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Oui les femmes enceintes sont à fleur de peau mais les scientifiques le prouvent, elles sont aussi et surtout plus…
©Capture d'écran

Pas que !

Loin d'être seulement à fleur de peau, les femmes enceintes sont également en proie à une véritable crise identitaire. Cette transparence psychique constitue un appel à l'aide particulièrement important, qui relève d'une sociabilité accrue... rapport à une expérience à autrui très spécifique et personnelle.

Benoît Bayle

Benoît Bayle

Benoît Bayle est psychiatre des hôpitaux et docteur en philosophie.

Il est spécialisé dans la psychologie de la conception humaine et de la périnatalité, ainsi que dans les questions bioéthiques liées à la médecine de la procréation

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Atlantico : Dans l’imaginaire, la femme enceinte est étourdie si ce n’est plus. On parle du syndrome du neurone unique ou du baby brain en anglais, comment expliquez-vous cela en termes scientifique ?

Benoît Bayle : La conception de l'enfant provoque chez la femme un raz de marée émotionnel, un bouleversement psychique, dont les aspects physiologiques, notamment hormonaux, ne doivent pas faire oublier les enjeux psychologiques. La grossesse représente une période de crise identitaire pour la femme qui devient mère. Son inconscient est comme à fleur de peau, comme mis à nu. Les remémorations infantiles vont davantage faire surface et la femme enceinte va souvent être dans un état qui va faciliter la remémoration de problématiques infantiles. La psychanalyste Monique Bydlowski a parlé de "transparence psychique" pour décrire cet état de la femme enceinte. Elle est dans un état d’appel à l’aide plus important.

Personnellement, j’ai analysé ces remaniements psychologiques dans le sens de la situation que provoque la grossesse. A savoir que la grossesse répond d’une situation un peu folle, hors du commun, puisque la femme doit être elle-même et autrui. Ce qui va complètement dans le sens contraire de la différenciation psychique de l’être humain qui est appelé à être soi-même.

Etre soi et un autre en même temps pose un problème aux femmes enceintes ?

Au contraire. C’est justement un phénomène qui va être intéressant pour les soins. On peut aborder plus facilement, en tant que médecin psychiatre, certaines problématiques parce que les évocations vont être plus faciles. Il y a une demande d’aide qui facilite le soin, contrairement à ce qu’on pourrait penser. Pour un psychiatre, c’est une période propice.

Selon des études américaines récentes, cette "sociabilité" et cette "ouverture" de la femme enceinte s’expliquent autrement. La femme développerait certaines habilités afin d’assurer la survie de leur bébé. Qu’en pensez-vous ?

Je vois plus cela comme une situation particulière de greffe de quelqu’un d’autre à l’intérieur de soi qui modifie la relation à autrui. Effectivement, cela peut provoquer cette demande d’aide un peu plus facilitée. L’étude américaine a une lecture finaliste : assurer le bien être de l’enfant. Je pense que c’est plutôt un dédoublement de soi qui va favoriser l’attention sur soi et donc sur l’enfant. Une chose est sûre. La femme a un rapport à autrui qui semble différent de l’homme parce qu’elle a une expérience d’autrui à l’intérieur de soi. Il y a un rapport à l’autre qui est exclusivement féminin.

Alors, si la femme a deux psychismes en un, quand elle est enceinte, a-t-elle des réminiscences de psychisme infantile ? On reviendrait à l’idée du baby-brain…

La femme peut avoir des remémorations infantiles plus facilement, les éléments du passé de la femme enceinte peuvent refaire surface plus facilement, mais cela ne veut pas dire que la femme devient infantile.

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