Production industrielle française, déjà la rechute : l’histoire d’un pays qui poursuit inexorablement son déclin<!-- --> | Atlantico.fr
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Le recul touche tous les secteurs, dont l'automobile.
Le recul touche tous les secteurs, dont l'automobile.
©Reuters

Editorial

Les chiffres de la production industrielle du mois d’avril qui viennent d’être publiés apportent un démenti cinglant à tous ceux qui affichaient un optimisme béat devant notre petit 0,6% de croissance du premier trimestre. Le recul touche tous les secteurs : automobile, chimie, équipements électriques et même l’industrie agroalimentaire, qui ont fléchi globalement d’un pour cent.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Une hirondelle ne fait pas le printemps. Il avait suffi d’un petit 0,6% de croissance au premier trimestre pour faire croire que la France était sortie de la stagnation et avait retrouvé le chemin de la croissance. Les chiffres de la production industrielle du mois d’avril qui viennent d’être publiés apportent un démenti cinglant à ceux qui étaient déjà repartis dans un optimisme béat. Car ils sont sans appel, en marquant un coup d’arrêt au léger mieux enregistré au cours des mois précédents. Le recul est en effet général dans tous les secteurs : automobile, chimie,  équipements électriques et même l’industrie agroalimentaire ont fléchi globalement d’un pour cent. Cette contre-performance a surpris les experts, d’autant plus que le climat des affaires avait paru s’améliorer. Pourtant l’Insee restait réservée sur les performances à venir du deuxième trimestre, d’autant que le mois de mai comportait un nombre exceptionnel de ponts, peu propices à un emballement de la conjoncture.

En réalité, une fois de plus, la France est à contre-courant de la plupart de ses partenaires européens. Chez plusieurs de nos voisins, le rebond de la croissance est spectaculaire. Il devrait dépasser trois pour cent en Espagne, en Irlande, à Malte, voire en Slovaquie, L’Allemagne s’attend même à 1,7% de mieux, alors que pour la France, on envisage plus modestement 1,1%. Le constat est clair : les pays qui ont conduit les réformes de structures sur le marché du travail et le secteur financier comme l’Espagne sont aujourd’hui à la tête des créations d’emplois : 118 000 ont ainsi vu le jour en mai, alors que pendant le même temps, la courbe du chômage poursuivait chez nous son inlassable marche en avant.

C’est qu’en France, fondamentalement rien ne bouge. La loi Macron n’est toujours pas sur les rails, alors qu’on annonce régulièrement que le gouvernement a l’intention de passer en force pour faire passer un texte déjà fortement amendé et qui a perdu de sa force, sans compter qu’une fois adopté, il pourra encore faire l’objet de recours ou d’aménagements qui en atténueront encore la portée. Il était pourtant le symbole de la volonté du pouvoir de sortir le pays de l’ornière où il se trouve. Car, dans tous les domaines, c’est le statu quo qui prime : toute velléité de changement est immédiatement battue en brèche par la force des lobbies en place ou l’inertie d’une population qui se détourne de plus en plus de la politique.

Plus que jamais, c’est le sens de la débrouille en utilisant de plus en plus les réseaux sociaux qui prévaut chez nos compatriotes, alors que la classe politique reste sans voix, uniquement préoccupée par ses joutes mesquines rappelant les guerres picrocholines de Rabelais. Les assises des deux grands partis majoritaires qui viennent de se tenir ont abouti à un constat affligeant : tout s’est passé comme si elles s’étaient déroulées dans un vase clos, loin des préoccupations du peuple, en répétant les sempiternelles jérémiades. Aucune initiative nouvelle n’a vu le jour, au point que plus personne n’écoute les disques usés qui tournent en boucle de façon permanente. L’étranger observe de plus en plus narquois ce comportement suicidaire à terme car les forces nouvelles qui pourraient y mettre fin ne sont toujours pas au rendez-vous de l’histoire d’un pays qui poursuit inexorablement son déclin.

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