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Pourquoi l'Europe ne devrait pas sous-estimer les effets collatéraux d'une politique de taux zéro
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Revue d'analyses financières

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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L’objectif de la BCE est de déjouer la menace de déflation en relançant le crédit et l’activité. Pourtant,  la nouvelle politique d’assouplissement quantitatif (QE) de Mario Draghi président de la BCE, n’aura pas tous les effets espérés par les investisseurs.

Les 60md€ d’achats mensuels par la BCE de titres publics et privés jusqu’en septembre 2016 ne seront pas faciles à mettre en œuvre. Les règles de Bâle 3 et de Solvency 2 obligent en effet les banques européennes à détenir une part importante de titres d’Etat dans leur bilan. Elles n’auront pas vraiment envie de se séparer de leur papier de qualité surtout les obligations émises par l’Allemagne.

Le mécanisme d’incitation des banques européennes à prêter n’est pas le même qu’aux Etats Unis, car le canal de transmission au secteur privé de la politique de QE est limité en Europe. Les entreprises ont beaucoup moins recours aux marchés financiers qu’aux Etats Unis. Elles dépendent à environ 65% des crédits bancaires.

Les effets collatéraux d’une politique de taux d’intérêts à taux zéro devront être pris en compte. Des entreprises sont en train d’ « acheter de la croissance » en accumulant des paquets de dettes, puisque les taux sont très bas. C’est ce que fait Patrick Drahi à la tête de Numericable SFR et de sa maison mère Altice qui a accumulé 11,5 milliard de dettes.

Les salariés enfin, devront travailler plus longtemps à cause des taux zéro qui vont empêcher les caisses de retraites auxquelles ils cotisent de leur servir la retraite qu’ils attendent.

Même si la BCE est dans le  scénario rose puisqu’elle a relevé ses prévisions de croissance en raison de la baisse du pétrole, de l’Euro et des taux d’intérêts, cela ne changera pas grand chose à l’efficacité du QE. 

La pérennité de l’Euro est un sujet que l’on peut désormais aborder publiquement

Wolfgang Streeck, professeur à l’Université de Cologne l’a fait cette semaine dans Le Monde.  Il faut permettre aux pays du sud, dit-il une sortie en douceur peut être au sein d'un Euro du Sud qui n'exigera pas des réformes détruisant leurs sociétés.

Rappelons pour tous ceux qui sont emportés par un grand optimisme, le grand moment de finance comportementale de juillet 2007, juste avant que n’éclate la crise des subprimes aux Etats Unis, quand  Chuck Prince  le patron de Citigroup avait admis que la situation des marchés était très dangereuse,  mais « Tant qu’il y avait de la musique il fallait continuer à danser ». Un an après il était remercié car sa banque était en faillite. Tous ceux qui souhaitent danser encore à partir des niveaux actuels ne doivent pas trop s’éloigner des issues de secours…

En  France, l’indice PMI de février recule encore en février. Le chômage repasse au-dessus de 10% au quatrième trimestre 2014. C’est la plus mauvaise performance de la zone Euro. Cela n’empêche pas les média bien pensant de titrer « L’économie française se remet à espérer »,  « Les profits du CAC 40 ont bondi d’un tiers en 2014 »…Tout le monde voit très bien que les PME ne suivent pas du tout les performances des grands groupes qui réalisent l’essentiel de leurs chiffres d’affaires et de leurs résultats à l'étranger…

Heureusement en face de ces papiers quasi rédactionnels, il reste des Think Tank comme l’iFrap d’Agnès Verdier Molinier qui font leur travail. « La France étouffe » dit-elle. Elle croule sous le poids des impôts, des normes tatillonnes, des fonctionnaires trop nombreux…

Quant au gouvernement français, à force de ne pas respecter ses engagements en matière de réduction de ses déficits, il commence à agacer sérieusement certains de ses partenaires européens (Suède, Pologne, Danemark, Lettonie) . Les mesures qui consistent pour Michel Sapin ministre de l’économie et des finances à annoncer des mesures qui n’ont rien à voir avec la réduction du déficit structurel sont considérées par Bruxelles comme de l’ « enfumage ».

Manuel Valls le premier ministre, devra trouver des réformes assez fortes pour restaurer un début de confiance. Ce ne sera certainement pas les retraites de la fonction publique qui bénéficient d’un régime particulièrement favorable. Le besoin de financement de ces régimes qui ne constituent pas de provision pèse très lourdement sur les finances publiques : 50,2 Md€ par an pour les titulaires de la fonction publique d’Etat, 16,7Md€ pour les titulaires de la fonction publique territoriale et 1,8 Md pour les ouvriers d’Etat. Toutes ces sommes sont payées par les contribuables. Les deux domaines dans lesquels le gouvernement pourrait avancer sont le logement et l’apprentissage… 

En Allemagne, les ventes de détail progressent de 5,3% sur les douze derniers mois. La production industrielle est en hausse de 0,9% en janvier sur les douze derniers mois.

En Grande-Bretagne, la croissance britannique est le double de celle de la zone Euro. Et pourtant même avec un bon bilan économique il aura du mal à remporter les prochaines élections.

Aux Etats-Unis, la production industrielle va augmenter avec la réouverture des ports après le long conflit qui vient de se produire avec les syndicats de la côte ouest. Le niveau de création d’emplois reste élevé. L’économie crée des emplois qualifiés contrairement à ce que nous ont expliqué pendant des mois des économistes qui nous expliquaient que ce n’était que « des petits boulots mal rémunérés »

En Chine, les profits des sociétés diminuent ce qui va obliger les autorités chinoises à passer plus de temps à gérer la dette de leurs entreprises qu’à gérer leur croissance. La nouvelle norme sera 7% de croissance dans la durée. Elle sera inférieure à ce niveau au premier trimestre. L’essentiel du ralentissement se produira dans l’immobilier.

La plus grande course aux armements depuis la guerre froide est en train de se produire.

La Russie  va dépenser  755b$ sur dix ans pour améliorer tous ses équipements militaires.  Vladimir Poutine veut absolument restaurer la puissance de la Russie sur la scène internationale. Cela permettra au moins d’améliorer la situation des 1350 entreprises  du « Complexe militaro Industriel » dont 25% sont actuellement en faillite.

Dans le domaine des avions de combat, le  Su-35  de Sukoi a une très bonne réputation sur le marché international tout comme les MiG-21 et les MiG-23. La Corée du Sud a acheté des MiG-29. Ce qui intéresse beaucoup les militaires c’est le prochain chasseur furtif qui selon certains experts pourrait violer les engagements internationaux de la Russie sur la limitation du développement des capacités nucléaires.

En matière de missiles, le Yakhont est un missile sol-air déployé au Liban. Le S-300 and S-500 seront les nouvelles composantes des missiles anti aériens.  Quand au Sarmat ce sera  un nouveau missile balistique intercontinental qui pourra emmener jusqu’à 25 têtes nucléaires capables d’atteindre des cibles différentes.

L'Iran a développé des missiles qui sont délivrés notamment aux palestiniens afin de pouvoir atteindre Israël.  Le Missiles Fajr 3  a une portée de 45 km, le Missiles Fajr 5 de 70km. Pour atteindre une cible plus éloignée il  existe les missiles  Rockets M 75 (90km), et  M 302 (160km).

La Syrie fabrique des missiles M-302 sous licence iranienne Ils sont livrés au Hamas pour être utilisés contre Israël.

L’Arabie Saoudite,  pour se défendre contre « l’arc chiite » va dépenser 70 Md$ au cours des dix prochaines années. Elle est devenue le plus gros acheteur d’armes du monde.

Israël est en permanence en train d’améliorer les performances de ses équipements militaires. Le système de missiles mobile Jericho III a maintenant une portée de  6000km Rafael produit le système « Dôme de fer » inventé par Daniel Gold  a permis d’intercepter de nombreux missiles tirés à partir de la Palestine. L’unité la plus performante de Tsahal (l’armée israélienne) est la « Unit  8200 » spécialisée dans la guerre électronique et qui est basée au  Mont Avital… Parmi les sociétés israéliennes cotées on trouve : Elbit Systems, Ashot Ashkelon Industries (détenu à 85% par Israël Military Industries)

La Chine va dépenser 160Md$ en 2015 pour ses dépenses d’armement. C’est un montant supérieur aux budgets cumulés de la Grande Bretagne, de la France et de l’Allemagne. L’agressivité de la Russie, les tensions entre la Chine et le Japon expliquent ces chiffres spectaculaires. Le nouveau chasseur J-31 a déjà effectué ses premiers vols. Il a l’ambition de s’imposer sur le marché international. Dans le domaine des drones le « Wing Loog » est un véritable concurrent du Reaper de General Atomics aux Etats -Unis. Il a déjà été acheté par les Emirats et l’Ouzbekistan.

Le Japon aussi augmente son budget de la défense. Il atteindra 53Md$ en 2015 soit le niveau le plus élevé de son histoire.

Les sociétés qui permettent une exposition au secteur sont nombreuses notamment : Mitsubishi Heavy Industries (chasseurs, missiles, bateaux tanks), NEC (missiles anti-missiles), Mitsubishi Electric (radars), Kawasaki Heavy Industries (sous marins hélicoptères, simulateurs) Toshiba (missiles en partenariat avec Raytheon), Fujitsu (vision de nuit), Fuji Heavy Industries (hélicoptères, chasseur furtif). 

Les Etats-Unis vont engager un programme de modernisation de leurs armées de 348Ms$. Le budget américain de la défense va rester supérieur au total des dix budgets suivants.

Parmi les sociétés cotées on trouve : Norththrop Grumann ( Global Hawk),  Boeing (Solar Eagle ),  General Atomics rencontre un grand succès avec ses drones  Reaper MQ-9 et Paveway II qui est capable de tirer des bombes à laser à partir d’un contrôle à distance. Le prochain chasseur F-35 Joint va devenir furtif. Quand à la version F-35A il a été exporté en Australie, Grande Bretagne, Israël, Italie, Japon, Pays Bas, et Norvège.

La Grande Bretagne a en revanche du mal à maintenir son budget de défense. Parmi les sociétés cotées on trouve : BAE Systems, Cobham plc, Meggitt (Typhoon , Rafale, F18 et Boeing 787, Airbus A380), Ultra Electronics (contrôle nucléaire et des aéroports), Chemring (contre mesures) , Cobham, GKN, Qinetiq, Rolls Royce, Senior, Smith Group.

En France  le secteur emploie  40 000 personnes mais les industriels de la défense à la diète. Le budget entrainera des suppressions significatives de personnel et des étalements de programme importants. Les Forces Aériennes Stratégiques (FAS) comprennent  20 Rafale qui peuvent lancer des missiles ASMPA, 23 Mirage 2000N qui devraient être remplacés en 2018 par des Rafale. Les 14 avions ravitailleurs (C-135 FR/KC135 RG seront en principe remplacés par 12 MRTT.

Le contrôle de la société MBDA, qui fabrique les missiles ASMPA est détenu par Airbus Group 37.5%, BAE Systems 37.5% et  Finmeccanica 25%.

Pour les investisseurs souhaitant avoir une exposition sur le secteur, le meilleur moyen est de s’intéresser aux grandes sociétés notamment : BAE Systems (95% du CA dans le militaire/Grande Bretagne), Raytheon (92%/US), L-3 (82%/US), Northtrop Grumman (77%/US), Lockeed Martin (76%/US), General Dynamics (66%/US), Finmecanica (57%/Italy), Boeing (34%/US), United Technologies UTC (22%/US), Airbus Group (21%/Europe)

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