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Pourquoi le mythe de la cagnotte met à mal la volonté du pouvoir de donner la priorité à la réduction de la dépense publique
©DAMIEN MEYER / AFP

Edito

En politique, certains mythes ont la vie dure, surtout lorsqu’ils satisfont le goût prononcé des Français pour les contes de fée. La cagnotte figure parmi cet arsenal que l’on aime invoquer comme s’il s’agissait d’une potion magique susceptible de guérir certains maux.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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En politique, certains mythes ont la vie dure, surtout lorsqu’ils satisfont le goût prononcé des Français pour les contes de fée. La cagnotte figure parmi cet arsenal que l’on aime invoquer comme s’il s’agissait d’une potion magique susceptible de guérir certains maux. Car l’idée de cagnotte évoque celle d’une tirelire secrète, une sorte de trésor qui arriverait à point nommé parce qu’il était inattendu et dans lequel on pourrait tirer pour résoudre certaines difficultés. Le cas récent le plus célèbre concerne le gouvernement de Lionel Jospin, qui avait enregistré des excédents de recettes grâce à une bonne conjoncture, qu’il avait utilisés sous la pression de l’opinion en baissant les impôts, ce qui ne l’avait pas empêché d’être finalement battu aux élections.

Le phénomène et en train de se répéter, alors qu’il repose sur une idée fausse, mais qui est profondément ancrée dans l’opinion. Celle qu’en dépensant moins que prévu, on se constituerait une sorte de bonus que l’on pourrait consacrer à d’autres usages. Le bon sens voudrait pourtant que l’on observe le vieil adage, en vertu duquel la première qualité est d’équilibrer les comptes publics.  C’est la méthode appliquée par l’Allemagne. Alors que la règle bruxelloise de limiter le déficit à trois pour cent du produit intérieur brut a engendré un effet pervers, celui de faire croire que l’on pouvait dépenser jusqu’à ce niveau, alors que la France a ramené l’an dernier à 2,7% ce montant. Mais ce sont encore 2,7% de trop, puisqu’ils signifient que la dette du pays continue de de progresser et qu’il faudra continuer à emprunter davantage pour rembourser ce passif. Autre donnée qui contribue à masquer l’effet pervers du système : les taux d’intérêt particulièrement bas accréditent le sentiment que la charge est supportable, mais qu’en sera-t-il lorsque le loyer de l’argent sera franchement reparti à la hausse sous la houlette des Etats-Unis, comme come les premières prémisses en sont en train de se dessiner ?

Dans ce contexte, on commence à se livrer à une bataille de chiffres, dans laquelle on oppose des données contradictoires. On évoque les cinq milliards dont bénéficieront les détenteurs de capitaux grâce à la suppression de l’ISF, en affirmant que les 4,3 milliards de dépenses en moins obtenues grâce à la bonne conjoncture économique l’an dernier pourraient être utilisés à améliorer la situation des secteurs en difficulté comme les hôpitaux ou les Ehpads, sans parler des zones rurales. Certaines mesures défavorables aux retraités ou aux familles prises au cours des dernières années pourraient être également revues et corrigées. Chaque corporation prêche ainsi pour son sein en demandant à l’Etat de relâcher les cordons de la Bourse. Pour l’instant, le ministre de l’économie a récusé tout changement, car il s’agirait d’une série de coups d’épée dans l’eau à courte vue. Mais l’on sent pourtant déjà que le gouvernement est partagé et que certains ministres seraient prêts à plus de mansuétude. Déjà certains parlent de rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires des salariés qui avait été supprimées, ou encore du rétablissement de mesures en faveur des retraités, comme si l’on pouvait remettre à plus tard l’objectif essentiel de réduction de la dépense publique, réclamé au demeurant par Bruxelles et qui reste la condition du retour de la crédibilité de la France sur la scène internationale. La montée des revendications catégorielles qui se multiplient, la baisse de popularité du chef de l’Etat dans les sondages renforcent la pression pour inciter le pouvoir à lâcher un peu de lest pour éviter la propagation des incendies. Et il aura toutes les peines du monde à ne pas céder aux injonctions qui lui sont faites, tant la force des vieux démons est puissante, alors qu’il existe encore trop de flou sur les objectifs et les méthodes de la réorganisation du secteur public.

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