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Le printemps arabe,
la démocratie et Israël
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Le Moyen-orient en ébullition

Les révolutions arabes constituent une aubaine pour la démocratie et pour Israël. Ce vent de liberté pourrait atteindre Gaza et modifier les forces en présence dans la région.

Fabio Rafael Fiallo

Fabio Rafael Fiallo

Fabio Rafael Fiallo est économiste et écrivain, ancien fonctionnaire à la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement). Il est diplômé d’économie politique de l’université Johns Hopkins (Baltimore).  Son dernier ouvrage, Ternes Eclats - Dans les coulisses de la Genève internationale (L'Harmattan) présente une critique de la diplomatie multilatérale.

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Des voix se font entendre ici et là afin de mettre en garde sur le risque qui existe de voir la révolte arabe récupérée par des mouvements islamistes ayant des desseins totalitaires et visant la destruction de l’Etat d’Israël. La chute du Chah d’Iran en 1979 est donnée en exemple d’une autocratie remplacée par un régime encore plus despotique et criminel. Bien que légitimes, de telles craintes ne devraient pas faire oublier que le monde arabe semble mûr pour un virage vers la démocratie. Plusieurs considérations pointent dans cette direction.

La probabilité d’un remake de 1979 est proche de zéro. Qui, parmi les manifestants d’aujourd’hui, aimerait se trouver à la place des Iraniens en 2009, emprisonnés et torturés ou assassinés pour le simple fait d’avoir demandé le respect de la volonté populaire exprimée dans les urnes ? Les Arabes sont-ils prêts à voir leurs aspirations démocratiques confisquées par une théocratie ? Les femmes qui jouent un rôle si actif dans ce Printemps arabe, et qui se battent pour l’égalité des droits hommes-femmes, aimeraient-elles se soumettre à la Charia que les islamistes imposent une fois qu’ils ont pris le pouvoir ?

Le régime iranien a de quoi s’inquiéter. La hiérarchie iranienne se trouve confrontée à deux défis : un mécontentement populaire croissant et des rivalités à l’intérieur du régime. En même temps, les sanctions internationales et la mauvaise gestion de l’économie commencent à faire sentir leurs effets.

Les rébellions en Tunisie, en Egypte et en Libye ont pris de l’ampleur grâce en partie au ralliement à leur cause de membres de groupes au pouvoir (armée,  ministres, diplomates). Les ayatollahs iraniens savent que cela pourrait se produire aussi dans leur pays. La méfiance est donc de mise au sein du pouvoir iranien, ce qui accentue la fragilité du régime.

Beaucoup dépendra de la détermination de la communauté internationale à venir en aide à la population iranienne. Au minimum, la communauté internationale se doit d’enquêter sur les emprisonnements, tortures et meurtres d’opposants, et non moins important, de prendre les mesures qui s’imposent à l’encontre du régime iranien face à de telles exactions.

Le Hamas a de bonnes raisons de craindre l’éclosion à Gaza d’un mouvement pour la démocratie. La population de Gaza n’ignore pas que les Palestiniens de Cisjordanie vivent dans de bien meilleures conditions qu’eux, grâce en grande partie au modus vivendi que l’Autorité palestinienne et Israël parviennent à maintenir malgré leurs divergences. Aussi les Gazaouis pourraient-ils être prêts à donner majoritairement leurs voix à un parti capable – contrairement au Hamas – d’améliorer leurs conditions de vie. Rien d’étonnant que le Hamas rechigne à permettre la tenue d’élections libres à Gaza.

Le Hezbollah, aussi, ne peut que redouter l’onde de choc démocratique qui secoue la région. Ragaillardis par l’émergence du Printemps arabe, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes ont récemment manifesté à Beyrouth pour protester contre la mainmise du Hezbollah sur la politique libanaise et pour demander à cette organisation de rendre les armes.

Pour la « rue arabe », la stigmatisation d’Israël a perdu de son attrait. Tout au long du Printemps arabe, les slogans anti-israéliens ont brillé par leur absence, de même que pas un seul drapeau de l’Etoile de David n’a été brûlé. Et ce n’est pas un hasard : aujourd’hui, ce qui fait objet de contestation, ce sont les autocraties de la région, celles-là mêmes qui télécommandaient les manifestations contre Israël dans le but de déverser sur l’Etat juif une colère populaire qui normalement se serait tournée contre elles.

En fait, les Arabes imprégnés de soif démocratique ne peuvent que regarder avec un sentiment d’empathie la seule démocratie effective de la région, c’est-à-dire Israël, un Etat dans lequel les minorités (en l’occurrence arabes) sont représentées au parlement et dans lequel un président peut être poursuivi et un premier ministre peut être obligé de démissionner en raison des charges de corruption qui pèsent contre lui.

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