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Sarkozy suit sa route
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Décomplexé

Quels que soient les avis ou les critiques, y compris au sein de la majorité voire du gouvernement, sur l'islam comme sur le pouvoir d'achat, le président retrouve ses habits de candidat.

Matthieu Creux

Matthieu Creux

Matthieu Creux est blogueur politique sur Le Mal Pensant.

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Je plains mes « amis » blogueurs qui ont fait de l’anti-sarkozysme leur unique credo. Leurs claviers surchauffent depuis bientôt quatre ans sans réussir à ralentir un Président de la République qui commence déjà à penser à 2012, et pas qu’en se rasant le matin. Sarkozy fonce vers la victoire ou dans le mur, on ne sait pas bien car il nous perd souvent, mais rien ne l’arrête. C’est le Sarko-show.

Depuis 2005, il n’a que très rarement reculé, voire même ralenti. Habitué des gyrophares et des voies rapides ouvertes par ses motards, les seules fois où il dû s’arrêter sur les bandes d’arrêt d’urgence, c’était vraiment parce qu’il n’avait plus le choix, pressé de toute part par ses opposants dont les plus virulents venaient presque toujours de son propre camp. Dépité, il dû laisser Neuilly à Fromentin, envoyant David Martinon se reposer en Californie. Abandonné par tout le monde, il obligea son (trop) jeune fils à faire marche arrière dans sa course absurde vers la présidence de l’EPAD. Le Conseil Constitutionnel lui censura sa taxe carbone. Lui, l’ogre politique, avoua aussi ne pas avoir assez de soutien au sein de sa famille parlementaire pour introduire une véritable discrimination positive « à la française ». Quelques renoncements sont encore annoncés, notamment sur le bouclier fiscal, mais pour le reste, il ne s’agit que de petites promesses de campagne et tout sera fait pour que ca paraisse être de petits avortements sans gravité, ou justifiés.

Les réformes, point trop n'en faut

Pour tout le reste, et ce serait lui faire mauvais procès que défendre le contraire, Sarkozy suit sa route. Autonomie des universités, réforme de l’Etat (RGPP), défiscalisation des heures supplémentaires, du travail étudiant et suppression des droits de succession (loi TEPA), réforme de la carte judiciaire, remplacement du RMI par le RSA, réforme de la Constitution, peines planchers pour les récidivistes, interdiction du voile intégral, Grenelle de l’Environnement, rapprochement de la police et de la gendarmerie, suppression partielle de la publicité sur France Télévision, musées nationaux gratuits pour les jeunes, etc… Le gouvernement réforme tellement que ceux qui nous disaient qu’un homme politique pouvait mourir à ne rien faire pourrait aussi mourir à trop faire. Sur la scène internationale, il joue la même pièce : Présidence française de l’Union européenne jugée efficace, leadership remarqué dans la gestion de la crise économique internationale, intervention en Libye et en Côte d’Ivoire, présidence du G20, et tout le reste (discours de Latran, retour de la France dans le commandant militaire intégré de l’OTAN, action/réaction en Géorgie, libération d’otages, par exemple).

C’est triste, mais la France n’aime qu’une chose : « la réforme tranquille ». Ni trop (on s’est toujours débarrassé des révolutionnaires), ni pas assez (on s’est toujours débarrassé des rois fainéants). Mais là, ça fait bientôt quatre ans qu’on a le tournis avec cette étrange impression que rien ne change. La boule de nerfs élyséenne stresse les Français. Pourtant, visiblement, Nicolas Sarkozy n’en a cure et préfère s’acheter une assurance-vie contre le reproche qu’on pourrait lui faire un jour d’avoir été un Père Noël sans cadeau. Le « J’avais promis, mais je n’ai rien fait » est la crainte absolue des hommes politiques modernes, d’Obama à Sarkozy, du maire de Trifouilly-les-Oies au député de Pétaouchnok. Leur analyse est simple : il vaut mieux un électeur frustré de ne pas tout comprendre qu’un électeur fâché d’apprendre que la seule chose pour laquelle il a voté n’est pas réalisée.

Sarkozy veut montrer qu’il ne cédera sur rien

Sarkozy n’a plus le temps d’avoir des remords. Il sait très bien qu’il est détesté (il fait avec) ou adoré (il en joue) pour ce qu’il représente. En 2006, un an avant sa victoire aux élections présidentielles, personne ne l’imaginait gagner. C’était l’homme du « Karcher ». C’était l’homme des révoltes en banlieue. C’était le challengeur de Ségolène Royal, une femme qui redonnait espoir à la gauche. Aujourd’hui, il passe pour être le copain des stars bling-bling et l’homme du bouclier fiscal, une idée qu’il aurait pu avoir attablé au Fouquet’s ou sur le yacht de Bolloré. Alors fi de tout ce que les Inrocks peuvent écrire ou de ce que pensent les aigris : Sarkozy veut nous montrer qu’il ne cédera sur rien. Pas sur la nomination du Président de France Télévision. Pas sur l’Islam ou sur l’identité nationale. Pas sur l’ISF. Pas non plus sur la création d’une prime de 1000 euros, dernièrement. Et tant pis s’il choque ou déçoit certains de ses alliés objectifs, comme le MEDEF sur cette dernière mesure.

Il sait que c’est sa force de savoir passer en force. Souvenez-vous la TVA réduite dans la restauration arrachée à coup de bélier à Bruxelles. Souvenez-vous du sauvetage d’Alstom en 2004. Souvenez-vous de la prise d’otage à Neuilly en 1993. Souvenez-vous de son discours volé à Nice, en 1975. C’est génétique chez lui, vraisemblablement.

Sarkozy n’est bon que lorsqu’il réussit à cliver et n’est efficace que face à un adversaire.C’est un commando parachutiste politique, pas un planqué dans un bureau. Quand il rentrera en campagne contre des opposants politiques clairement identifiés, tout porte à croire que sa force politique presque surnaturelle le sauvera. A condition, peut-être, qu’il sache aussi apprendre à faire usage de tact et de douceur. Villepin l’avait dit à FOG : « La France a envie qu’on la prenne. Ca lui démange le bassin. »

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