Non, une salade "conventionnelle" à 70 centimes ne coûte pas "17 à 27 Euros à la société" (n'en déplaise à Marine Tondelier) <!-- --> | Atlantico.fr
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Une photo montre une laitue dans le potager du jardin des Tuileries à Paris.
Une photo montre une laitue dans le potager du jardin des Tuileries à Paris.
©Joël SAGET / AFP

Agriculture biologique

Selon Marine Tondelier, en 2020, une salade bio coûtait 1 euro et une salade conventionnelle 70 centimes à la vente. Mais d’après la secrétaire nationale d’EELV, la salade conventionnelle coûterait à la société entre 17 et 27 euros en prenant en compte notamment la dépollution de l’eau.

Terre à Terre

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La semaine dernière, Marine Tondelier affirmait sur LCP qu’une salade non-bio à 70 centimes coûtait à la collectivité entre 17 et 27 euros, alors qu’une salade bio à 1 euros ne coûtait rien de plus. 

Pour retrouver le tweet et la vidéo : cliquez ICI

Elle a expliqué cela en invoquant trois coûts de la salade conventionnelle : Le coût de la dépollution de l’eau engendrée par les pesticides, le coût pour la sécurité sociale (à cause des pathologies provoquées par les pesticides), et le coût du réchauffement climatique.

Avec quelques calculs « de coin de table », vérifions si les ordres de grandeur évoqués sont cohérents.

Sur « Eaufrance » (eaufrance.fr/le-prix-de-leau), il est indiqué que le coût de l’eau potable (incluant la distribution et la potabilisation) correspond à 39% du prix de l’eau. Il y est aussi indiqué le prix de l’eau par ménage : 477.6 euros / an.

Cela fait donc environ 186 euros dédiés à l’eau potable par ménage et par an. 

D’après l’INSEE, il y a environ 30 millions de ménages en France. Au total, on est donc à 5.6 milliards d’euros dédiés à la l’eau potable. 

Or, la production agricole en France pèse pour environ 72 milliards d’euros.

Avec une division, on obtient un ordre de grandeur : 1 euro de production agricole, pour 0.078 euros dédiés à l’eau potable. 

Ainsi, il parait peu probable qu’une salade à 70 centimes (qui doit coûter moins que ça à la production sans la marge du distributeur et la TVA), soit responsable d’un coût supplémentaire de potabilisation de 17 à 27 euros pour la société… 

En faisant l’hypothèse improbable que l’agriculture soit responsable de 100% des coûts de potabilisation, on serait plutôt sur quelque chose de l’ordre de 4/5 centimes par salade.

Et évidemment, les problèmes de pollution de l’eau concernent aussi (et surtout) les nitrates, qui proviennent de la fertilisation azotée des cultures. Or, l’agriculture bio utilise aussi des fertilisants (organiques) qui diffusent de l’azote dans les milieux aquatiques environnants…

Après, Marine Tondelier parle aussi de coûts pour la santé… C’est étonnant, car il n’apparait pas que les impacts des pesticides sur la santé du consommateur soient vraiment prouvés (en revanche, pour l’agriculteur, c’est le cas).

Quand bien même, le budget de la sécurité sociale pour les cancers c’est 15.6 milliards d’euros d’après capital.

C’est presque 5 fois moins que ce que pèse économiquement la production agricole française… Alors, même en considérant l’hypothèse délirante que 100% des cancers seraient causés par les pesticides, on serait encore très loin du compte : environ une quinzaine de centimes pour 70 centimes de denrées alimentaires produites. 

Le dernier point, selon Marine Tondelier, c’est le coût du réchauffement climatique.

Le problème, c’est que le bio n’est pas spécialement avantageux sur les émissions de GES… 

Le bio permet de limiter les émissions par unité de surface, mais pas forcément par unité de denrées alimentaires produites (Cf. le rapport du GIEC).

Prenons maintenant les choses différemment afin de bien comprendre en quoi ces ordres de grandeurs sont aberrants : un français mange en moyenne 5.3 kg de salade par an (d’après planetoscope). Une salade fait en moyenne 289 g. Cela fait par an environ 18 salades par français. 

Pour 67 millions de français, cela fait 1.2 milliard de salades consommées en France par an. D’après Marine Tondelier, cela coûterait donc à la communauté entre 20 et 32 milliards d’euros par an… 

C’est plus que le budget « potabilisation de l’eau » et le budget « cancer » réunis…

Juste pour les salades ! 

Bref, Marine Tondelier raconte des salades, et il est assez fou qu’elle se permette de les énoncer avec autant d’aplomb, et ce sans aucune source vérifiable.

Et évidemment aucun contradicteur sur le plateau, malgré les ordres de grandeurs délirants…

C’est assez pénible.

Pour retrouver le Thread original de Terre à Terre : cliquez ICI

Pour retrouver un autre Thread de Terre à Terre remontant aux sources de ces chiffres : cliquez ICI

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