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Pour le moment de la pure politique fiction, mais... Quel pourrait être le scénario d'une guerre au Proche-Orient entre l'Iran, Israël et l'Arabie Saoudite ?
©JACK GUEZ / AFP

Bonnes feuilles

Le Proche et Moyen-Orient font l'objet de véritables révolutions qui découlent des printemps arabes de 2011. L’ordre établi a été profondément bousculé et l'avenir est plus imprévisible que jamais, des conflagrations régionales - voire pire - n'étant pas à exclure. Les pouvoirs régionaux en place à Téhéran et à Riyad se retrouvent propulsés sur le devant de la scène. Extrait de "Face à face Téhéran - Riyad, Vers la guerre ?" d'Alain Rodier, aux éditions Histoires & Collections.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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Pour tenter de prévoir l’avenir, il est utile de citer les déclarations d’Ali Younesi, un proche conseiller du Président « réformateur » Hassan Rohani : « l’Iran est de nouveau un Empire […] et sa capitale est l’Irak […] l’Islam iranien est un Islam pur dépourvu d’arabisme, de racisme, de nationalisme … ». Cela semble préfigurer un éclatement des pays du Proche-Orient sur des bases religieuses Chiites-Sunnites (Irak, Syrie, Yémen) d’autant que dans la même déclaration, Youseni affirme « l’Arabie Saoudite n’a rien à craindre de l’Iran car les Saoudiens eux-mêmes sont incapables de défendre les peuples de la région ». En matière de provocation, il est difficile de faire mieux.

Alors, quel pourrait être un scénario de guerre ? La politique fiction à la mode du regretté Tom Clancy, le maître du genre, a parfois permis d’éviter le pire car les responsables aux manettes ont pris les mesure pour justement éviter la catastrophe dépeinte dans ses romans. Suit un scénario pour le moment de pure fiction !

Israël attaque

Depuis des années, le Premier ministre Benyamin Netanyahou prévenait le monde entier et en particulier ses protecteurs américains qu’il ne tolèrerait pas la volonté de mainmise de Téhéran sur l’Irak et surtout sur la Syrie voisine. Déjà, il avait ordonné à son armée de l’air de détruire des convois, des regroupements et des installations suspectes repérés par ses services de renseignement. Ces actions offensives constituaient des avertissements qu’aucun protagoniste du drame qui se jouait ne semblait avoir réellement pris en compte. Après de longues tractations avec son état-major et quelques contacts secrets auprès de ses homologues arabes de la région, notamment pour les sonder pour savoir quel était leur avis quant à une éventuelle action offensive déclenchée contre l’Iran, la décision avait été enfin prise. Globalement, tous les observateurs au fait de la situation savaient le « où » et le « comment » mais ils ignoraient le « quand ? » Ce qui a emporté la décision du Premier ministre israélien, c’est le peu de réactions de la rue arabe à la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale de l’État hébreu. De toutes façons, les arabes sunnites haïssent les Chiites et Netanyahou a estimé qu’une opération d’envergure déclenchée contre les mollahs iraniens ne provoquerait peut-être pas l’enthousiasme, mais pas de drames chez ses voisins puisque les Palestiniens eux-mêmes étaient complètement délaissés, sauf par les Iraniens. Il parait même que le général Souleimani venait juste d’adresser un message de soutien au Hamas : la provocation était consommée !

Lors d’une nuit sans lune, vers deux heures du matin, période où les veilleurs radar ont tendance à s’assoupir, l’aviation israélienne a d’abord lancé de multiples frappes contre les principales infrastructures de la défense aérienne iranienne et surtout les différents postes de commandement et de transmissions. Pour la sécurité des aviateurs israéliens, il fallait rendre l’ennemi sourd et aveugle. Le système d’alerte neutralisé et les chasse adverse étant rendue inopérante (en particulier grâce à des contre-mesures électroniques venues compléter les destructions au sol), les chasseurs-bombardiers portant l’étoile de David s’en s’ont pris aux objectifs principaux répertoriés depuis des mois par le renseignement israélien : les installations soupçonnées participer à l’effort nucléaire militaire et à la fabrication de missiles balistiques.

Pour parvenir au dessus de l’Iran, les avions israéliens ont suivi deux parcours. Au nord, un petit nombre d’appareils furtifs F-35 (au début 2018, Israël en possède 9 qu’il a baptisé « Adir » sur une commande de 50 à l’horizon 2024) ont survolé les Kurdistan syrien et irakien afin d’aller neutraliser la défense aérienne dans les régions de Tabriz et de Hamadan au nord-ouest de l’Iran. Par contre, la deuxième phase a engagé des F-15 et des F-16 par le sud survolant l’Arabie Saoudite puis le Golfe Persique. Comme par hasard, la veille anti-aérienne de ces pays est restée éteinte. Pour leur part, les États-Unis - prévenus secrètement depuis des jours - ne sont pas intervenus directement dans les bombardements de cette première nuit mais ils ont apporté toute l’aide possible en matière de renseignements stratégiques et tactiques particulièrement depuis leurs bases situées dans le sud-est de la Turquie et dans le Golfe Persique occidental. Ils ont aussi fourni une aide logistique massive, particulièrement en assurant les ravitaillements des avions israéliens au dessus de l’Arabie Saoudite dont l’aviation est sagement restée au sol sur instruction directe du prince Salmane. La Ve Flotte US qui croise en mer d’Oman et qui avait déployé plusieurs bâtiments dans le Golfe Persique pour des « manœuvre de routine » s’est tenue prête à assurer les missions de récupération pour les équipages qui auraient pu s’éjecter après que leurs appareils aient été endommagés.

Les sous-marins israéliens de classe Dolphin INS Tanin et INS Rahav ont participé à la destruction de sites anti-aériens en lançant une bordée de missiles de croisière depuis la mer d’Oman où ils avaient été dépêchés secrètement. L’INS Tekumah de facture plus ancienne mais aussi présent sur zone assurait la protection rapprochée de ses deux petits camarades.

Mais dès le lendemain à l’aube, Téhéran répliquait en mettant en œuvre tous ses moyens militaires et non conventionnels disponibles. Ce plan avait été préparé de longue date d’autant que l’état-major iranien savait bien que tout se passerait un jour comme cela.

Extrait de "Face à face Téhéran - Riyad, Vers la guerre ?" d'Alain Rodier, aux éditions Histoires & Collections

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