Petit rebond de la confiance des Français dans leurs institutions : mais qui en bénéficiera en 2022 ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le CEVIPOF a publié pour la douzième fois son baromètre de la confiance politique. Les Français sont légèrement moins méfiants envers leurs institutions politiques qu’en 2019.
Le CEVIPOF a publié pour la douzième fois son baromètre de la confiance politique. Les Français sont légèrement moins méfiants envers leurs institutions politiques qu’en 2019.
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF

Selon les résultats du dernier baromètre de la confiance politique publié par le CEVIPOF, les Français sont légèrement moins méfiants envers leurs institutions politiques qu’en 2019. Cette enquête révèle-t-elle des tendances pour les intentions de vote pour l'élection présidentielle de 2022 ?

Bruno Cautrès

Bruno Cautrès est chercheur CNRS et a rejoint le CEVIPOF en janvier 2006. Ses recherches portent sur l’analyse des comportements et des attitudes politiques. Au cours des années récentes, il a participé à différentes recherches françaises ou européennes portant sur la participation politique, le vote et les élections. Il a développé d’autres directions de recherche mettant en évidence les clivages sociaux et politiques liés à l’Europe et à l’intégration européenne dans les électorats et les opinions publiques. Il est notamment l'auteur de Les européens aiment-ils (toujours) l'Europe ? (éditions de La Documentation Française, 2014) et Histoire d’une révolution électorale (2015-2018) avec Anne Muxel (Classiques Garnier, 2019).

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Atlantico : Le CEVIPOF a publié pour la douzième fois son baromètre de la confiance politique. Fait marquant, les Français sont légèrement moins méfiants envers leurs institutions politiques qu’en 2019. Est-ce une remontée en trompe-l'œil ou témoigne-t-elle d’une dynamique réelle ?

Bruno Cautrès : La remontée de la confiance que nous avons constatée dans la vague 12 du Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF confirme un effet de rattrapage que nous avions déjà constaté l’an dernier. Il est important de comprendre la dynamique de ce rattrapage : il s’explique vis-à-vis de la « descente aux enfers » que nous avions constatée il y a deux ans lors de la vague 10 de notre Baromètre annuel, réalisé alors en pleine crise des Gilets jaunes. Il y a deux ans, on avait assisté à un effondrement des niveaux de confiance envers la presque totalité des institutions politiques et publiques. Lorsque l’on regarde les courbes d’évolutions des niveaux de confiance envers les institutions, on constate que nous sommes aujourd’hui revenus aux niveaux de l’année 2016/2017. Il y a donc, en partie, une remontée « en trompe l’œil » car elle doit être relativisée vis-à-vis de l’effondrement d’il y a deux ans. Néanmoins, la vague 12 de notre Baromètre confirme cette remontée déjà enregistrée l’an dernier. Pour plusieurs de nos indicateurs de confiance dans les institutions, on voit que cette remontée est avant tout le produit du contexte de crise sanitaire : en situation de crise majeure, il y a à la fois de fortes attentes et un fort besoin de protection. Si l’on regarde de plus près nos données, on voit que ce sont les institutions publiques plus que les institutions politiques qui sont investies de davantage de confiance et que parmi les institutions publiques ce sont toujours celles qui incarnent le soin et le proximité ou l’Etat protecteur régalien qui s’en sortent le mieux : hôpitaux, armée, école, police, sécurité sociale et l’ensemble des collectivités territoriales, en particulier les maires.  Les élus et tout ce qui incarne la sphère de la politique enregistrent toujours des niveaux de confiance nettement en dessous de ces institutions publiques. Le portait que les Français de font des hommes et femmes politiques continue d’être très largement négatif et défavorable.

À l’approche de l’élection présidentielle, qu’est-ce que cette enquête nous apprend sur les intentions des électeurs pour 2022 ? S’agit-il d’une montée de la confiance pour Emmanuel Macron ?

Le chef de l’Etat voit sa cote de confiance remonter : qu’il s’agisse de « l’institution présidentielle » en général ou du Président de la République actuel, notre Baromètre leur accorde 37% de confiance contre 30% l’an dernier. Nos données confirment donc tous les sondages d’opinion qui montrent que la crise sanitaire a fait remonter la confiance dans le chef de l’Etat ou le gouvernement. A nouveau, on constate que l’effet de « ralliement autour du drapeau » continue de fonctionner : tous ceux qui incarnent la décision et le fait de « tenir la barre » pendant la crise bénéficient de cet effet. En revanche, nos données montrent que le pouvoir exécutif ne tire pas autant profit de cette situation en France que dans plusieurs autres pays européens. Le baromètre de la confiance politique du CEVIPOF est à présent devenu une enquête comparative et cet année nous avons comparé la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie : dans les trois autres pays la confiance dans le gouvernement et dans le chef de l’exécutif est à un niveau nettement plus élevé : 45% au Royaume-Uni, 52% en Italie et 65% en Allemagne. Emmanuel Macron reste un chef de l’Etat en impopularité majoritaire, de même pour Jean Castex.

Va-t-il y avoir un effet Covid pour ceux qui sont aux manettes du pilotage de la crise ? Vers quel bloc politique les Français ont-ils le plus largement confiance ? Pourquoi ? 

L’un des résultats les plus spectaculaires de notre Baromètre concerne l’évaluation faite dans les quatre pays de la gestion de la crise par les gouvernements : Alors que 48% des britanniques, 52% des italiens et 56% des allemands trouvent que leur gouvernement gère bien la crise sanitaire, ce n’est le cas que de 37% des français ! Les français se sentent avant tout un peu perdus, avec un effet de lassitude important. Ils trouvent également, plus que les autres européens, que c’est le gouvernement qui, de son côté, ne leur fait pas assez confiance.  Une prochaine vague de notre enquête permettra d’en savoir plus sur les blocs politiques en qui les français ont confiance. On peut néanmoins noter que la défiance vis-à-vis de la bonne gestion de la crise sanitaire est particulièrement forte aux deux extrêmes du spectre politique.

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