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La guerre du vent
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EDITORIAL

Le 11 juillet, Nathalie Kosciusko-Morizet lançait l’appel d’offre annoncé depuis des mois sur l’éolien offshore. Le week-end dernier, Matignon rendait ses derniers arbitrages concernant les nouvelles règles d’appel d’offre pour l’industrie photovoltaïque. Juillet 2011, relance des nouvelles filières d’énergie renouvelable avec l’espoir de créer des filières françaises.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Nous ne le savons pas assez, mais la France est le deuxième plus grand pays du monde. En effet, d'après la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, un État exerce ses droits souverains en matière d'exploration et d'usage des ressources sur une surface maritime à 200 miles marins de ses côtes. Exceptionnellement présente sur tous les continents, la France par ses départements et territoires d’outre-mer dispose ainsi de la deuxième plus grande « zone économique exclusive » du monde, après les Etats-Unis et devant l’Australie, soit 11 millions de km2 comparés aux 671 000 km2 de se surface « terrestre ». Au delà de ce petit clin d’œil, et même si bien sur la production d’électricité à partir d’éolien offshore doit être à proximité des bassins de consommation, la France n’en demeure pas moins un État marin qui, de ce seul point de vue, a un devoir de leadership et d’exemplarité en matière de préservation et d’exploitation des océans.

Hors, aujourd’hui, avec aucune éolienne en mer en activité, la France est en retard dans le domaine de l’éolien offshore, et l’éolien « total » représente moins de 2% de la production électrique française (1,7% fin 2010, via 6000 MW d’éolien terrestre – par comparaison, le photovoltaïque, c’est 0,1%, 1000 MW installés).

L’appel d’offre lancé le 11 juillet concerne une première tranche de 3000 MW (environ 600 éoliennes marines) et sera suivi d’un second équivalent en avril 2012. A terme, ces 1200 éoliennes fourniront l’équivalent de 3,5% de la consommation électrique française. Compilé avec l’éolien terrestre, les objectifs du Grenelle fixent à plus de 10% la consommation d'électricité qui doit provenir de l’éolien en 2020 … un objectif déjà atteint par l’Espagne … en 2010. Pour rappel, au total, la France s’est fixé l’objectif de porter à 23 % de sa consommation d’énergie la part des énergies renouvelables en 2020. Cette part était à hauteur de 15% fin 2010, essentiellement grâce à l’hydraulique (12,4%), la première et plus ancienne source d’énergie renouvelable, souvent oubliée dans les analyses, mais dont le potentiel d’exploitation en France est atteint depuis plusieurs années.

Les autres modes de production électrique étant le nucléaire bien sur (74%) et la combustion fossile (11%). En Allemagne, le pays souvent considéré comme « écologique », la part des énergies renouvelables est identique à celle de la France fin 2010 (16%), mais d’abord grâce à l’éolien (7%) puis la biomasse (4%) et l’hydraulique (3%). Contrairement aux idées reçues, c’est l’Espagne qui compte aujourd’hui 35% (bien au delà de notre objectif 2020) d’énergies renouvelables avec 13% d’Hydraulique, 15% d’éolien (déjà) et près de 3% de photovoltaïque.   

L’enjeu est celui du mix énergétique, pas de la substitution d’une énergie par une autre.

La conjonction de nos besoins énergétiques grandissant, des enjeux environnementaux, de préservation des ressources, de la sécurisation des sources d’approvisionnement, de la maîtrise des risques (post-Fukushima notamment) nous pousse à développer un mix énergétique plus équilibré. La question n’est pas uniquement celle du « remplacement » du nucléaire ou du pétrole, mais bien des apports complémentaires, et petit à petit alternatifs, des nouvelles sources d’énergie. La part de l’électricité issue des énergies renouvelables va croître inexorablement, comme la performance de ces modes d’approvisionnement qui au delà d’être nouveaux sont surtout encore jeunes technologiquement.

Avec ces appels d’offre, le gouvernement cherche aussi à développer des filières françaises, mais sera-t-il en mesure de les « favoriser » comme il souhaiterait qu’Air France ait une préférence pour Airbus ? Surtout quand parmi les champions internationaux de l’éolien offshore, aucun n’est français (pas encore). Face à un marché mondial en plein essor (100 GW de projets rien qu’en Europe), Quid de la concertation au sein de l’Europe pour créer les champions européens des énergies renouvelables ?, les Airbus de l’éolien, du photovoltaïque ou de la biomasse autour d’un réseau de PME performantes et de start-up sur les bioénergies de demain ?

En outre le développement de filières économiques passe par le développement de cursus de formation, de centre de recherche et développement conjoint. Comme le TGV a réinventé le train, comment nous mettre en situation d’inventer les TGV de l’éolien offshore de demain ? ces mâts à 5 ou 6 MW à l’étude chez Alstom, Siemens ou Vestas. Tout est à (re)inventer, avec réalisme sûrement, en concertation avec les parties prenantes certainement, avec enthousiasme absolument.

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