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Pierre Bergé vend ses collections de livres rares : comment apprendre à se débarrasser des choses qui ne nous servent plus ?
©Reuters

Faire le tri

Vous cherchez la première édition des Confessions de Saint-Augustin ou l'édition originale des Essais de Montaigne? Pierre Bergé s'en sépare avec tous les autres volumes de sa bibliothèque personnelle car "Il faut savoir se débarrasser des choses". La première des six ventes aura lieu le 11 décembre chez Drouot à Paris.

Benjamin Lubszynski

Benjamin Lubszynski

Benjamin Lubszynski est Thérapeute et Coach. Sa pratique est centrée autours des Thérapies brèves (TCC, Thérapie systémique, Hypnose clinique (approche éricksonienne), PNL, Gestalt Thérapie). Il a fondé le site www.touspsys.com, un site d'entraide gratuit qui avec ses 150 vidéos et exos pratiques, ses articles et ses forums permet à tout internaute de devenir son propre psy et celui des autres. Il exerce à Paris dans le 17ème. Ses vidéos sur Youtube sont vus en moyenne par 300 000 internautes par mois.

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Atlantico : Pierre Bergé se sépare de tous les volumes de sa bibliothèque personnelle car selon lui, "Il faut savoir se débarrasser des choses". Pensez-vous que Pierre Bergé suit un effet de mode lancé par la pratique du  Zen ou du Feng Shui, qui incite à faire le vide autour de soi pour se sentir mieux ?

Benjamin Lubszynski : Je ne crois pas qu'il le fasse pour suivre effet de mode, parce que la rareté et la préciosité de ce qu'il vend à une trop grande valeur, économique et sentimentale, on peut même s'étonner qu'il le fasse.

Mais en revanche, il est vrai que le fait de se débarrasser des objets, ou, c'est dans l'air du temps, de les recycler, est un phénomène de mode qui prend de l'ampleur dans nos sociétés occidentales. Depuis une vingtaine d'années, on se soucie de plus en plus de son intérieur, car des pratiques comme le Feng Shui ou le Zen ont développé l'idée que l'état de nos maisons reflète notre état psychologique et que si je veux être bien dans sa tête, il faut faire en sorte que ma maison soit bien tenue.

Le fait de plus jeter est aussi lié à l'augmentation des loyers, car les surfaces habitables diminuent. Il faut donc jeter ou tout simplement moins acheter si on ne veut pas être noyé par nos objets.

Enfin, il y a une prise de conscience qui dépasse le simple effet de mode, celle du bienfait qu'il y a à se débarrasser des objets qui ne nous servent plus ou qui ne nous apportent plus quelque chose.

Faut-il vraiment savoir se débarrasser des choses que l'on accumule au fil du temps ?

Oui, c'est important. Il y a eu deux types d'études sur le sujet que je trouve très intéressantes. Des études qui ont prouvé que si par exemple, notre surface de bureau était bien rangée, on était plus productif que si notre surface de bureau était mal rangée, c’est-à-dire que l'organisation, la propreté et le vide favorisent finalement la créativité, la réflexion et l'apaisement. Il y a une deuxième étude qui a prouvé que faire le ménage avait un effet anxiolytique, calmant, dans le fait de le faire et de voir le résultat. C’est-à-dire que dès qu'on s'arrange pour être dans un univers plus propre, plus ouvert ou plus zen, on en tire un bénéfice psychologique, et le fait de jeter fait partie de tout ce qu'on peut faire pour reprendre le contrôle de son univers.

Qu'est-ce que cette habitude révèle de notre état mental ?

Cela traduit une anxiété, la personne se sent angoissée et développe un toc qui est censé la rassurer. Cela peut être de se laver tout le temps les mains, de garder tous ses objets ou de les ranger. Le problème, c'est que ce n'est jamais suffisant, et la personne tombe dans un cercle vicieux. Cette manie de tout conserver est toujours liée à un stress trop fort contre lequel la personne trouve une solution qui ne marche pas.

Tout garder sans jamais rien jeter peut-il devenir une maladie ?

On est tous un petit peu malade de la maladie de l'accumulation. Quand on prend le temps de regarder autour de soi, on se rend compte qu'il y a un nombre d'objets qui envahissent presque comme une sorte de pollution visuelle tout notre environnement et qui ne correspondent à rien. On est tous des sur-consommateurs, qu'on le veuille ou non.

Mais il y a de tous les niveaux. Ils y a des gens qui se disent juste attachés sentimentalement aux objets, et puis ça peut aller plus loin, ça peut devenir l'équivalent d'un toc, qu'on nomme syllogomanie ou syndrome de Diogène. Ce sont des personnes qui vivent dans un univers apocalyptique d'accumulation de journaux, d'objets etc. Ces cas-là relèvent de problèmes psychiatriques et on remarque d'ailleurs qu'il y a une corrélation entre l'accumulation des objets et l'âge. Les personnes âgées souffrent beaucoup plus du syndrome de Diogène, même s'il y a des juniors qui en souffrent aussi. C'est très courant. Il y a des personnes qui arrivent à bien le cacher dans les greniers les caves et il y a des personnes pour qui cela devient vraiment un blocage pour la vie sociale, voire même un danger sanitaire, comme en témoignent de nombreux pompiers et urgentistes.

Comment venir en aide aux personnes souffrant de cette maladie ou de cette mauvaise habitude ?

Première possibilité, c'est un problème psychiatrique. Dans ce cas, soit des médicaments vont aider, soit parfois la personne est dans une telle situation de précarité et de manque d'hygiène que ça devient un danger et on est obligé de la retirer de son environnement. Il faut qu'elle soit hospitalisée ou mise en maison de retraite.

Pour les personnes qui ont simplement un toc qui leur pourrit la vie mais qui reste dans des proportions raisonnables, il faut suivre des thérapies.

Sinon, s'il s'agit d'une petite manie, j'invite tout le monde à faire trois bacs : un bac dans lequel je garde mes objets, un bac dans lequel je recycle mes objets, et un bac où je jette mes objets. Le fait de le faire avec quelqu'un est une bonne chose, qui va vous permettre d'avoir un regard distant. C'est une aide qui est précieuse parce que c'est vraiment une façon de commencer à créer un réflexe de tri qu'on arriverait pas à faire tout seul.

Se mettre à revendre vos objets et à développer le recyclage est aussi un bonne façon de progresser, car on va avoir un rapport plus positif avec le désencombrement.

Enfin, il y avait une tradition qui s'est perdue mais qui était très bien, c'est le grand ménage de printemps. C'est une bonne idée de le faire, tout jetant quand même un peu au fur et à mesure de l'année.

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