Nucléaire : les questions qui fâchent<!-- --> | Atlantico.fr
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L’accident nucléaire est le résultat d’une catastrophe nucléaire et non l’inverse.
L’accident nucléaire est le résultat d’une catastrophe nucléaire et non l’inverse.
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Débat

Après la catastrophe survenue au Japon, le débat autour de la place du nucléaire en France fait rage. Avec beaucoup de non-dits...

Pascal Perri

Pascal Perri

Pascal Perri est économiste. Il dirige le cabinet PNC Economic, cabinet européen spécialisé dans les politiques de prix et les stratégies low cost. Il est l’auteur de  l’ouvrage "Les impôts pour les nuls" chez First Editions et de "Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien" chez Anne Carrière.

En 2014, Pascal Perri a rendu un rapport sur l’impact social du numérique en France au ministre de l’économie.

Il est membre du talk "les grandes gueules de RMC" et consultant économique de l’agence RMC sport. Il commente régulièrement l’actualité économique dans les décodeurs de l’éco sur BFM Business.

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Quelques jours après l’accident de Fukushima au Japon, il n’est pas inutile de rappeler que le fait générateur de la catastrophe est un tsunami. L’accident nucléaire est le résultat d’une catastrophe naturelle et non l’inverse ! Dès les premières heures du drame japonais, les antis-nucléaires de tout poil sont sortis du bois pour dénoncer une source d’énergie jugée dangereuse. Ils ont utilisé les plus grosses ficelles de la communication pour expliquer aux  Français qu’ils étaient eux aussi menacés.

Que l’accident de Fukushima ait créé les conditions d’un débat sur notre monde énergivore et sur des sources d’énergies alternatives est une chance. Mais, à une condition. Que le débat soit conduit la tête froide et non sous le coup de l’émotion. Il est ainsi utile de rappeler plusieurs points :

  • Au Japon, 90% de la population vit sur 10% du territoire. Le Japon est une zone sismique à risque. Toute catastrophe, naturelle ou industrielle est meurtrière en raison de la densité de la population le long des cotes. En Europe, la Grèce est l’Italie sont situées sur des failles ou à proximité. Aucun de ces deux pays ne doit pouvoir construire de centrale nucléaire ; Il est en revanche du devoir des autres européens de fournir aux Grecs et aux Italiens une électricité d’origine nucléaire fiable et peu chère.

  • On nous explique régulièrement que seulement 2% de l’énergie produite dans le monde est d’origine nucléaire. C’est un vrai problème. L’essentiel de cette énergie est d’origine thermique. Elle est chère et polluante. Mais, ici en France, 80% de notre électricité est d’origine nucléaire. L’investissement consenti par la communauté nationale et par les usagers d’EDF à travers les tarifs ont permis de nous assurer une électricité de base au meilleur prix européen. Faut-il maintenant se passer de l’avantage nucléaire?

  • EDF nous affirme qu’il faut investir 40 milliards d’euros pour prolonger la durée de vie de nos centrales. En plein débat sur la sécurité nucléaire, EDF pense tenir un argument choc pour faire payer les usagers. Devrons nous rappeler au monopole, que les usagers ont déjà payé à travers les tarifs, ou faudra t-il demander où sont passées les provisions ? EDF a trop investi en Amérique du Sud et aux Etats-Unis, EDF a trop spéculé sur les marchés à risque. Ses provisions ont été consommées par des aventures étrangères irréfléchies. L’entreprise ne devrait pas être autorisée à faire la manche pour récupérer ses provisions perdues.

  • Enfin, dernière réflexion, faut-il sortir à tout prix du nucléaire ? Personne parmi les grandes voix scientifiques n’ose le proclamer, mais, c’est aujourd’hui l’occasion de le dire ; les énergies alternatives dites vertes ne marchent pas. Serait ce d’ailleurs le contraire que le réseau d’EDF ne peut accepter qu’une part très minime de cette électricité dite alternative. Dans des territoires comme les DOM, bénéficiant de conditions climatiques favorables, les expériences de transition vers des sources d’énergie sans pétrole sont longues et décevantes.

  • Faudra t-il se passer d’électricité, ou rationner cette énergie, au 21e siècle ? Le plus sûr est finalement de renforcer la sécurité du nucléaire, comme nous le faisons en France. A défaut, il faudra accepter d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre ou réduire drastiquement notre consommation. Sans énergie ou avec une énergie très chère, notre croissance s’effondrerait. De quoi menacer la démocratie et offrir aux opportunistes des extrêmes un argument de choix pour défier le pouvoir et qui sait, le prendre…

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