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Présidentielle 2022 : Ces six idées qu’aucun candidat ne propose alors qu’elles pourraient tout changer (en bien…!)
©AFP

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Revenu universel, accès au logement, politique familiale ... Alors que l'échéance se rapproche, de nombreux sujets n'ont pas été abordés au cours de cette campagne présidentielle

Marc de Basquiat

Marc de Basquiat est consultant, formateur, essayiste et conférencier. Fondateur de StepLine, conseil en politiques publiques, il est chercheur associé du laboratoire ERUDITE. Il préside l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence (AIRE) et intervient comme expert GenerationLibre. Il est diplômé de SUPELEC, d'ESCP Europe et docteur en économie de l'université d'Aix-Marseille. 

Son dernier ouvrage : L'ingénieur du revenu universel, éditions de L'Observatoire.

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Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega est universitaire, spécialiste de l'Union européenne et des questions économiques. Il écrit sous pseudonyme car il ne peut engager l’institution pour laquelle il travaille.

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Revenu universel

Marc de Basquiat : La proposition la plus commentée en matière de protection sociale a été énoncée par Valérie Pécresse puis reprise par Emmanuel Macron : imposer 15 à 20 heures d’activité par semaine aux bénéficiaires du RSA. Cette séquence de la campagne est révélatrice du choix tactique de Macron de positionner sa campagne sur le segment électoral de sa plus dangereuse adversaire de 2ème tour. Mais chacun sait que cette proposition est une posture, sans pertinence économique car nécessitant l’embauche de quelques 60.000 agents pour assurer sa gestion. 

Plus sérieuse, l’idée d’une réforme des minima sociaux a été évoquée par Macron avec une reprise de son projet de Revenu universel d’activité annoncé en 2018, mais la complexité hallucinante du projet nécessite une étape préalable : créer un « revenu social de référence », une mesure technique bienvenue mais incompréhensible pour la majorité des électeurs. A plus court terme, dans le registre fiscal, le président candidat propose d’étendre le bénéficie du quotient conjugal aux couples concubins

De son côté, Yannick Jadot propose de créer un « revenu citoyen » d’environ 900 euros par mois, dès 18 ans, mais sans financement crédible. L’idée de revenu universel a aussi été évoquée, très souvent à gauche et parfois à droite, pour sécuriser la situation économique à la période charnière des 18-25 ans, selon diverses conditions. Bilan au terme de la campagne : l’idée du revenu universel est dans l’air, mais a conservé un parfum d’utopie, ou a été restreinte aux 18-25 ans, ou s’est trouvée associée à un projet très technique. 

Pas encore comprise par l’électorat, la proposition que je défends avec le soutien d’associations, de députés et de sénateurs n’a pas trouvé sa place dans le débat des présidentielles, sauf pendant l’éphémère campagne du candidat Gaspard Koenig qui a buté sur l’obstacle des 500 signatures. Rappelons notre formule magique « 2RU » : remplacer l’impôt sur le revenu, le RSA, la Prime d’activité et quelques autres prestations par la combinaison du prélèvement de 30% de tous les revenus imposables et du versement automatique mensuel par le fisc de 500 euros par adulte, dès 18 ans. Appliquer cette règle très simple à toute la population mettrait un terme au scandale démocratique d’un système socio-fiscal incompréhensible pour les citoyens.

Politique familiale

Marc de Basquiat : La plupart des candidats présente des mesures pour les familles avec enfants, avec une variété révélatrice de différences idéologiques. Par exemple, Marine Le Pen conditionne toutes les aides à la nationalité française et Éric Zemmour promeut une vision nataliste, favorisant les zones rurales. D’un autre côté, Emmanuel Macron comme Jean-Luc Mélenchon souhaitent renforcer les aides aux mères célibataires.  

Valérie Pécresse se distingue en chiffrant à 4 milliards d’euros le projet le plus complet, renforçant l’universalité des allocations familiales, dès le premier enfant, et mettant fin à la dégressivité en fonction des revenus. Comme tous les candidats, elle propose également des aides pour concilier vie familiale et professionnelle. Sans conteste, sa proposition se rapproche le plus de notre préconisation d’une Allocation familiale universelle

L’analyse rigoureuse de l’effet des 10 dispositifs actuels contribuant aux transferts monétaires vers les familles avec enfants révèle de sidérantes incohérences. Qui sait que beaucoup de couples modestes avec un seul enfant ne perçoivent strictement aucune aide ? Que les parents isolés aisés perçoivent 200 à 250 euros par mois de plus, par enfant, que les parents isolés au SMIC ou au RSA ? Que presque tous les parents isolés perdent financièrement en se remettant en couple ? 

Si le projet de Valérie Pécresse constitue un progrès, notre proposition va plus loin : remplacer la plupart des dispositifs actuels par des allocations familiales universelles et uniformes, ce qui est le cas dans une dizaine de pays européens dont les Pays-Bas, l’Irlande ou la Suède. Le montant mensuel serait de l’ordre de 200 euros jusqu’à 14 ans et 250 euros au-dessus. Seraient maintenus en complément l’Allocation de soutien familial, pour les enfants de parent isolé ne bénéficiant pas de la contribution financière de l’autre parent, et les aides à l’accueil et garde des jeunes enfants. 

Accès au logement

Marc de Basquiat : Conscients de l’importance du logement dans le budget et les préoccupations des électeurs, la plupart des candidats ont présenté des panoplies de mesures s’ajoutant à un catalogue de dispositifs déjà très fourni, que ce soit en fiscalité, aides sociales ou régulations diverses. Grosso modo : la gauche veut construire plus de logements sociaux et plafonner les loyers ; la droite rêve d’une France de propriétaires ; tous veulent lutter contre les passoires thermiques. 

L’opposition générale de la population à la taxation des donations et successions a suscité des surenchères . Si Jean-Luc Mélenchon a marqué les esprits en déclarant « au-dessus de 12 millions, je prends tout », la droite n’a pas réussi à imprimer de proposition forte. Pourtant, les économistes non idéologues s’accordent pour préférer la taxation de la détention patrimoniale à celle de sa transmission. 

En poussant cette logique à son terme, il serait pertinent de supprimer toute fiscalité sur les loyers ainsi que les transactions, donations et successions immobilières et renforcer résolument la taxation de la détention. Je propose que le propriétaire d’un appartement valant un demi-million d’euros acquitte chaque mois un Impôt sur le capital immobilier (ICI) de 500 euros, lui laissant toute liberté pour utiliser, faire fructifier et transmettre son bien comme bon lui semble, sans aucun prélèvement additionnel. 

En complément, l’amoncellement de dispositifs censés fournir un logement à tous (pour un budget de 40 milliards d’euros) pourrait être remplacé par un seul dispositif. Un Service unique du logement (SUL) serait dimensionné pour organiser un marché auto-régulé : les locataires SUL acquitteraient un loyer fixé à 25% de tous leurs revenus ; les propriétaires percevraient un montant négocié auprès du SUL, avec la garantie d’un paiement régulier. 

Revenir sur l’indépendance de la BCE

Don Diego de la Vega : La première question à se poser est : quel est le méta objectif, l’objectif macro global ? Pour moi, la réponse est très claire : plus de liberté ou en tout cas arrêter les restrictions aux libertés. Dans cet objectif, il faut pouvoir challenger les institutions et promouvoir un écosystème de la pensée critique. Or il se trouve qu’il y a un domaine où les gens ont beaucoup de pouvoir et où les responsabilités n’ont pas suivi : la politique monétaire. Il faudrait que les banquiers centraux soient challengés, audités. On ne peut pas attendre de gens qui ont, vont ou pourraient travailler à la BCE d’avoir un haut niveau d’exigence critique. Il faudrait une sorte de shadow BCE. Des experts, non payés par la BCE, qui sont autorisés à challenger la BCE. Il faut que les parlementaires notamment puissent demander des comptes. Ce serait passer d’une indépendance de la banque centrale à son autonomie. L’indépendance est une notion issue d’une vision allemande très datée des choses. C’est la vision Bundesbank des années 1970. Et c’est ça qui a primé lors de Maastricht. Et évidemment les membres de la BCE ne cherchent pas à réduire leur pouvoir.  Ils ont toujours plus de pouvoir et toujours plus d’indépendance. Ils peuvent ainsi faire de plus en plus pression sur les finances publiques et sur les États souverains. Donc il faut poser les questions qui dérangent, le faire médiatiquement pour que la BCE redevienne autonome mais pas indépendante. Et il faut que quand elle exagère, ce soit vu et su. Ce qui n’a pas été fait en 2011. Il faut instaurer un vrai principe de responsabilité. Trop souvent, les banquiers centraux ont un parachute. Par exemple la banque des règlements internationaux à Bâle ou des postes en conseils d’administration. Il faudrait donc que toute personne ayant eu un poste dans l’exécutif de la BCE ne puisse pas retravailler dans le secteur bancaire privé. Il faut que la BCE demeure une autorité mais cesse d’être un pouvoir. Le fait qu’en tant qu’économiste du secteur privé, je doive faire ce genre de critiques sous pseudo en dit long sur la situation. Avoir une BCE moins indépendante, ce pourrait être l’occasion de poser les jalons d’une discussion qui est celle de la remise des dettes qui sont actuellement dans le bilan de la banque centrale et qu’on pourrait faire disparaître. 

La retraite par capitalisation 

Don Diego de la Vega : La retraite par capitalisation est un tabou. Cela doit là encore s’inscrire dans un cadre plus large de libertés. Le système par répartition est aujourd’hui considéré comme le plus juste. Or les deux systèmes sont équivalents de ce point de vue. D’ailleurs, ce qui progresse en France c’est une forme de capitalisation cachée avec le recours aux assurances vies, puis aux PER, etc. Les Français ont compris l’intérêt de ce système et on assiste de plus en plus à une hybridation. Et on va continuer dans cette voie car on n’assume pas de faire les vraies réformes. Quand Emmanuel Macron a voulu tenter de sortir du paramétrique en proposant une retraite à point, sur le modèle suédois, ça a échoué tout de suite. Et désormais les propositions de réformes sont uniquement paramétriques. C’est du bidouillage. 

L’idée de la réforme par capitalisation, c’est de profiter de la croissante existante en Europe. Si on met l’épargne de manière à jouer sur le rendement des actifs mondiaux, ce qu’on sait faire puisque nous avons les compétences pour la gestion d’actifs sur le long terme, on peut faire travailler le système mondial à notre avantage. C’est le principal avantage. C’est aussi la possibilité d’avoir un système plus transparent et plus efficace. Proposer la pénibilité est par exemple une fausse bonne idée car cela ouvre la porte à une surenchère victimaire de ceux qui considèrent leurs métiers pénibles, bien au-delà de ceux qui le sont incontestablement. Par ailleurs, en France notre capital est très faible et notre épargne vraiment productive l’est aussi. Par conséquent, nos entreprises sont des proies pour ceux qui ont des régimes de retraites différents. Donc l’intérêt de la capitalisation peut être de remettre du capital français dans les entreprises, ce qui permet que notre croissance ne parte pas à l’étranger. Nous avons un capitalisme sans capital qui a fait de nous un département pour le private equity américain. 

La participation

Don Diego de la Vega : La participation ce n’est pas seulement que les cadres supérieurs aient plus d’actions dans leur entreprise, ça peut être bien plus que ça. De Gaulle et Chesterton avaient raison. Le problème du capitalisme aujourd’hui est qu’il n’y a pas assez de capitalistes. Si on disait à chacun qu’il détient une part du PIB, un morceau de son entreprise, je suis persuadé que les Français seraient plus productifs. Il s’agit de forcer les capitalistes à partager sans les spolier. Pour ça il faut trouver les incentives fiscales, monétaires pour que les entreprises soient détenues en partie par leurs salariés. Ou que chaque jeune de 25 ans reçoive un capital, une mise de départ correspondant à une fraction du PIB de la France, comme si les Français étaient sociétaires. Chacun peut en faire ce qu’il veut mais au moins on lui a donné l’opportunité de faire quelque chose. Dans un pays qui dépense 800 milliards par an en protection sociale, il y a moyen de mettre sur pied quelque chose d’ambitieux.

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