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Rocard en Iran : l’annonce d’une nouvelle ère dans les négociations sur le nucléaire ?
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Dur dur de négocier !

Michel Rocard s'est rendu en Iran pour rencontrer, à titre personnel, Ali Akbar Salehi, le ministre iranien des affaires étrangères. Contestée par certains, sa visite est toutefois emblématique d'un Iran qui manifeste depuis quelques temps des signes d'ouverture vis-à-vis de l'occident. Les négociations sur le nucléaire iranien entrent-elles dans une nouvelle ère ?

Thierry Coville

Thierry Coville

Thierry Coville est chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Iran. Il est professeur à Novancia où il enseigne la macroéconomie, l’économie internationale et le risque-pays.
 
Docteur en sciences économiques, il effectue depuis près de 20 ans des recherches sur l’Iran contemporain et a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages sur ce sujet.
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Atlantico : La visite de Michel Rocard en Iran, à titre personnel,  au cours de laquelle il a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères va t-elle permettre de réchauffer les relations entre Paris et Téhéran ?

Thierry Coville : Sa visite n’est pas un événement anodin. La presse iranienne lui a réservé un accueil digne d’un homme politique important. Il est en première page de tous les journaux et, sans citer la France directement, il est systématiquement précisé qu’il est un ancien Premier ministre de l’hexagone. Il y a une dimension symbolique.

Ce que les autorités iraniennes disent à Michel Rocard s’adresse donc comme un message à la France. Ils montrent ainsi leur volonté de changer les relations avec la France.

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la France a maintenu une position de grande fermeté vis-à-vis de l’Iran, bien plus que celle tenue par la diplomatie américaine, quitte à s’isoler parfois sur le sujet par rapport à la communauté internationale. François Hollande va t-il « assouplir » la position française afin de l’aligner sur celle défendu par Barack Obama ?

Tout le monde se pose cette question. Il y a eu une évolution très claire lors de la dernière réunion sur le nucléaire qui s’est tenue à Istanbul à la mi-avril. Les Iraniens ont montré une volonté de négocier en matière de nucléaire ainsi que leur souhait de voir l’Europe, et notamment la France, jouer un contrepoids vis-à-vis des Etats-Unis. Il ne faut pas s’attendre à un changement radical avec l’élection de François Hollande mais il s'agit certainement du bon moment pour discuter.

La politique de fermeté menée jusqu’à présent fut un échec total pour deux raisons principales. Tout d’abord, en se coupant complètement de l’Iran, il est devenu impossible d’avoir un quelconque point d’appui pour négocier. Enfin, la politique d’embargo sur le pétrole iranien, sur laquelle la France était en pointe, n’a pas porté ses fruits. Il s’agissait surtout d’exercer une pression sur la population iranienne en espérant qu’elle renverse son gouvernement... Couper les liens à un tel point avec l’Iran a surtout eu pour conséquence de se priver de toute action dans la région.

L’Iran s’est affirmé prêt à faire « des pas en avant » dans les négociations portant sur son programme d’enrichissement en uranium. S’agit-il d’une véritable volonté ou les autorités iraniennes cherchent avant tout à gagner du temps ?

La principale difficulté provient du fait que personne ne sait vraiment ce que veulent les autorités iraniennes. A Istanbul, les Iraniens ont manifesté leur volonté de négocier et annoncé qu’ils étaient éventuellement prêt à signer le protocole additionnel du Traité de non prolifération ce qui donne le droit à l’AIEA (Agence international de l’énergie atomique) d’envoyer des inspecteurs très rapidement sur le terrain.

Ces signaux positifs ont d’ailleurs peut être été mieux perçus par les Américains que par les Français. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont prêts à tout accepter. Mais il y a un changement d’approche très important.

D’ailleurs, le chef de l’armé israélienne a déclaré il y a deux semaines que, selon lui, l’Iran n’était pas encore réellement décidé à se procurer l’arme atomique. Certes, il y avait des intentions de maitriser un cycle technologique leur permettant de l’obtenir, mais la finalité n’était pas certaine.

Autre facteur dont il faut tenir compte, la perte d’influence de Mahmoud Ahmadinejad en partie depuis les élections législatives qui se sont tenues les 2 et 4 mai. Son emprise sur les décisions est de plus en plus faible, la force majeure étant actuellement les parlementaires et les conservateurs qui, tout en souhaitant conserver ce droit à enrichir de l’uranium, veulent une approche plus constructive avec l’occident.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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