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Pourquoi les petits-enfants de nos enfants n’iront plus à l’école
©Pixabay

Bonnes feuilles

Depuis la parution en 2011 de son premier essai La mort de la mort, comment la technomédecine va bouleverser l’humanité, Laurent Alexandre s’est révélé comme l’un des plus visionnaires analystes des révolutions technologiques. Il s’attaque aujourd’hui à l’Intelligence artificielle (IA) et aux vertigineuses mutations qu’elle va déclencher dans nos modes de vie, et en particulier dans notre conception de l’éducation. Extrait de "La guerre des intelligences" de Laurent Alexandre aux Editions JC Lattès (1/2).

Laurent Alexandre

Laurent Alexandre

Chirurgien de formation, également diplômé de Science Po, d'Hec et de l'Ena, Laurent Alexandre a fondé dans les années 1990 le site d’information Doctissimo. Il le revend en 2008 et développe DNA Vision, entreprise spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La mort de la mort paru en 2011, Laurent Alexandre est un expert des bouleversements que va connaître l'humanité grâce aux progrès de la biotechnologie. 

Vous pouvez suivre Laurent Alexandre sur son compe Twitter : @dr_l_alexandre

 
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Depuis l’envol d’lnternet, la plupart des secteurs économiques ont connu une profonde remise en cause. Seule l’institution chargée de la lourde tâche d’accomplir le transfert de l’intelligence et de l’instruction a été à peine touchée. L’école fait encore aujourd’hui figure d’exception, ses méthodes, ses structures et son organisation n’ayant, pour l’essentiel, pas changé depuis plus d’un siècle. On pourrait presque dire depuis l’Antiquité. Dans un monde où tout change, la question de la transmission est pourtant plus brûlante que jamais.

Hannah Arendt expliquait, clans "La Crise de l’education", que chaque génération d’enfants était comme une invasion barbare que les adultes avaient pour tâche de civiliser. Il revenait aux détenteurs de l’ordre, aux connaisseurs des lois clu monde, d’initier les nouveaux arrivants. Aujourd’hui c’est le monde lui-même qui se décale sans cesse, laissant rapidement les adultes sur le côté, les plus jeunes accompagnant le décalage avec délices. Dans le maelström numérique clu XXIe siécle, ce ne sont pas les barbares qui mettent Rome à sac, mais les vieux Romains qui au matin ne reconnaissent plus leur ville. Nous devenons nous-mêmes barbares à notre propre monde. Nos coutumes et notre savoir deviennent obsolètes, dépassés par une civilisation qui va plus vite que nous. L’Histoire ne déferle plus sur nous pour nous anéantir avant d'édifier quelque chose de nouveau quelques siecles plus tard sur les décombres des guerres et des invasions, elle nous laisse sur place et finit par nous faire comprendre que nous sommes devenus gênants, persona non grata dans un monde qui n’attend plus. Le théatre de la société change entierement de décor, laissant les acteurs précédents aussi décalés sur une scène nouvelle que des courtisans du Grand Siècle téléportés au milieu de Paris Plages.

La révolution de la transmission de l’intelligence

La transmission du savoir ne peut pas signifier la même chose au XXIe siècle qu’auparavant. A la limite, son problème s’est inversé : c’est l’adulte qu’il faut a présent initier aux nouvelles technologies et à qui il faut inculquer les nouvelles clés de lecture du monde. Cela ne veut pas dire que les jeunes n’ont plus besoin d’enseignement. Le contenu des savoirs nécessaires pour comprendre notre monde doit étre repensé : les technologies NBIC deviennent des savoirs incontournables de l’honnête homme du XXIe siècle. Surtout, l’école elle-même, en tant que technologie de transmission de l’intelligence, est d’ores et déja une technologie dépassée qui vit ses derniers instants.

Elle va être radicalement remise en cause dans les décennies qui viennent. Au cours des prochaines années, l’école connaîtra certes une modernisation accélérée sous l’effet des technologies numériques, mais il s’agira en réalité des derniers feux d’une institution vouée à prendre place dans l’Histoire au rayon des curiosités du passé, fondées sur une science approximative, au méme titre que les sanatoriums.

A partir de 2035, l'éducation deviendra une "branche de la médecine", utilisant les immenses ressources des neurosciences pour personnaliser d’abord la transmission et optimiser ensuite bioélectroniquement l'intelligence.

Vers 2080, l'avènement d’un monde dominé par l’IA que nous aurons créée, mais qui pourrait nous échapper, tendra à fusionner les êtres vivants et l'intelligence. L’enjeu pour l'humanité deviendra alors de défendre la survie du corps physique, faisant le choix délibéré de conserver une attache matérielle pour éviter de se dissoudre dans le monde virtuel. Cette perspective finale semble lointaine; pourtant les premiers bouleversements de l'éducation ont déjfa com- mencé. Ce livre explique pourquoi et comment les petits-enfants de nos enfants n’iront plus à l’école. 

Extrait de "La guerre des intelligences" de Laurent Alexandre aux Editions JC Lattès

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