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Pourquoi les lourds inconvénients d’un Brexit sans accord pourraient bien être dépassés par les avantages d’une sortie de l’UE pour le Royaume-Uni
©Tolga AKMEN / AFP

Le bon côté des choses

À une vingtaine de jours de la fin de la période de transition, le Royaume-Uni et l'Union européenne ne parviennent toujours pas à trouver un accord régissant leurs futures relations économiques. Mais pour les Britanniques, la situation n'est pas complètement négative.

Marc Roche

Marc Roche

Marc Roche a été journaliste au Soir, au Quotidien de Paris et au Point, avant de rejoindre l'équipe du Monde. Il publie également dans des journaux britanniques (The Independant, The Guardian) et participe à l'émission Dateline London de la BBC News. Ses écrits concernent principalement les institutions financières (Goldman Sachs) et la monarchie britannique.

Il est notamment l'auteur de Elizabeth II : Une vie, un règne et Elizabeth II : La dernière reine aux éditions La table ronde.

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Atlantico : Si le Brexit sans accord a lieu, quelle sera la nature des relations économiques et diplomatiques entre le Royaume-Uni et l'Union européenne au 1er janvier ?

Marc Roche : Elle va devoir être totalement redéfinie. Politiquement, rien ne va changer par rapport à la sortie du 31 janvier 2020 où le Royaume-Uni a repris la main sur son destin de Global Britain, dans lequel l’Union-Européenne doit jouer un rôle important.

Ce qui va changer, c’est le lien économique entre le Royaume-Uni et l'UE puisqu'il va passer sous le modèle de l'Australie, avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les exportations britanniques vont être frappées de taxes et de nouvelles normes vont êtres imposées par l’Union européenne, qui est le premier partenaire commercial du Royaume-Uni. La chute de la livre sterling, concomitant à une chute sans accord, va amortir le choc donc les exportations du pays resteront compétitives dans un premier temps.

Boris Johnson n’est pas intéressé par l’économie, il n’est pas proche de la City, il a du mépris pour les financiers. La finance est d’ailleurs en dehors des pourparlers entre l’UE et le Royaume-Uni. Il est diplômé en lettres classiques contrairement à la plupart des politiciens conservateurs qui sont passés par Oxford et qui ont étudié l’économie. Vu le coût de la pandémie, le coût du Brexit va passer inaperçu, selon lui.

Avec une sortie sans accord, comment les économies implantées vont-elles s’en sortir ?

L’économie britannique à terme va prospérer puisqu’elle pourra devenir une économie totalement libérale attirant les investissements étrangers. C’est le cas dans la haute technologie avec des investissements chinois ou américains attirés par les faibles taxes. La City pourra pratiquer l’optimisation fiscale et devenir un Singapour sur Tamise, déréglementée, tout en respectant les règles de l’OCDE. Le quartier est un paradis fiscal et elle va le devenir encore plus grâce à son réseau extra territorial.

Les investissements dans l’industrie vont se recentrer sur le marché britannique. Les automobiles fabriquées au Royaume-Uni étaient exportées et maintenant elles vont surtout être produites pour le marché intérieur, notamment avec Nissan ou Honda. L’économie va se rétrécir à court terme mais à long terme, espère Johnson, une économie déréglementée, libéralisée, décidée en toute liberté, pourrait prospérer.

Quel va être l’impact psychologique d’une telle rupture ?

Après quatre ans et demi d’un tel psychodrame, la population est immunisée contre le Brexit. Plus personne n’en parle, c’est accepté. La population aurait préféré un accord pour ne pas aggraver la crise économique due à la pandémie mais psychologiquement les Britanniques veulent tourner la page une bonne fois pour toute. Le referendum a été clair et cela a été confirmé avec le triomphe électoral de Boris Johnson le 12 décembre sur le thème Let’s get Brexit done.

Comment cela va-t-il affecter la vie des citoyens ?

L’impact va être dur. Ceux qui vont être touchés sont les classes populaires et la petite classe moyennecar les prix au supermarché vont augmenter de 5 %. Cela ne concerne nullement pas les riches et la bourgeoisie.

La crise sanitaire complique-t-elle l’équation ?

Elle ne la complique pas dans la mesure où les Britanniques ont commencé à vacciner la population. On peut s’attendre au printemps que la crise sanitaire soit terminée. Il n’y aura donc pas d’impact du Brexit dessus.

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