Quand ça veut pas
Pourquoi l’industrie française n’est toujours pas sortie de la crise
Il y a dix ans l’économie mondiale sombrait dans l’une des crises les plus graves connues au cours de la période contemporaine. Malgré une reprise progressive de la croissance, les séquelles sont loin d’avoir entièrement disparu.
L’Insee vient de publier des statistiques qui montrent les ravages que la France a subis et qui ont détruit une partie de son potentiel productif. L’industrie a été particulièrement touchée avec une perte de cinq cent mille emplois et des performances qui restent inférieures de dix pour cent à celles de 2007, pour retomber au niveau de 1993. Les délocalisations attestent des effets ravageurs de cette évolution, qui a marqué aussi nos partenaires. Certains pays ont même été frappés davantage que nous, comme l’Espagne ou l’Italie, qui ont perdu jusqu’à 20 à 25% de leur potentiel, mais se sont redressés plus vite, alors que l’Allemagne, comme d’habitude, a été moins affectée avec une production qui a même augmenté de 8% par rapport au début de la période.
La raison essentielle de ce déclin français réside dans le coût du travail, qui reste plus élevé et affecte aussi la qualité de la production. Avec une conséquence inquiétante. Au lieu de tenter de monter en gamme, les entreprises visent à privilégier les équipements en faveur des productions de bas et moyenne gamme, plus vulnérables à la conjoncture et qui ont tendance à réduire les emplois. On mesurera aussi un jour les effets pervers entraînés par l’impôt de solidarité sur la fortune, qui a conduit au départ de dizaines de milliers de chefs d’entreprise et contribué à fragiliser le tissu industriel du pays.
Certes, depuis 2012, certaines mesures comme le crédit d’impôt pour la compétitivité et la recherche ainsi que la diminution de certaines charges sociales ont eu un effet positif, d’autant que notre principal partenaire, l’Allemagne, prenait des mesures en faveur de l’amélioration des salaires outre-Rhin. Depuis lors, le coût du travail progresse moins vite qu’en Allemagne,, de l’ordre de six pour cent contre 12%. Mais cela ne suffit pas à inverser fondamentalement la tendance, car la France se heurte à un autre écueil, celui de l’insuffisance du nombre d’entreprises exportatrices. Celles-ci représentent 125 000 sociétés, alors que l’Allemagne et l’Italie en dénombrent chacune deux cent mille, avec une carence au niveau des firmes de taille moyenne , ce qui réduit la force de frappe à l’export. Et la conséquence se fait sentir sur la balance commerciale. Car l’économie française n’est pas en mesure de faire face à une augmentation du pouvoir d’achat. Toute amélioration du revenu de la population se traduit par une progression des importations, comme en témoigne le bond en avant de 8 milliards du déficit de nos échanges le mois dernier qui a creusé à 34 milliards l’impasse totale du commerce extérieur depuis le début de l’année. Car la Chine et les pays de l’est européen ne cessent de grignoter en Allemagne des parts de marché qui étaient détenues par la France. C’est pourquoi, il est aussi indispensable qu’urgent d’améliorer la productivité du travail, faute de quoi l’emploi ne pourra véritablement s’améliorer car la croissance continuera d’être réduite à la portion congrue, au bénéfice de nos principaux partenaires.
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