Pourquoi ne pas demander pardon est anti-social mais bon pour l'estime de soi<!-- --> | Atlantico.fr
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Quelles que soient les raisons, pour beaucoup, "pardon" est un mot qui écorche la bouche.
Quelles que soient les raisons, pour beaucoup, "pardon" est un mot qui écorche la bouche.
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Pardon ! Voilà, t'es content ?

Les chercheurs ont découvert que les personnes qui refusent de présenter des excuses éprouvent un sentiment de puissance plus important que les autres.

"Mon mari ne s’excuse jamais." "Ma meilleure amie ne reconnaît jamais ses erreurs." Un air de déjà vu ? Quelles que soient les raisons, pour beaucoup, "pardon" est un mot qui écorche la bouche. Et les scientifiques savent désormais pourquoi. Certes, présenter des excuses permet de diminuer le sentiment de culpabilité et de redorer son blason, mais il semblerait que refuser de s'excuser présente aussi de nombreux bienfaits psychologiques. Selon une récente étude australienne relayée par le Daily Mail, ne jamais dire "pardon" serait bon pour l'estime de soi, ce qui expliquerait pourquoi ce mot est si difficile à prononcer.

Le mot "excuse" (du grec apologia, qui signifie défense ou explication) et la question de savoir quand et pourquoi on doit s'excuser ont toujours nourri des discussions passionnées. L'Apologie de Socrate, où Platon met en scène Socrate se défendant lui-même lors du procès qui déboucha sur sa condamnation à mort, utilise d'ailleurs le terme dans sa terminologie classique. Mais dans sa phraséologie contemporaine, le mot "excuse" a fini par désigner l'aveu d'une faute, sans qu'il soit question de se défendre comme c'est le cas au sens étymologique.

En 1976, Elton John a fait un véritable carton avec "Sorry Seems To Be The Hardest Word", une chanson sur une histoire d'amour qui finit mal, et le diplomate américain Henry Kissinger a déclaré un jour : "Vous êtes ce que vous êtes. Pas d'excuses, pas de regrets". Plus récemment, le cycliste Lance Armstrong a avoué s'être dopé et a présenté des excuses publiques... après avoir nié en bloc pendant des années.

Le Dr Tyler Okimoto, de l'université du Queensland, a voulu savoir pourquoi nous détestons autant nous excuser, alors qu'il s'agit pourtant d'un moyen simple et efficace pour échapper à une punition ou la réduire. Ses découvertes, publiées dans le European Journal of Social Psychology, ont été permises grâce à deux expériences distinctes.

La première expérience a été menée auprès de 228 adultes âgés de 18 à 77 ans. Les chercheurs ont demandé à un premier groupe de penser à un moment où ils avaient contrarié quelqu'un et où ils s'étaient excusés auprès de cette personne. Un deuxième groupe a dû penser à un moment où ils avaient contrarié quelqu'un, mais où ils avaient refusé de s'excuser auprès de cette personne. Enfin, un troisième groupe a dû penser à un moment où ils avaient contrarié quelqu'un. Dans ce dernier cas, les personnes n'avaient pas présenté d'excuses et n'avaient pas non plus été obligées de le faire.

Résultat : contrairement aux personnes qui avaient présenté des excuses, les personnes qui avaient refusé de le faire expliquent avoir ressenti à ce moment là un sentiment important de puissance et d'estime de soi. Et par rapport à ceux qui n'avaient rien fait, ceux qui s'étaient excusés avaient un tout petit peu stimulé leur estime de soi.

Une seconde expérience a été menée auprès de 219 personnes âgées de 18 à 71 ans. Un tiers a dû écrire un mail à quelqu'un pour s'excuser de quelque chose qu'ils avaient fait. Un autre tiers a dû écrire un mail où ils refusaient de s'excuser auprès de quelqu'un pour une erreur commise. Le dernier tiers a dû penser à quelque chose de mal qu'ils avaient fait, mais sans avoir à écrire quoi que ce soit.

Résultat : les personnes qui avaient refusé de s'excuser ont ressenti une estime de soi nettement supérieure par rapport à ceux qui n'avaient pas écrit de mail. Et ceux qui avaient présenté des excuses n'ont pas eu de sentiment plus important d'estime de soi. Le Dr Okimoto estime donc que les bénéfices pour l'estime de soi lorsque l'on refuse de s'excuser sont nettement plus importants que lorsqu'on présente des excuses. "Les résultats de ces deux études prouvent qu'il existe des conséquences psychologiques bénéfiques pour les personnes qui refusent de s'excuser auprès des victimes de leurs actions nuisibles", résume-t-il.

Une explication scientifique qui permettrait de comprendre le comportement apparemment irrationnel, anti-social ou sans pitié de certains malfaiteurs. Reste à savoir si les bénéfices tirés du fait de refuser de s'excuser sont durables à long terme. Dans le doute, sachez qu'un tout petit "je suis désolé" est toujours apprécié par la personne à qui vous l'adressez...

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