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On a retrouvé un moustique suceur de sang préhistorique : pourquoi c'est important
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Jurassic Park

Lorsqu'un moustique vieux de 46 millions est découvert et qu'il contient du sang, on ne peut s'empêcher de rêver ou de cauchemarder à l'incontournable film Jurassic Park. Cependant, même si les fantasmes de résurrection de dinosaures semblent lointains, la découverte est de taille.

Eric Darrouzet

Eric Darrouzet

Eric Darrouzet est biologiste, enseignant chercheur à l’Université François-Rabelais de Tours. Il est spécialiste des insectes sociaux et s’intéresse notamment aux termites et aux frelons. Il est l'auteur de "Les insectes bâtisseurs. Nids de termites, de guêpes et de frelons" aux éditions Connaissances et Savoirs.

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Atlantico : En quoi cette découverte est-elle une découverte de premier plan ? 

Eric Darrouzet : Le problème est qu’avec les animaux fossiles que l’on peut récupérer à l’heure actuelle, nous avons des informations sur la morphologie de l’animal, sur des questions d’évolutions en faisant de la morphologie comparée entre différentes espèces fossilisées et les espèces vivantes actuelles, on peut avoir des informations sur l’évolution d’une espèce de longue période ; en revanche, il existe par ailleurs des études qui sont réalisées depuis quelques années qui vont plus loin et s’intéressent notamment aux questions liées à l’environnement de l’animal. De nos jours, nous utilisons également la micro-tomographie à rayons X qui permet de comprendre les éléments qui composent l’animal de l’intérieur, pour par exemple découvrir quelle était son alimentation et par extension comprendre son mode de vie. Ces données sont extrêmement intéressantes pour mieux comprendre l’animal.

Cette recherche peut-elle avoir des répercutions précises pour la suite ?

En termes d’évolution, c’est une découverte qui est importante car nous sommes ici en face d’une démonstration directe avec un organisme fossilisé sur un mode d’alimentation particulier. Nous sommes certains à présent qu’un insecte hématophage de type moustique avait tel mode d’alimentation il y des dizaines de millions d’années. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’existait pas avant, cependant, nous sommes maintenant en connaissance d’éléments précis et peuvent engendrer de nouvelles hypothèses : on sait qu’à l’heure actuelle, les insectes hématophages peuvent être parfois vecteurs de pathologie, de parasites bactériens ou virals (malaria, chicungunia). On peut donc penser qu’il y a 46 millions d’années, il y avait déjà ce genre de problèmes.

Cette information laisse entrevoir le retour des fantasmes suscités par le film Jurassic Park. Peut-on imaginer un tel scénario grâce à cette découverte ?

Au-delà du fait que le moustique retrouvé n’a pas vécu à la même période que les dinosaures, il faut savoir que dans un organisme fossilisé tel que celui qui a été trouvé, il n’y a plus d’ADN car toutes les molécules organiques sont détruites. Cette découverte nous met davantage devant une photographie d’une époque donnée. L’analogie avec Jurassic Park est certes sympathique mais farfelue.

Néanmoins, cette photographie est reste très intéressante en termes d’accès à des données morphologiques c’est-à-dire à des détails poussés sur le corps de l’animal et par extension en termes de classification des espèces. Car il faut savoir que le monde des insectes est un monde sans fin dont nous ne connaissons que très peu de choses.


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