Pourquoi on dort toujours moins bien la première fois qu'on passe la nuit dans un lit où on n'a jamais dormi<!-- --> | Atlantico.fr
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Les insomniaques, à force de mal dormir chez eux, finissent par associer leur chambre et leur lit à l'impossibilité de trouver le sommeil.
Les insomniaques, à force de mal dormir chez eux, finissent par associer leur chambre et leur lit à l'impossibilité de trouver le sommeil.
©Wkipedia

Tou(te)s des princesses au petit pois

Une nouvelle étude publiée sur Current Biology suggère que la raison pour laquelle nous sommes incapables de dormir dans de nouveaux endroits est due à un instinct de survie résiduelle. Car même endormi, le cerveau est toujours capable de percevoir les signaux de l'environnement et de les analyser.

Joëlle Adrien

Joëlle Adrien

Joëlle Adrien est neurobiologiste et directrice de recherche à l'INSERM et à la SFRMS (Société française de recherche et médecine du sommeil). Elle est aussi présidente de l'Institut National du Sommeil et de la vigilance, etauteur de Mieux dormir et vaincre l'insomnie, paru chez Larousse en juin 2014.

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Atlantico : Selon l'étude menée par des spécialistes du sommeil de l'université Brown (voir ici), l'un des deux hémisphères – l'hémisphère gauche – du cerveau resterait actif lorsque nous dormons dans un nouvel endroit pour la première fois. Pouvez-vous expliquer ce phénomène ?

Joëlle Adrien : Pendant le sommeil, les systèmes d'éveil continuent de fonctionner, au ralenti. Endormi, le cerveau est toujours capable de percevoir les signaux de l'environnement (bruit, lumière... etc) et de les analyser. Ce rôle de "sentinelle" est essentiel pour la survie de l'individu qui reste ainsi toujours plus ou moins connecté à son environnement afin de pouvoir réagir en cas ce nécessité. Néanmoins, tandis que le cerveau analyse l'environnement, le sommeil est moins profond, voire fragmenté par des "micro-éveils" ou des réveils.

Dans un environnement familier, le cerveau qui dort n'a pas besoin d'analyser les signaux de cet environnement puisqu'ils sont connus. Mais si l'environnement est nouveau, le cerveau est en quelque sorte "aux aguets" et analyse toutes les informations nouvelles : il fait donc travailler le système d'éveil, allégeant ainsi le sommeil. Si "l'effet première nuit" est connu depuis longtemps par les chercheurs travaillant sur le sommeil, la nouveauté dans l'expérience citée ici est l'identification de la structure dans laquelle s'effectue ce mécanisme "sentinelle".

Le fait de mal dormir la première fois dans un nouvel endroit peut-il toucher différemment chaque personne ?

L'anxiété est un stimulateur du système d'éveil. L'effet première nuit, bien qu'il concerne chaque personne, sera plus ou moins prononcé selon l'anxiété que l'on éprouve par rapport à ce nouvel environnement. Ainsi, il y a des personnes qui, justement, dorment mieux dans un nouvel environnement que dans leur chambre habituelle : il s'agit notamment des insomniaques qui, à force de mal dormir chez eux, finissent par associer leur chambre et leur lit à l'impossibilité de trouver le sommeil. Résultat, ils dorment souvent mieux dans leur salon ou à l'hôtel et parfois même... en camping, c'est-à-dire dans des conditions bien moins confortables que chez eux !

Quels sont les symptômes les plus courants de cette insomnie qui a lieu lorsque nous dormons dans un nouvel endroit pour la première fois ?

Les symptômes les plus courants sont les difficultés d'endormissement, les réveils fréquents au cours de la nuit, un sommeil plus léger et moins reposant.

Que faire pour arriver à bien dormir la première fois dans un nouvel endroit ?

Réduire son anxiété par rapport à la nouvelle situation, analyser d'avance les bruits ou autres stimuli susceptibles de se produire pendant la nuit, limiter la perception de cet environnement (bouchons d'oreille, masque sur les yeux -si nécessaire). Eventuellement, emmener avec soi son oreiller ou un équivalent du "doudou" des enfants.

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