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Nouveau monde : peut-on gagner la présidentielle sans parti comme le parient Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand ?
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"En marche", bis repetita

Incitée par Xavier Bertrand à se présenter à la tête de LR, Valérie Pécresse a annoncé qu’elle y renonçait. Pour ne pas participer à une guerre des chefs "stérile" contre Laurent Wauquiez.

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : Incitée par Xavier Bertrand à se présenter à la tête de LR, Valérie Pécresse a annoncé qu’elle y renonçait. Pour ne pas participer à une guerre des chefs « stérile » contre Laurent Wauquiez. Et pour soigner le lancement, le 10 septembre, de son mouvement, Libres !, à la ligne « ferme, sociale et réformatrice ». Dans quelle mesure le duo Pécresse Bertrand peut il espérer exister sans se présenter à la présidence des LR ?

Bruno Jeudy : D’abord, je ne parlerai pas d’un duo Pécresse / Bertrand. Je pense que eux-mêmes sont concurrents dans la perspective d’une candidature présidentielles en 2022. Je pense qu’ils ont tous les deux fait l’analyse, aujourd’hui, qu’ils ne pouvaient pas battre Laurent Wauquiez sur la base du noyau dur des Républicains. Et donc ils ont renoncé à la présidence. Mais là s’arrête la comparaison. Car autant Xavier Bertrand a choisi de bâtir un parcours depuis les régionales de 2015 en se construisant un fief dans les Hauts-de-France, et en mettant en place une politique gagnante qui sera récompensée par une réélection triomphale. A partir de là, il compte définir une possibilité pour la présidentielle suivante. Valérie Pécresse cherche aussi à se faire réélire en Ile-de-France, mais a plutôt décidé d’organiser une opposition en interne aux Républicains sans attendre les verdicts du 10 et 17 décembre. Elle acte déjà la victoire de Laurent Wauquiez, et essaie déjà d’organiser un mouvement à l’intérieur des Républicains pour rassembler au delà des clivages les fillonistes, juppéistes et lemairistes. Elle essaie déjà d’organiser une opposition de droite plus modérée, avec l’idée au fond de construire une alternative en interne à Laurent Wauquiez. Mais elle ne veut pas quitter le parti, et essaie de retenir cette droite qui ne veut pas de Wauquiez, sans être supplétive de Macron. D’où le mouvement Libres, qui ne dit pas son nom, à l’intérieur du futur parti Les Républicains. Elle essaie déjà de donner des chiffres : elle dit qu’elle a déjà 500 grands élus, 70 parlementaires actuels et anciens. Elle essaie d’organiser la résistance à l’intérieur du mouvement face à la probable victoire de Laurent Wauquiez. Ce qui est assez étonnant, car la victoire ne lui est pas encore acquise. L’élection n’est pas encore passée. C’est assez curieux de prendre acte de cette victoire, et de renoncer à la compétition. Ce genre de comportement n’est jamais bon. Les absents ont toujours tort.

Sur le modèle d'un Emmanuel Macron qui est parvenu à se hisser à la plus haiute marche sans parti, un tel modèle est il imaginable pour des personnalités de droite comme Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ?

Ce que lance Valérie Pécresse, dimanche, à Argenteuil, ressemble plus à une plateforme type Ségolène Royal qu'un mouvement En Marche. Puisqu’elle se situe à l’intérieur du parti. En Marche était vraiment une création en dehors des partis. On n’était ni au PS, ni à l’UDI, et encore moins LR. Valérie Pécresse est plus proche de ce qu’avait imaginé Ségolène Royal avec Désir d’Avenir. C’est -à-dire un mouvement qui drainait beaucoup de gens du parti socialiste, mais également des fans de Ségolène Royal et des personnes attirées par ce type de mouvement plus spontané. Donc on est plutôt entre En Marche et Désir d’Avenir, avec un mouvement à l’intérieur du parti, mais qui se situe aussi un peu à l’extérieur.

Quelle est leur meilleure chance de faire exister leur ligne politique ? Quelle stratégie pourrait être possible?

Valérie Pécresse part du fait que la droite doit d’abord faire l’inventaire de la défaite de 2017. Elle doit aussi reprendre à zéro son logiciel, et essayer de recoller aux attentes de la société et des électeurs de droite. Elle cite un chiffre : 6% des inscrits de moins de 35 ans ont voté pour François Fillon à la dernière présidentielle. Partant de ce chiffre, elle fait l’analyse que la droite doit recoller à la société civile et plus se rabougrir autour de son noyau dur et, pour faire simple, de Sens Commun. La droite, ça ne peut pas être Sens Commun. La droite n’a pas vraiment fait l’inventaire de la défaite de 2012, et n’a pas suffisamment travaillé son corpus idéologique. On est resté dans la guerre des chefs. Elle doit écrire une nouvelle page. Elle doit avoir un leader, et une ligne politique plus claire. Il faut qu’elle se reconfigure, notamment sur les questions européennes. La droite doit vraiment aller au-delà d’un simple lifting.

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