Nicolas Sarkozy : sa présidence changea le paysage social de la France<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy a été à l'origine de nombreuses réformes.
Nicolas Sarkozy a été à l'origine de nombreuses réformes.
©Reuters

Bonnes feuilles

Maxime Tandonnet revient sur la président de Nicolas Sarkozy et rappelle qu'au-delà du jugement qu’on peut avoir sur le fond de l’œuvre de réforme accomplie par l'ex président, elle est monumentale. Extrait de "Histoire des présidents de la République" (1/2).

Maxime  Tandonnet et Sylvain Saligari

Maxime Tandonnet et Sylvain Saligari

Maxime Tandonnet est un haut fonctionnaire français, qui a été conseiller de Nicolas Sarkozy sur les questions relatives à l’immigration, l’intégration des populations d’origine étrangère, ainsi que les sujets relatifs au ministère de l’Intérieur.

Il commente l'actualité sur son blog personnel.

Sylvain Saligari est avocat au barreau de Paris. Il est spécialisé dans le droit d'asile.

Voir la bio »

Pourtant, par-delà ces transformations successives, l’œuvre de réforme accomplie – au-delà du jugement qu’on peut en avoir sur le fond – est monumentale. Elle renoue durablement, pour la première fois depuis Raymond Barre, avec la notion d’effort, de remise en cause des droits acquis, d’intérêt national. Derrière les soubresauts de sa présidence, Nicolas Sarkozy a changé le paysage politique et social de la France.

Il met ainsi en place un « service minimum » dans les transports publics, véritable révolution attendue par les Français, traumatisés par les grands mouvements de blocage du pays depuis des décennies. Il assouplit les trente-cinq heures32, facilitant le recours à des heures supplémentaires défiscalisées, réduit l’impôt sur l’héritage, réforme selon lui la plus populaire de son mandat, met fin à la taxe professionnelle, considérée, depuis sa création en 1975, comme un boulet pour le développement des entreprises. Il engage une transformation profonde de l’appareil éducatif, instituant l’autonomie des universités. Il organise avec Jean-Louis Borloo le Grenelle de l’environnement, préemptant le thème de l’écologie, jusqu’alors monopolisé par la gauche. Il lance un grand emprunt national de 35 milliards d’euros, destiné à financer des investissements d’avenir pour le pays. Il introduit des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels. Après une longue campagne d’explication, il porte l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans, rompant avec un tabou hérité du premier septennat de François Mitterrand. Cette révolution s’effectue dans un climat profondément troublé. Des transporteurs routiers bloquent les raffineries et le pays voit venir le risque de pénurie d’essence. Le chef de l’État, arc-bouté sur sa volonté de fermeté, refuse de céder, fait évacuer les barrages par la force et obtient gain de cause. Ce succès met fin à la malédiction pesant depuis 1984 sur toutes les réformes difficiles et impopulaires en France, qui s’achèvent par un recul des gouvernements devant la pression de la rue.

Le 23 juillet 2008, le Congrès adopte à une voix près, celle du socialiste Jack Lang, une réforme constitutionnelle d’ampleur limitée, voulue par Nicolas Sarkozy : le mandat présidentiel ne sera plus renouvelable qu’une fois et le chef de l’État autorisé à s’exprimer devant le Congrès réuni à Versailles. Il utilisera cette possibilité le 22 juin 2009 pour annoncer son « grand emprunt ». L’expérience, qui rompt avec l’une des traditions républicaines les plus anciennes – il est le premier chef de l’État à se présenter devant le Parlement depuis Thiers –, laisse un arrière-goût de grandiloquence et ne sera pas renouvelée. Nicolas Sarkozy se montre plus convaincant en transformant profondément le mode de gestion de la présidence de la République, qui doit être pour lui un laboratoire de « l’État irréprochable ». Il décide de faire contrôler ses finances par la Cour des comptes, mettant fin à cent vingt-cinq ans de gestion opaque. L'Élysée, qui utilisait des moyens mis à disposition – prêtés – par les ministères, bénéficie désormais d’un budget propre de 113 millions d’euros.

Le quinquennat connaît cependant trois reculs emblématiques. À la suite d’une censure constitutionnelle et sous la pression d’une majorité hostile, Sarkozy renonce à son projet d’instauration d’une taxe carbone sur les activités économiques polluantes, après avoir considéré cette idée comme révolutionnaire. Il abandonne aussi, face à des obstacles juridiques insurmontables, son dessein de supprimer les juges d’instruction, institution qu’il considère comme un dangereux archaïsme français. Enfin, sous l’impact de la crise économique et face à la déferlante de critiques envers une disposition favorable aux privilégiés, il met fin en 2010 au bouclier fiscal – nul ne saurait subir un prélèvement fiscal supérieur à 50 % de son revenu –, pourtant au cœur de ses engagements de 2007. Ces renoncements, imposés par les faits, ternissent l’image du chef de l’État dans une partie de l’opinion.

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Extrait de "Histoire des présidents de la République", Editions Perrin (mars 2013)

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