Pourquoi l’industrie française n’est toujours pas sortie de la crise<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pourquoi l’industrie française n’est toujours pas sortie de la crise
©Reuters

Quand ça veut pas

Il y a dix ans l’économie mondiale sombrait dans l’une des crises les plus graves connues au cours de la période contemporaine. Malgré une reprise progressive de la croissance, les séquelles sont loin d’avoir entièrement disparu.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

L’Insee vient de publier des statistiques qui montrent les ravages que la France a subis et qui ont détruit une partie de son potentiel  productif. L’industrie a été particulièrement touchée avec une perte de cinq cent mille emplois et des performances qui  restent inférieures de dix pour cent à celles de 2007, pour retomber au niveau de 1993. Les délocalisations attestent des effets ravageurs de cette évolution, qui a marqué aussi nos partenaires. Certains pays ont même été frappés davantage que nous, comme l’Espagne ou l’Italie, qui ont perdu jusqu’à 20 à 25% de leur potentiel, mais  se sont redressés plus vite, alors que l’Allemagne, comme d’habitude, a été moins affectée avec une production qui a même  augmenté de 8% par rapport au début de la période.

La raison essentielle de ce déclin français réside dans le coût du travail, qui reste plus élevé et affecte aussi la qualité de la production. Avec une conséquence inquiétante. Au lieu de tenter de monter en gamme, les entreprises visent à privilégier les équipements en faveur des productions de bas et moyenne gamme, plus vulnérables à la conjoncture et qui ont tendance à réduire  les emplois. On mesurera aussi un jour les  effets pervers entraînés par l’impôt de solidarité sur la fortune,  qui  a conduit au départ de dizaines de milliers de chefs d’entreprise et contribué à fragiliser le tissu industriel du pays.

Certes, depuis 2012, certaines mesures comme le crédit d’impôt pour la compétitivité et la recherche ainsi que la diminution de certaines charges sociales ont eu un effet positif,   d’autant  que notre principal partenaire, l’Allemagne, prenait  des mesures en faveur de l’amélioration  des  salaires outre-Rhin. Depuis lors, le  coût du travail  progresse moins  vite qu’en Allemagne,, de l’ordre de six pour cent contre 12%. Mais cela ne  suffit pas  à inverser fondamentalement la  tendance, car la France se heurte à un autre écueil, celui de l’insuffisance du nombre d’entreprises exportatrices. Celles-ci représentent  125 000 sociétés, alors que l’Allemagne  et  l’Italie en dénombrent  chacune deux cent mille, avec une carence au niveau des firmes  de taille moyenne , ce qui réduit  la  force de frappe à l’export.  Et la conséquence se fait sentir sur la balance  commerciale. Car l’économie française n’est pas en mesure de faire face à une augmentation du pouvoir d’achat. Toute amélioration du revenu  de la population se traduit par une progression des importations, comme en témoigne le bond en avant de 8 milliards  du déficit de nos échanges le mois dernier qui a creusé à 34 milliards l’impasse  totale du commerce extérieur depuis le  début de l’année. Car la Chine et les pays de l’est européen ne cessent de grignoter en Allemagne  des parts de marché  qui étaient  détenues par  la France. C’est pourquoi, il est aussi indispensable qu’urgent d’améliorer la productivité du travail,  faute de quoi l’emploi  ne pourra véritablement  s’améliorer car la croissance  continuera d’être réduite à la portion  congrue, au bénéfice de nos principaux partenaires.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !