Edito
Pourquoi il faut réduire le rôle de l’Etat actionnaire
Les Français sont incorrigibles. Ils voudraient avoir plus de liberté, de flexibilité et en même temps, ils réclament sans cesse de nouvelles lois qui les contraignent et les paralysent.
Les Français gardent le réflexe au moindre problème de solliciter le recours de l’Etat, comme si celui-ci restait la première référence, le meilleur remède. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si notre pays compte davantage de fonctionnaires que la moyenne des autres pays. Et pourtant le constat est là : si l’intervention massive de la puissance publique s’imposait après la deuxième guerre mondiale pour reconstruire le pays dévasté, on lui a laissé prendre une importance excessive au fil des ans, qui représente aujourd’hui un handicap pour un fonctionnement harmonieux de l’économie. Présentement, les entreprises doivent faire preuve d’une agilité qui était inconnue il y a deux décennies, alors que l’Etat se montre souvent incapable des changements tactiques indispensables, ou pire, se trouve dans l’incapacité de faire des choix raisonnables, car il suit des objectifs contradictoires, souvent influencés par des pressions politiques ou des rivalités entre les diverses administrations.
La conséquence apparait clairement au fil du temps et le juge en la matière, la Cour des comptes vient une fois de plus de prononcer un verdict sans appel. Le bilan est désastreux. Depuis 2010, la valeur du patrimoine dans lequel l’Etat est actionnaire a baissé de 29%, alors que pendant cette période, la Bourse a progressé de 30%. Il suffit d’évoquer quelques noms connus du public comme le Crédit Lyonnais ou Renault pour mesurer l’ampleur des dégâts qui n’ont généralement pas été sanctionnés comme ils l’auraient été si les sociétés avaient été privées. Et bien souvent, l’Etat n’est même pas capable d’imposer sa volonté même lorsqu’il dispose d’une minorité de blocage, faute d’objectifs précis. Aujourd’hui, les défis sont considérables avec trois dossiers urgents, dont les besoins de financement ne peuvent attendre : la SNCF, EDF et Areva, alors que les pertes des organismes gestionnaires dépassent dix milliards d’euros depuis six ans. Et que dans l’intervalle, on a lancé des opérations dont on savait pertinemment qu’elles n’étaient pas rentables comme la ligne TGV Tours – Bordeaux, où le politique a pris lepas sur l’économique.
L’Etat est à la croisée des chemins. L’une des solutions consisterait à reprendre une politique de privatisations, à l’image de ce qu’avait opéré Edouard Balladur et qui avait contribué à rapprocher les Français de la Bourse, dont ils se sont éloignés depuis lors, tout en améliora nt la situation des finances publiques. Une des erreurs actuelles consiste à intervenir pour soigner les entreprises malades et à refuser de les vendre avant qu’elles ne soient guéries, ce qui fait perdre un temps précieux, prolonge souvent la période de traitement, alors que la mise sur le marché pourrait accélérer la guérison par un traitement de choc que l’Etat n’est généralement pas en mesure d’opérer lui-même, en raison des différentes pressions qui se font jour.
Il faut de toute manière éviter d’accroître encore un peu plus les dépenses publiques et la charge d’une dette menacée aujourd’hui par un nouveau danger : celui du relèvement des taux d’intérêt. Un mouvement général a commencé dans ce sens, mais il connait depuis quelques jours une accélération en raison d’une attitude de défiance vis-à-vis de la France entrée en campagne électorale. Depuis l’élection de Donald Trump, les marchés s’inquiètent d’une’ poussée populiste, alors que le front national marque des points dans les sondages, ce qui entraîne une tension sur le loyer de l’argent et un écart croissant entre la France et l’Allemagne. L’opinion n’en est pas encore consciente et une bonne partie de nos compatriotes préfère encore rêver à un revenu universel, cette chimère qui permettrait des se bercer de l’idée de la fin du travail sans se préoccuper des ravages que sa mise en œuvre entraînerait sur le plan des finances publiques.
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