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Nouveau scoop de la NASA : l'atmosphère de Mars s'est déjà rapprochée de celle de la Terre (et la vie y aurait été possible)
©Reuters

Cousins martiens

Après la découverte d'eau liquide salée à la surface de la planète rouge, l'Agence spatiale américaine a dévoilé "de nouvelles découvertes sur le sort de l'atmosphère martienne" jeudi 5 novembre.

Christian Mazelle

Christian Mazelle

Christian Mazelle est directeur de recherche au CNRS chercheur à l'Irap et est responsable d'un des instruments de mesure de la sonde MAVEN.

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Atlantico : La NASA a dévoilé jeudi soir les résultats de la sonde Maven sur l'atmosphère de Mars après avoir révélé quelques jours plus tôt qu'il y avait eu de l'eau sous forme liquide sur cette planète. Cette information permet-elle d'assurer qu'il y a eu, qu'il y a pu y avoir et/ou qu'il pourrait y avoir un jour de la vie sur Mars ?

Christiant Mazelle : Nous savons déjà qu'il y a eu de l'eau liquide sur Mars dans le passé sous forme de grandes étendues comme des lacs pas nécessairement d'océan et avec des écoulements sous forme de rivières et de deltas qui ont laissés des traces géologiques encore visibles aujourd'hui. De plus, des minéraux observés n'ont pu se former qu'en présence d'eau liquide. La forme d'eau liquide qui peut encore s'écouler aujourd'hui et révélée récemment ne constitue que des écoulements très sporadiques et de petite échelle d'eau saumâtre. Mars dans le passé avait une atmosphère plus dense et plus humide, et un climat plus chaud à cause des gaz à effet de serre (eau et dioxyde de carbone) donc des conditions potentiellement favorable à l'émergence d'une forme de vie. Par contre il est fort peu probable que Mars abrite encore la vie aujourd'hui à sa surface qui est stérile (à cause des rayonnements solaires). Dans le futur, les conditions vont encore se détériorer puisque ce phénomène d'échappement va continuer.

En quoi ces nouvelles données sont-elles une avancée dans notre compréhension de la planète Mars ? Quelles sont les prochaines étapes en matière de recherche? Celles-ci doivent-elles redirigées en fonction de ces nouveaux résultats ?

Ces observations constituent une avancée très importante puisque l'on sait désormais quel est le principal responsable de l'échappement planétaire (l'interaction avec le vent solaire) et que l'on a mieux pu quantifier cet effet et en préciser le mécanisme. La prochaine étape avec les données Maven sera de pouvoir extrapoler quel était l'échappement dans le passé au cours de l'histoire de la planète et de déterminer la totalité d'éléments volatils qui se sont échappés de cette manière et donc de remonter à la pression initiale de l'atmosphère permettant d'y maintenir de l'eau liquide.

Deux scoops annoncés par la Nasa en quelques jours, n'y a-t-il pas du côté de l'agence américaine une propension à présenter toute découverte comme un événement majeur ? Est-ce que la concurrence internationale ou la nécessaire quête de crédits auprès des autorités américaines ne pousserait pas les chercheurs à chercher à faire la Une... au risque de banaliser les annonces ?

C'est évidemment un risque propre au fonctionnement de l'agence américaine et de l'importance de son opinion publique. Néanmoins Maven accumule des résultats depuis presque une année complète et l'annonce de ses résultats était prévue depuis longtemps. Il ne s'agit donc pas d'un phénomène d'annonce ponctuel d'un résultat unique mais bien du bilan d'une mission dédiée d'un ensemble de résultats cohérents et inédits (par de nombreux aspects) qui permettent de répondre aux grandes questions posées.

Ces révélations peuvent-elles servir à mieux comprendre certains phénomènes qui auraient lieu sur la Terre ?

Tout à fait. Un échappement planétaire se produit aussi dans le cas de la Terre mais il se produit différemment du fait de la protection fournie par son champ magnétique propre (produit par sa dynamo planétaire dans son noyau). Du point de vue quantitatif il est parfaitement négligeable. Ce champ se renverse périodiquement (il l'a fait fréquemment dans le passé).  Mais l'inversion proprement dite où le champ planétaire disparait qui se produit sur une période de quelques siècles très courte à l'échelle géologique fait que l'érosion par le vent solaire est très faible. Mais si la Terre perdait son champ magnétique intrinsèque par un refroidissement de son noyau et l'arrêt de sa dynamo, elle produirait l'équivalent de Mars aujourd’hui en plus grand au bout de ... milliards d'années !

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