On ne l'a pas remarqué, mais la France est soudain devenue un leader de l'intelligence artificielle<!-- --> | Atlantico.fr
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Peu à peu, les consciences s'éveillent et les investisseurs s'intéressent aux talents français qui ne demandent qu'un peu d'attention.
Peu à peu, les consciences s'éveillent et les investisseurs s'intéressent aux talents français qui ne demandent qu'un peu d'attention.
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French Tech

Le secteur français de l'intelligence artificielle est en plein essor et regorge de talents à polir. Pourtant, c'est surtout du côté de la Silicon Valley ou de Londres que les startups de demain arrivent à maturité. Et pour cause, l'énorme potentiel de cette spécialité made in France est largement méconnu.

Google, Facebook, Apple, Amazon, Microsoft… Des géants du numérique qui brassent des milliards, créent de la richesse et des emplois, amènent progrès et innovation. Seulement voilà : toutes sont nées de l'autre côté de l'océan Atlantique, aux États-Unis. Pourtant, ce n'est pas en France que l'on manque de talents, et encore moins dans le très prometteur secteur de l'intelligence artificielle (IA), où nous excellons. Seulement, notre pays n'est pas vraiment réputé pour être un fleuron du numérique – à tort. Peu à peu, les consciences s'éveillent et les investisseurs s'intéressent aux talents français qui ne demandent qu'un peu d'attention. Ce n'est plus qu'une histoire de mois avant que le secteur de l'IA made in France bénéficie de l'aura qu'il mérite, estime le site Venture Beat, qui a consacré un article sur le sujet.

Potentiel insoupçonné

L'heure de la consécration est-elle enfin venue pour les ingénieurs et développeurs français ? En tout cas, le savoir-faire tricolore en matière d'IA semble attirer les regards après une longue période d'indifférence, poussé par l'essor des techniques de deep learning, ces prouesses technologiques visant à rendre les IA autonomes dans leur apprentissage. Une vague que nos Français ont su saisir, analysait Les Échosen mai 2016. Mais il reste du chemin. Il faut dire que la France fait encore figure de "petit" du numérique, à côté de Londres ou de la Silicon Valley. Comme le précise Venture Beat, entre janvier 2014 et mi-octobre 2016, une trentaine de startups françaises spécialisées en IA soulevaient 108 millions de dollars (98 millions d'euros), quand dans le même temps, outre-Manche, huit startups amassaient 900 millions de dollars (814 millions d'euros) à elles seules.

La France est l'un des pays les plus avancés dans les domaines du numérique, assurait Eric Cohen, le directeur de la société française de d'analyse de données Keyrus, dans une tribune accordée aux Échos. Seulement, même une grande partie des Français ne le savent pas, nous confiait le directeur des publications chez NetMediasEurope, Jérôme Bouteiller, dans une interview en marge du salon Viva Technology qui s'était déroulé le 30 juin 2016 à Paris. Tout compte fait, notre réputation, insoupçonnée, ne nous précède qu'auprès des connaisseurs. À force d'efforts vains pour se faire remarquer, de nombreuses jeunes pousses hexagonales finissent par toquer à la porte des géants américains, qui accueillent ces diplômés des prestigieux CNRS, Normale Sup, Polytechnique, Institut Poincaré (et nous en oublions) à bras ouverts. Car ce n'est pas la formation qui manque, mais les véritables opportunités de financement et de développement. Concrètement, ces jeunes génies, formidables entrepreneurs en devenir, n'ont pas les clés en main pour pouvoir s'accomplir en France.  

L'IA made in France, c'est possible

Mais le vent est en train de tourner. En juin 2015 déjà, le directeur technique de Facebook, Mike Schroepfer, vantait la ville lumière d'avoir "la plus grande concentration de toute l'Europe en matière d'intelligence artificielle", selon des propos rapportés par L'Usine Digitale. Une déclaration qui s'était accompagnée de l'ouverture en juin 2015 d'un bureau de recherches en IA à Paris même, justement préférée à Londres. Et le capital-risqueur Paul Strachman de renchérir lors d'une conférence France is AI qu'il a organisée à Paris du 16 au 18 septembre 2016 : "La France est l'un des écosystèmes les plus vibrants en ce qui concerne l'IA. Malheureusement, cela n'est pas très su en-dehors de la France. Et parfois même en-dedans". Déjà, quelques startups françaises finissent par sortir du lot, telles que Julie Desk, Jam, Wiidii, TellMePlus ou encore Regaind, auxquelles La Tribunea consacré un article, ou de nombreuses autres, recensées dans les colonnes du site FrenchWeb.

La plus prometteuse, l'assistant intelligent Snips, concentre depuis quelques mois tous les espoirs du secteur de l'IA made in France. Son fondateur, Rand Hindi, a même eu droit à un portrait tout en longueur dans les colonnes duMonde, au cours duquel il décrit les symptômes et les causes de ce retard injustifié des startups tricolores sur leurs homologues britanniques et américaines. Le jeune trentenaire maintes fois distingué – notamment par Forbespour son entreprenariat n'a pas hésité à décliner des offres juteuses car elles ne respectaient pas sa ligne de conduite, garantissant aux utilisateurs de l'IA la non-exploitation de leurs données personnelles. "On n’a pas fait dix ans d’études pour vendre les données personnelles dans le dos des gens, tout ça pour permettre à d’autres de vendre de la pub […] Ce tour de table ne nous plaisait pas, nous voulions des partenaires qui n’apportent pas que du capital", avait-il confié. Mais loin de baisser les bras, Rand Hindi et son équipe ont su trouver d'autres collaborateurs, d'autres fonds. "On a réussi à prouver qu'on pouvait lever des capitaux américains tout en restant une startup installée en France", déclarait-il, pas peu fier de son coup. Résultat : 6,5 millions de dollars en poche, et un avenir plus que jamais radieux.

Peut-être faut-il se faire désirer pour obtenir ce que l'on veut.

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