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Ces produits typiquement « made in USA »… inventés par les Français
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The french way of life

Secrets du croissant croustillant et de la tartine beurrée, cérémonie de l'apéro et grognements fraternels du saucisson, jambon beurre et restaurants du bon accueil, partage du vin et du pain... Yves Roucaute célèbre ainsi Marianne et son coq dans son livre "Eloge du mode de vie à la française" (Extraits 2/2).

Yves Roucaute

Yves Roucaute

Yves Roucaute est philosophe, épistémologue et logicien. Professeur des universités, agrégé de philosophie et de sciences politiques, docteur d’État en science politique, docteur en philosophie (épistémologie), conférencier pour de grands groupes sur les nouvelles technologies et les relations internationales, il a été conseiller dans 4 cabinets ministériels, Président du conseil scientifique l’Institut National des Hautes Etudes et de Sécurité, Directeur national de France Télévision et journaliste. 

Il combat pour les droits de l’Homme. Emprisonné à Cuba pour son soutien aux opposants, engagé auprès du Commandant Massoud, seul intellectuel au monde invité avec Alain Madelin à Kaboul par l’Alliance du Nord pour fêter la victoire contre les Talibans, condamné par le Vietnam pour sa défense des bonzes.

Auteur de nombreux ouvrages dont « Le Bel Avenir de l’Humanité » (Calmann-Lévy),  « Éloge du monde de vie à la française » (Contemporary Bookstore), « La Puissance de la Liberté« (PUF),  « La Puissance d’Humanité » (de Guilbert), « La République contre la démocratie » (Plon), les Démagogues (Plon).

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En France, l’habit fait-il le moine ? En tout cas, il le dit, assurément. Ici, le corps n’est pas étranger à l’esprit, et l’habit doit marquer par son style la merveilleuse union du corps et de l’âme.

Absurde et archaïque, réagit celui qui méconnaît ce pays : si « l’habit », du mot latin « habitus », signifie « une manière d’être », en quoi celle du Français diffèrerait-elle de l’uniformisation constatée partout, hors l’Argentine peut-être ? Ils seraient eux aussi en « jeans » nos Gaulois, en « blue jeans » même, ils se seraient américanisés, mondialisés, uniformisés, chaussant ici des tennis, là enfilant le « t-shirt » coloré, empruntant au fast-food vestimentaire de l’« american way of life » le fameux principe : tous comme un, un comme tous !

Tout cela est fort drôle et révèle un nouveau quiproquo.

Des centaines de millions d’individus se persuadent de porter des produits typiquement « made inUSA »… inventés par les Français. Les mots devraient d’ailleurs alerter : « jeans », contraction de « Jean’s », signifie « of Jean », autrement dit : « de Jean ». Or Jean n’est pas un prénom anglais, à la différence de John, ni portugais ou espagnol, mais un prénom français. « Jean’s » désigne la toile « de Jean », celle « de Saint-Jean » du Gard, ville des Cévennes, où était installée, au XVIIIe siècle, l’industrie textile de cette toile. Sa production transitait par Nîmes, ville commerçante proche, qui la diffusait pour la fabrication de pantalons ou de chemises dans diverses entreprises du territoire.

Le génie de Levi Strauss ? Il fut uniquement commercial. Il négocia la toile bleue (le mot « blue » vient aussi de l’ancien français), amenée par la famille André de Nîmes. Une toile qui s’appelle aujourd’hui, en anglais, toile « denim », c’est-à-dire « de Nîmes ». Il reproduisit les pantalons de Saint-Jean, ajoutant, pour éviter l’accusation de contrefaçon, suivant l’idée de Jacob Davis, des rivets. Et quelques dizaines d’années plus tard, la toile bleue de Saint-Jean revenait en France sous l’appellation de « blue jeans ».

Les tennis n’échappent pas à cette origine française. Le jeu lui-même vient du jeu de paume français et le mot du provençal « tenes », cri d’avertissement adressé par le joueur à son adversaire avant l’engagement de la balle ; « tenes », « tennis » diront les Anglais, lors de la découverte de ce sport introduit par le duc d’Orléans, au cours de son incarcération, après 1515. Les chaussures pour jouer à ce sport furent appelées « tennis » et les termes dans ce sport sont tous d’origine française, jusqu’à la façon de compter les « sets », « set » signifiant « sept » en ancien français.

Quant au fameux « t-shirt », il n’existait pas aux États-Unis avant la Première guerre mondiale. Il fut découvert par les soldats américains débarquant en France, allant combattre dans les tranchées. Leurs frères d’armes français portaient un sous-vêtement en coton appelé « maillot de corps » ou « tricot de corps » ; il avait la particularité de s’enfiler par la « tête », d’où le « T » du « t-shirt ». Une invention de leur industrie textile, datant du XIXe siècle, qui permettait aux ouvriers de résister au froid. L’état-major français en fournit aux troupes américaines et, de retour, le mot s’emploie outre-Atlantique en 1920, dans la littérature. Puis, avec la Seconde guerre mondiale, durant l’hiver, fin 1944, les soldats américains, en particulier dans les Ardennes, constatent les bienfaits du « t-shirt » et, en 1950, la production de masse est lancée aux États-Unis.

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Extrait de Eloge du mode de vie à la française, Editions du Rocher (5 avril 2012)

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