Piratage : la Russie perd des données chaque jour et semble incapable d’enrayer la fuite<!-- --> | Atlantico.fr
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Des soldats russes patrouillent dans une rue le 11 avril 2022 à Volnovakha dans la région de Donetsk.
Des soldats russes patrouillent dans une rue le 11 avril 2022 à Volnovakha dans la région de Donetsk.
©Alexander NEMENOV / AFP

Cyberguerre

Des données sensibles pour la Russie ont été obtenues et divulguées par les services de renseignements ukrainiens. Ces fuites concernent notamment les informations personnelles de 1.600 soldats russes qui ont servi à Boutcha et les noms et coordonnées de 620 espions russes travaillant à Moscou pour le FSB.

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin est enseignant à Sciences Po et cofondateur de Yogosha, une startup à la croisée de la sécurité informatique et de l'économie collaborative.

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Atlantico : Wired se fait écho de la perte importante de données de la Russie, quelles sont ces données ? Est-ce important ?

Fabrice Epelboin : Ce qu’évoque l’article de Wired, ce sont des listings de militaires, donc ce sont des données sensibles, qui plus est si ce sont des militaires ayant participé à une opération spécifique. Ce sont des données qui ne sont pas à la portée de n’importe qui. Cela nécessite de savoir ce que l’on fait et c’est assez impressionnant. Mais des fuites de données d’ampleur, il y en a tous les jours. Cela vient du fait que les données sont difficiles à sécuriser. Donc il y a des fuites de toutes parts. Le ransomware donne souvent lieu à des fuites de données. La nouveauté, c’est que le gouvernement ukrainien soit la plateforme de diffusion de ces fuites. C’est une forme de lutte introduite par Wikileaks qui a été reprise par le gouvernement ukrainien 10 ans plus tard. Il est impossible, pour l'instant, de dire de qui cela vient.

Quel peut être l’utilité de ce genre d’informations ?

Si les militaires savent que dans le cas où ils participeraient à des massacres leur identité pourrait être révélée cela peut avoir un impact significatif sur eux. Il y a environ deux ans, la police chilienne avait commencé un maintien de l’ordre des manifestants très violents, avec des yeux crevés etc. Un groupe de hackers a fait fuiter l’ensemble des données personnelles de la police chilienne. Et cela a mené à l’arrêt immédiat de ces comportements par la police. On pourrait imaginer des effets similaires en Russie.

On fait état de plusieurs dizaines de milliers de fichiers qui auraient fuité, mais la quantité signifie-t-elle quoi que ce soit ?

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D’une part, c’est une donnée très approximative et ensuite cela ne veut pas dire grand-chose. Si le fichier contient tout le répertoire secret défense de l’armée française, c’est cataclysmique. Mais si les données sont celles qu’on pourrait trouver sur le disque dur de monsieur ou madame tout le monde, ça n’est pas fondamentalement intéressant.  Donc le chiffre sert surtout à impressionner les non-sachants. Tant qu’on ne sait pas ce qui fuite, il est difficile d’en estimer la valeur.

Pourquoi la Russie n'arrive-t-elle pas à empêcher les fuites ?

Il y a trop de données à protéger aux vues des capacités à assurer la cybersécurité. Les Russes, comme les autres, ne peuvent pas protéger toutes leurs données, surtout face à l’assaut d’autant de personnes. Les données militaires sont vraisemblablement mieux protégées que les autres, mais si des hackers avec une très forte expertise vous attaquent, vous ne pouvez pas tout protéger, faute de ressources. Il y a dans ces hackers, des foules, type Anonymous, au niveau moyen, mais au sein de ces masses certains hackers bien meilleurs se dissimulent pour passer inaperçu, disséminer leurs trouvailles. Là encore, la force n’est pas dans le nombre. Dix opérateurs de la NSA, sont sans doute meilleurs que 1000 amateurs. Mais le nombre fait aussi la diversité des attaques. En tout état de cause, la Russie ne peut pas faire grand-chose pour éviter les fuites. Elle doit prioriser et elle le fait sûrement.

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