Grand Rabbin de France lui-même !) ou la plaisanterie douteuse de Michèle Delaunay, secrétaire d’État en charge des  personnes âgées ne trouvent rien d’autre à dire après l’annonce de la démission du Saint Père que: "Benoît XVI a omis de me consulter avant de prendre sa décision."

Un profond sentiment anticatholique

N’en doutons pas : ce n’est là que la pointe immergée d’un sentiment antichrétien ou plutôt anticatholique aujourd’hui dominant au parti socialiste. Hostilité assortie d’un mépris qui fait qu’on ne cherche même plus à comprendre ce que pourrait être la logique interne des positions d’une Église dont on a choisi de  tout  ignorer.

Caractéristique de cette ignorance est l’appel de Cécile Duflot aux diocèses pour qu’ils hébergent dans leurs locaux les sans-logis : la pitoyable ministre écologiste (les Verts ne valent pas mieux que les socialistes sur ce registre) semblait tout ignorer de l’action  caritative d’une Église plus  impliquée que quiconque sur ce terrain. 

Tout cela pourrait rappeler les bonnes grosses blagues des banquets d’instituteurs des années trente. Mais les temps ont changé : on ne daube plus la soutane ou les abus supposés du vin de messe ; on ne chante plus Le curé de Camaret, on ressasse les poncifs des médias, largement sur la même longueur d’onde : Pie XII, le pape nazi (dont presque tout le  monde reconnait pourtant aujourd’hui qu’il a fait le possible pour limiter le désastre), le préservatif, l’avortement et maintenant le "mariage" homosexuel. Autrefois le différend portait surtout  sur les dogmes, aujourd’hui sur  la morale.
On n‘explique pas autrement que par ce bouillon de culture dans lequel baigne désormais le parti socialiste le commentaire scandaleux du président de la République à l’issue de la démission de Benoît XVI : "Nous n’avons pas de candidat".

Car les banquets socialistes sont une chose, la parole  du chef de l’État en est une autre. Par ce genre de plaisanterie un peu lourde, François Hollande ne fait pas honneur à  la France, surtout si on la compare  à la dignité, à la hauteur de la réaction des chefs d’État du monde entier à l’émouvante décision de Benoît XVI.

Les vrais hommes d’État et les apparatchiks

En d’autres temps, d’autres chefs de l’État français étaient  issus, plus encore que le président actuel, du vivier laïcard : Vincent Auriol, Georges Pompidou, Jacques Chirac. Aucun  ne se serait permis ce genre de plaisanterie. 

En s’élevant dans les sphères de la grande politique, en étant chaque jour confronté au tragique de l’Histoire, les vrais hommes d’État, même s’ils sont en désaccord sur tel ou tel sujet avec le magistère catholique, n’ont plus envie de plaisanter avec le fait religieux. Croyants ou pas, ils en mesurent la dignité et la gravité. Georges Pompidou, agnostique au départ, se rapprocha de la foi, au point de demander des obsèques grégoriennes, Jacques Chirac quoique éloigné de la religion en son for intérieur, fut toujours déférent vis-à-vis du monde ecclésiastique. 

Faut-il rappeler le cas de François Mitterrand : élevé, lui, en milieu clérical, rallié à la gauche certes, mais qui fut   toujours respectueux de l’Église catholique dont il était suffisamment familier pour en connaître les subtilités et en mesurer la grandeur ? C’est ainsi qu’il su accueillir en 1983 le pape à Lourdes par un discours de haute tenue sur les relations de l’Église et de la France dont il faut bien dire  qu’il surclassait celui, plus convenu, de Jean Paul II. Il cachait peu en privé son mépris pour l’anticléricalisme élémentaire du parti socialiste.  

Reste  le cas de Nicolas Sarkozy, très ignorant des finesses de la culture chrétienne, mais désireux de lui témoigner sa sympathie, non sans quelques arrière-pensées et beaucoup de maladresse.
Dans cette question des rapports avec l’Église, François Hollande a montré qu’il était resté un socialiste de base, un apparatchik sans envergure. Rien qui fasse honneur à la France.

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