Pillage de la France : "Vols par ruse" : faibles victimes, pouvoir impuissant, chiffres trafiqués (comme d'usage)<!-- --> | Atlantico.fr
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Gérald Darmanin et Emmanuel Macron.
Gérald Darmanin et Emmanuel Macron.
©Ludovic MARIN / AFP

Ravages

Les ravages sont peu dénoncés par les médias stipendiés qui ne réagissent qu'à certains sti­muli, en mode capacité de nuisance.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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D'abord le visible - l'éclatant - à 84 jours du début des Jeux Olympiques (quand s'écrivent ces lignes) les fusillades font rage, les morts et blessés graves s'empilent ; le milieu criminel fai­sant - lui - place nette des prétentions officielles de mater les voyous et de rétablir l'ordre pu­blic ; ce dont il est notoirement incapable. Affaire grave car là est son essence même : de fait, aux fon­dements de "l'administration classique", on trouve que celle-ci (donc l'État) "A pour fonction de maintenir l'ordre social dit public, mais aussi de protéger".

Pire encore que l'impuissance de l'État-Macron à contraindre effectivement le banditisme : le pillage à bas bruit, quotidien, chaque jour plus grave, de la population par des bandes, d'usage allogènes ; sous cent formes diverses et sans trêve : cambriolages, logements, boutiques, ate­liers, hangars, locaux professionnels ou agricoles ; vol massif de câbles de cuivre laissant des villages coupés du monde des semaines entières ; braquages par explosif de distributeurs de billets, laissant les même sans argent liquide ; pillages des pharmacies hors des centres-villes ; vols en masse des pots catalytiques des voitures, camions, autobus, etc.

Ces ravages sont peu dénoncés par les médias stipendiés qui ne réagissent qu'à certains sti­muli, en mode capacité de nuisance. Or les modestes victimes de ces pillages en masse, loca­taires, commerçants, petits paysans, automobilistes, n'ont ni syndicats puissants, ni lobbies. Mais leur sort n'est pourtant pas le pire.

Un cran encore en dessous dans l'abandon public face à des meutes, vulnérables entre tous, les gens âgés, isolés et/ou handicapés. Ce qui les accable : les "vols par ruse", dits aussi "à la fausse qualité", opérés d'usage par des nomades criminalisés n'ayant pour limite que leur lâche ima­gination. Souvent, ils usurpent la qualité de policier, agent de mairie ou en mis­sion de service public (eau, électricité, etc.) ; aussi, comme faux artisans prétextant d'une fuite, d'un contrôle de chaudière, du ramonage d'une cheminée, etc.

Sous cent prétextes, souvent munis de fausses cartes professionnelles ou sous de vagues uni­formes, ces bandits investissent à deux ou trois des maisons, distraient leur proie, captent son attention et pillent ce qu'ils voient : sacs à main, cartes de paiement, carnets de chèques, bi­joux, objets d'art, économies mal cachées ; ce, en règle générale les matins de jours ou­vrables ; en moyenne, leurs victimes ont 75 ans et plus.

Bien d'autres trucs servent encore aux voyous à abuser leurs confiantes victimes : simulation d'un malaise... besoin d'un verre d'eau... faux accident devant leur maison... "Serviable" por­teur du sac de courses au marché... "Aide" au distributeur de billets... Parfois aussi, - "tra­vaux" fictifs facturés de façon extravagante à des naïfs ignorant le coût réel de telles prestations.

Devant ce honteux pillage de gens sans défense, que fait l'État-Macron ? Pas grand-chose. D'abord, du fait de l'absence de réactions des victimes, là où l'État capte les émotions pu­bliques : réseaux sociaux, hauts cris de lobbies ou d'associations protectrices. Il y en existe d'effi­caces pour cent communautés, ethniques, sociétales, sexuelles ; pour les animaux, même - pas pour les victimes âgées.

Mais les statistiques alors : comptage des cas, aggravation ou amélioration des faits ? Là l'État-Macron se retrouve sur un terrain familier ; par réflexe, il noie le poisson, disperse, ven­tile et ment, en affirmant bien sûr que "ça baisse". Dormez, braves gens.

Combien ce ces "vols par ruse... à la fausse qualité" sont-ils engloutis, dispersés, dans la série plus vaste des "vols sans violence" ? Cela, il faut creuser au niveau du commissariat de police, ou de la brigade de gendarmerie pour le saisir vraiment - là où le ministère de l'Inté­rieur est seul détenteur de chiffres qu'il triture à son gré.

Sinon, parfois, divers officiels jettent quelque chiffre à un journaliste complice, comme un os à ronger. Voici les derniers :

- Zone gendarmerie (± 95% du territoire) en moyenne récente, "1 200 vols par ruse", par an,

- Préfecture de police de Paris (Paris plus petite couronne), 1 236 de ces vols en 2023,

- France entière "7 800 vols par ruse (connus) par an", 650 par mois en moyenne.

Calculons : la "zone police" couvre ± 5% du territoire ; là-dessus, l'Île-de-France en fait plus de la moitié. Dans les 2% de zone police hors de l'Île-de-France, on compterait ± 5 400 vols par ruse, pour 1 200 dans l'immense zone gendarmerie ; où, en plus, on si­gnale la grande majorité de ces infractions ? Inepte.

En prime, fin 2023, le préfet de Seine Saint-Denis lui-même "Appelle à la vigilance face à une arnaque [ces vols par ruse] qui prend de l'ampleur dans son département" ? Et les multiples sites internet des mairies et préfectures, dénonçant récemment la multiplication des vols à la fausse qualité ?

Ce à quoi s'ajoute bien sûr le "chiffre noir", la quantité énorme de victimes ne portant pas plainte par honte d'avoir été roulées ou ignorance des voies de recours.

Une certitude : chaque jour, au strict minimum avéré, 22 victimes vulnérables sont ainsi dé­pouillées "par ruse" ; tout décompté honnêtement, on devait approcher les cent par jour. Et pour l'essentiel, l'État-Marcon s'en désintéresse.

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