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Pour l’OCDE, le risque de croissance molle est de plus en plus évident. C’est aux Etats de se réveiller. Les ministres réunis à Paris en ont pris plein la tête
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Atlantico Business

Croissance trop molle, relance monétaire sans résultats, les économistes de l’OCDE sortent un modèle de relance budgétaire ultra sophistiqué. Mais les Keynésiens pur sucre seront frustrés.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Il fallait s'y attendre, tout ce qu'on a essayé pour faire repartir la croissance a échoué. Les relances monétaires massives ont dopé les marchés financiers, les traders et les gérants de fortune se sont bourrés depuis trois ans, mais les économies n‘ont pas redémarré pour autant en Occident.

En Europe, les modèles tournent en rond et le chômage pourrit l'équilibre des sociétés. Même si, les systèmes frémissent, même si "ça va mieux" comme dit le président français, l'austérité allemande combinée aux réformes de structures ne donnent pas des résultats spectaculaires ... sauf en Allemagne qui tire son activité et sa prospérité de la croissance dans les pays émergents et du reste de l'Europe.

Pour échapper à ce risque évident de croissance molle, l'économiste de l'OCDE, Catherine Mann, devant tous les ministres des Finances membres de l'organisation les a avertis que sans changement de politique économique, la croissance ne sera jamais suffisante pour éponger le chômage en Occident et sortir du piège.

Le risque est d'autant plus évident, qu'on ne peut pas compter sur les émergents. La Chine maquille ses comptes comme des voitures volées, et affiche une croissance qui officiellement atteindra les 6, 5% mais en fait, aura du mal à dépasser les 3%.

Pour l'OCDE, les choix de politique économique faits par Pékin depuis un an, vont sans doute accroitre les risques de crise financière.

Le Brésil va continuer de dégringoler et restera en récession l'an prochain. Aux Etats-Unis, la prévision de croissance stagne à 2% avec un petit rebond à 2,7 % pour 2017.

En Europe, l'OCDE table sur une croissance en hausse. La France pourrait progresser de 1, 2% à 1,4% cette année mais resterait au niveau de 1, 5% l'an prochain.

La perspective est décevante.

Compte tenu de ces menaces de stagnation, l'OCDE incite fortement lesEtats européens à prendre des mesures incitatrices pour booster la croissance, et ne plus attendre uniquement les générosités des banques centrales.

Parce que la BCE arrose l'Europe de liquidités mais ces liquidités reviennent en dépôts et permettent, le plus souvent, aux éEtats de s'endetter. Le problème, c'est que les dettes publiques ne servent qu'à financer des frais de fonctionnement, des salaires, des prestations sociales. Ce qui explique le maintien de la consommation courante et le support apporté au chômage. En attendant, les entreprises n'en profitent pas et s'enlisent.

Pour l'OCDE, les banques centrales sont arrivées au bout du bout de ce qu'elles pouvaient faire et c'est aux Etats de prendre le relai.

Comment ? Par le moyen de relances budgétaires mais pas n'importe comment

Catherine Mann, invite tous les ministres de l'Economie à imaginer des dépenses de qualité, capables de dynamiser la croissance.

Il faudrait donc à l'avenir travailler sur deux fronts.

1er front, celui des investissements sur les infrastructures, dans le domaine du numérique, de l'énergie, ou du transport. Rien qu'en France, il y a d'immenses besoins en infrastructures de transports digitals, d'immenses besoins dans le ferroviaire, d'immenses besoins dans l'énergie, et pas seulement dans l'énergie nucléaire.

2e front, une telle politique ne sera pas possible sans engager des réformes de structure capables de stimuler la concurrence, l'innovation et le dynamisme des marchés. Des réformes de structure qui permettraient aussi d'accroitre la mobilité sur le marché du travail et à stabiliser les marchés financiers.

Ce qui est intéressant dans la démarche de l'OCDE, c'est qu'elle renvoie dos à dos, les partisans de l'économie de l'offre et les partisans de l'économie de la demande ...

Pas question de tout cibler sur les efforts de compétitivité coût. La course aux bas salaires ne mène à rien d'autre qu'à la déflation. La course à la réduction des cotisations sociales ne mène à rien d'autre qu'à l'explosion des services publics. Ce qu'il faut c'est de l'organisation.

Mais les nostalgiques des relances keynésiennes seront également déçus. Pas question de se contenter d'une relance budgétaire pour redistribuer du pouvoir d'achat. D'abord parce que les Etats ne peuvent pas continuer à s'endetter pour payer leurs dépenses courantes. Ensuite, parce qu'avec les niveaux de déficit actuel, il y a déjà du pouvoir d'achat. Ce qui manque, c'est du pouvoir de dépenser. Et pour dépenser, il faut que l'offre soit présente et attractive...

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