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Pourquoi le retour du krach conduit à tourner le dos aux réformes avec un slogan "tous aux abris !"
©Reuters

Editorial

Cette fois, le krach larvé que l’on pressentait depuis janvier est bien de retour. En quelques jours, la plupart des places financières ont perdu entre vingt et trente pour cent de leur valeur.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Même si la crise financière qui explique cette déroute n’est pas la répétition de celle de 2008, elle traduit un point commun : le sentiment qu’on n’a pas réussi à extirper le virus qui était à l’origine du mal et que les autorités monétaires ont surtout tenté au fil des ans de colmater par des mesures de circonstance l’incendie qui couvait et qui éclate à nouveau grand jour sans amorcer les réformes structurelles qui s’imposaient.

 Devant la carence des gouvernements, les banques centrales sont restées seules à la manœuvre. Elles ont inondé de liquidités les marchés, conduisant à un effondrement des taux d’intérêt, qui sont devenus négatifs dans la plupart des grands pays, malmenant de plus en plus les banques dont la source principale de profit s’évaporait. L’argent  ainsi distribué à profusion ne s’orientait pas vers l’investissement, mais vers la constitution de bulles financières qui éclatent aujourd'hui devant les dangers qui sont  apparus. Le coup de semonce a été donné par la Chine, qui a pris une place considérable sur la scène  économique mondiale, mais dont on se demande si elle va réussir à organiser sa transition sans passer par une phase de récession qui affecterait le reste de la planète. Déjà les experts annoncent un ralentissement de l’expansion mondiale et s’interrogent sur les Etats-Unis, où la menace d’une fin de cycle se précise et qui pourraient à leur tour être conduits à une quasi stagnation. Les propos ambigus, et trop prudents de la présidente de la Fed, Janet Yellen n’ont pas rassuré les marchés saisis par le doute.

Sur le plan international, les pays du sud de l’Europe, qui avaient pourtant tenté des efforts de redressement, sont menacés à nouveau par un rebond de la crise : Espagne, Portugal et Grèce sont confrontés à une hausse du loyer de l’argent et à une menace de défaut de paiement généralisée.

  Avec la baisse dramatique des cours du pétrole et des matières premières, c’est toute une partie du commerce  mondial qui commence à souffrir sérieusement : les pays émergents sont étranglés par la chute du baril, bien au-dessous de 27 dollars (et qui pourrait tomber jusqu'à vingt  dollars) et ralentissent leurs achats aux pays industrialisés. Un vent de panique s’étend alors aux entreprises qui avaient pourtant enregistré de bons résultats l’an dernier, mais qui se réfugient désormais dans la recherche de la sécurité, en invoquant le leitmotiv bien connu du « tous aux abris », ou encore le chacun pour soi. Une attitude de repli, à laquelle la France ne va pas échapper et qui n’est pas de nature à résoudre le problème de l’emploi.

  Dans ce contexte, le remaniement du gouvernement opéré par François Hollande a quelque chose de dérisoire. Avec l’arrivée de l’ancien premier ministre Jean Marc Ayrault au quai d’Orsay à la place de Laurent Fabius et de trois écologistes qui étaient dans l’attente de leur nomination depuis trois ans et qui ont été désavoués par leur parti, on a plutôt l’impression d’un retour en arrière, avec un sentiment de gestion du pays non pas  par un chef d’Etat, mais un premier secrétaire du parti socialiste. Là aussi les changements dans l’équipe ministérielle traduisent surtout le souci de maintenir autant  que possible le statu quo, toute l’ambition de François Hollande étant axée sur l’espoir de sa réélection en 2017,  alors que la tempête actuelle sur   les marchés qui risque de prendre de l’ampleur, justifierait un choc, des initiatives courageuses et pas seulement le souci affiché par François Hollande « de protéger les Français ». Au moment où leur angoisse se développe, ce n’est pas de tranquillisants dont ils ont besoin, mais d’un chef qui affiche  un cap, une  direction, cruellement  absents aujourd'hui.

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