Pourquoi un conflit militaire aurait toutes les chances d'avoir lieu dans l'espace <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
Comme dans le scénario de Star Wars, un conflit militaire aurait toutes les chances d'avoir lieu dans l'espace.
Comme dans le scénario de Star Wars, un conflit militaire aurait toutes les chances d'avoir lieu dans l'espace.
©Reuters

Star Wars

Témoignant devant le Congrès américain début 2015, James Clapper, directeur de la National Intelligence fit part de l'inquiétude de plusieurs militaires et de membres du gouvernement concernant la menace grandissante envers les satellites américains.

Stefan  Barensky

Stefan Barensky

Journaliste spécialisé et consultant pour l'industrie spatiale depuis 1991, Stefan Barensky est le chef de la rubrique Espace de l'hebdomadaire Air&Cosmos.
Voir la bio »

Atlantico : James Clapper, directeur de la National Intelligence, évoque notamment le développement de programmes militaires - principalement chinois et russes-, qui auraient vocation à neutraliser ces satellites "pendant un conflit". Il mentionne également des essais de missiles anti-satellites débutés en 2007 par l'armée chinoise. Quel intérêt pourrait-il y avoir à s'attaquer à la flotte de satellites de son ennemi ?

Stefan Barensky : Au delà de l'infrastructure spatiale militaire proprement dite qui sert aux opérations et à la prise de décision des gouvernements et des forces armées, nos sociétés modernes font un usage permanent et intensif de moyens spatiaux, le plus souvent sans que l'homme de la rue s'en rende compte. Cela va des télécommunications au contrôle des récoltes au niveau mondial pour fixer le cours des céréales. Priver un État de tels moyens, c'est déstabiliser son économie. Suivant l'ampleur de l'attaque, cela peut se limiter à aveugler sa capacité de surveillance militaire, mais aussi à interrompre la quasi-totalité des échanges bancaires. Evidemment, toute attaque de moyens spatiaux est considérée en droit international comme un « casus belli » si elle peut être prouvée et son auteur identifié.

Quel est le degré de vulnérabilité des satellites -civiles comme militaires- que l'on trouve dans l'espace ? A quels types d'attaques sont-ils exposés ?

Les satellites sont conçus pour fonctionner dans des environnements hostiles (vide, écarts thermiques considérables, radiations), ils sont néanmoins fragiles. Différents types d'attaques sont envisageables, dont certaines peuvent être menées directement du sol : piratage des télécommandes, brouillage des signaux, aveuglement des capteurs (par laser), destruction de l'avionique (par faisceaux de particules) et interception directe (par abordage ou par projectiles). Toutes ces technologies ont été testées par les Etats-Unis et l'Union soviétique durant la « Guerre froide ». Les satellites gouvernementaux et certains satellites civils sont protégés contre les attaques électroniques ou électromagnétiques, mais depuis quelques années, les États-Unis, la Russie et la Chine semblent expérimenter des petits satellites manœuvrables capables d'aller discrètement « inspecter » des satellites adverses et qui devraient avoir la possibilité de les mettre hors service tout aussi discrètement... À l'altitude des satellites de navigation (22 000 km) ou sur orbite géostationnaire (36 000 km) ils sont virtuellement indétectables du sol.

Outre le fait de détruire une flotte de satellites, certains programmes en lien avec l'espace visent-ils à intervenir sur terre par exemple ?

Le concept de satellites « offensifs » est interdit par les traités. Tout État qui satelliserait des charges nucléaires, par exemple, serait mis au ban des nations. Le concept a néanmoins été exploré - et abandonné - par les Soviétiques dans les années 60. Des « bombes orbitales » factices ont été testées mais sans boucler d'orbite complète ce qui permettait de détourner la notion juridique de satellisation.

Jugeant la menace crédible, le gouvernement Obama a concédé à James Clapper un budget supplémentaire de 5 milliards de dollars pour développer à la fois des moyens défensifs, mais aussi offensifs. L'armée française a-t-elle pris conscience de ces nouvelles possibilités ? 

Avant de pouvoir intervenir, il faut comprendre ce qui se passe, c'est pourquoi ont été mis en place en France et en Europe des programmes de surveillance de l'espace (SSA : Space Situational Awareness). En France, il existe notamment le radar Graves (Grand réseau adapté à la veille spatiale) mis en place sur le plateau d'Albion par l'Onera et la DGA qui suit tous les objets survolant l'Europe à moins de 1 000 km d'altitude. Il permet ensuite de guider des systèmes d'observation optiques ou radar plus spécifiques en France et en Allemagne. Aucun système antisatellites n'est officiellement à l'étude en Europe mais des programmes d'inspection et de désorbitation d'épaves et de débris existent au Cnes et à l'ESA. Nos satellites gouvernementaux sont également « durcis » contre les attaques électromagnétiques et l'industrie européenne ont développé des technologies pour permettre aux satellites d'isoler et contrecarrer les sources de brouillage.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !