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Pourquoi 2013 pourrait bien être le théâtre d'un méga conflit social
©Reuters

Camarades, mobilisez-vous !

Quel pronostic pour 2013 ? C'est Jean-Yves Archer qui se plonge dans l'exercice aujourd'hui et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas des plus optimistes : la courbe du chômage ne serait pas prête de s'inverser et l'année pourrait être marquée par d'importants mouvements sociaux. Deuxième volet de notre série sur les perspectives économiques de l'année à venir.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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L'année 2013 sera marquée par une croissance plus faible que les cinq dernières années écoulées. La récession est possiblement au rendez-vous des semestres à venir en France. Dans ce contexte, quatre points de cristallisation retiennent l'attention.

Tout d'abord, notre pays va rentrer dans une période de chômage de masse avec près de 300.000 personnes additionnelles touchées. Certaines hypothèses évoquent un demi-million de sans-emploi supplémentaires. Ce phénomène inconnu par son ampleur (plus de 11% de chômeurs) risque d'engendrer stupeur et torpeur mais aussi colère et misère. Dans notre riche pays occidental, au coin de nos rues, certains auront en tête le triste poème de Jacques Prévert ( "La grasse matinée ") : "Il est terrible le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain, il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim".

Selon nous, le premier point de cristallisation vient du fait que la France est désormais très proche de son seuil de tolérance en matière de crise de l'emploi et que la célèbre inversion de la courbe du chômage pour la fin de l'année a, en économie politique, valeur de cocotte en papier et d'incantation. Hélas.

En deuxième lieu, l'année 2013 est une période délicate car des élections italienne et allemande peuvent émerger des coalitions qui contribueront, à leur corps défendant, à relancer les attaques contre notre monnaie commune. Oui, une campagne électorale estivale allemande incertaine pourrait aboutir à un point de cristallisation dangereux pour l'euro qui est loin d'être hors d'atteinte des aléas. Souvenons-nous que Joseph Stiglitz (dans le Handelsblat du 2 janvier) considère que la zone euro est l'épicentre mondial de la crise.

En troisième lieu, note d'espoir, nous allons commencer à engranger des dividendes de notre politique en faveur de l'environnement. Si Grenelle 2 est loin d'être appliqué, certaines mesures de Grenelle 1 se font favorablement sentir. L'écologie est un point de cristallisation pour certaines luttes (Notre Dame des Landes) tout autant qu'un point de focalisation positive pour nombre d'entreprises et de collectivités publiques.

Dernier point de cristallisation, nous pensons que 2013 sera l'année d'un conflit social qui va être un point de fixation pour l'opinion comme le fût l'affaire Lip en 1973 ou la lutte des Continental plus récemment. Depuis l'incroyable valse-hésitation de Florange, il y a en France des dizaines d'Edouard Martin (leader CFDT à Florange ) qui n'hésiteront pas à délaisser le terrain de la négociation pour investir celui de l'opposition résolue alors que ces travailleurs seront victimes de déclassement social. Ce point nous semble crucial et pourrait avoir des répercussions politiques internes à la majorité politique en faisant s'accroître le nombre de sympathisants déclarés de l'aile gauche. Les soutiens d'Arnaud Montebourg au vote des primaires pourraient être séduits par les discours de Messieurs Laurent et Mélenchon.

A titre personnel, je pense qu'en face de ces cristallisations, il est urgent de cultiver le simple mot de "considération d'autrui" à commencer par celle que se doivent mutuellement les acteurs économiques.

Gardons à l'esprit, au long de 2013 la rugueuse,  l'intéressant développement de Romain Gary  ("L'affaire d'homme ") : "Dire le fond de sa pensée sans prendre en considération la difficulté d'être un homme, notre manque de talent, nos luttes, nos illusions, nos insuffisances et nos fragilités, lâcher une vérité cruelle quand rien d'essentiel n'est en jeu relève tout simplement du fanatisme et de l'intolérance".

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