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Pourquoi est-ce si compliqué d'adopter des enfants ?
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La cigogne n'est pas passée

Le ministère des Affaires étrangères a confirmé lundi la baisse du nombre des adoptions à l'étranger en 2012. Le boom économique de certains pays les encourage à privilégier l'adoption des nationaux, avant les étrangers.

Chantal  Cransac

Chantal Cransac

Chantal Cransac est responsable du service communication de l'Agence française de l'adoption. 

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Atlantico : Le ministère des Affaires étrangères a confirmé lundi la baisse du nombre des adoptions à l'étranger en 2012 : 1 569 contre 2000 en 2011. Est-il devenu plus difficile d'adopter ?  

Chantal Cransac : Il y a une une diminution des adoptions à l'international, car un certain nombre de pays ont connu une croissance économique extrêmement forte, qui a entraîné une diminution des abandons pour cause économique. Cette croissance a aussi permis la création de structures sociales permettant de prendre en charge l'enfant privé de famille.  C'est notamment le cas de la Chine, qui est passée de plus de 14 000  adoptions internationales à environ 5200 entre 2005 et 2010. Il y a aussi eu toute l'envolée asiatique, notamment au Vietnam. Il y avait beaucoup d'enfants auparavant, mais seuls 6 à 7 petits ont été adoptés l'année passée, et ils avaient des problèmes de santé et des histoires lourdes

Ensuite, grâce à des actions de coopération et de lobbying de plusieurs pays d’accueil, un nombre toujours plus important de pays se sont lancés dans une réforme de leur législation en vue d’encadrer les procédures d’adoption et d’apporter une réponse nationale prioritaire aux besoins des enfants. Ainsi, le nombre de pays signataires de la Convention de la Haye est passé de 62 en 2004 à 85 en 2011. Par ailleurs, plusieurs pays non-Parties à cette Convention se sont fermés aux adoptions individuelles afin de contrôler davantage les procédures (Ethiopie, Vietnam, Cambodge...)..

Plusieurs évènements internationaux pèsent aussi dans la balance, comme les catastrophes naturelles, les conflits armés (à Haïti, au Mali…). Dans ce dernier pays, un code de la Famille a aussi été voté en janvier.  D'une manière générale, la mise en œuvre des principes de la convention de la Haye a conduit de plus en plus de pays à proposer à l'adoption un nombre de grandissant d'enfants à besoins spécifiques car ils ne trouvent pas forcément une famille sur place.

Il y a de plus en plus de pays fermés aux adoptions individuelles (dans ce cas, les parents se rendent directement à l'orphelinat)  afin de contrôler les procédures. C'est le cas de l'Ethiopie, du Vietnam et du Cambodge.

 A coté de tout cela, il y a un hiatus entre la demande des candidats à l'adoption, et le nombre d'enfants proposés par les pays d'origine. Il y a grand nombre d'adoptants (23 000 familles seraient dans l'attente d'un enfant)  et souvent ces familles ont un agrément pour un enfant en bas âge. Mais les pays d'origine proposent de plus en plus d'enfants grands,  des fratries, des enfants avec des histoires lourdes ou des problèmes de santé.  Au niveau national, les personnes vont prendre des bambins plus petits et en bonne santé. La difficulté, c'est que les enfants proposés ne correspondent plus vraiment aux profils et aux projets des candidats à l'adoption français.

Dans quels pays est-il plus facile d'adopter ?

Il n'y a pas de pays plus facile qu'un autre. Il y un pays avec un profil d'enfant et des candidats à l'adoption avec un projet. Si ce dernier correspond au profil de l'enfant, ça va se faire très vite. A titre d'exemple, supposons un pays quel qu'il soit qui soit qui a cinq enfants qui ont besoin d'une famille, car les parents viennent d'être déchus de leurs droits parentaux. Si une famille a un projet de cinq enfants, elle peut adopter dans la semaine.

Mais pour les gens qui ont un projet de fratrie (souvent trois enfants) c'est quand même quelque chose de particulier, surtout pour ceux qui n'ont jamais eu d'enfants. Pour les personnes qui vont accepter des enfants en fauteuil roulant car chez eux c'est aménagé pour les personnes invalides, ça peut aussi être rapide.

Par contre pour ceux qui veulent un enfant de 0-3 ans en bonne santé, le projet sera beaucoup plus lent.

Certains pays attachent-ils plus d'importance que d'autres aux finances des familles adoptantes ?  

Cela dépend encore une fois des pays. La Chine, par exemple demande des critères très particuliers : un couple marié, constitué d'un homme et d'une femme. Ils doivent travailler tous les deux (au cas où l'un a un accident de la vie, l'autre peut subvenir aux besoins), avoir le bac, et demandent que les personnes aient un indice de masse corporel inférieur à 40, les obèses ne peuvent donc pas adopter.

Cela se justifie par l'intérêt de l'enfant, qui doit être élevé par des personnes en bonne santé. Le patrimoine des adoptants doit s'élever à 80 000 euros, et leurs revenus doivent s'élever à 10 000 euros par an, par personne (niveau SMIC) ce qui n'est pas très exigeant.  

Quel est le profil des demandeurs ?

Il n'y a pas de profil, le seul souci c'est le projet. Si vous avez 28 ans, et vous souhaitez adopter un enfant déjà grand avec une histoire, ce projet peut être très bon et la procédure ira plus vite. Mais dans tous les cas un agrément est indispensable. C'est un document qui atteste que vous êtes apte à adopter un enfant de 0 à 3 ans, ou de 3 à 5, ou encore de 0 à 10 ans, il varie en fonction du projet.

Ce document est délivré par le conseil général, après une enquête sociale et une évaluation psychologique. Comme précisé auparavant dans le contexte actuel, la procédure va plus vite avec un agrément de 7 à 10 ans que pour les 0-3 ans. Il y a quelques refus de délivrance d'agrément, mais il y a possibilité de faire un recours. Cependant, certains pays refusent d'avoir des candidats avec un projet qui a nécessité un recours.

Quel est le profil des personnes qui réussissent à adopter ?

Au sein de l'agence 83% des personnes sont mariées, 16% sont des femmes célibataires et 1% sont des hommes célibataires. Le respect de la vie privée ne permet pas de savoir si ces personnes ont un concubin, ou non.

La majorité des adoptants font partie de la catégorie cadres et professions intellectuellement supérieures. Puis viennent ensuite les professions intermédiaires et enfin les employés.

Propos recueillis par Ann-Laure Bourgeois

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