"La mort ne fait pas mal"<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Salon de la mort se tient à Paris jusqu'au 10 avril.
Le Salon de la mort se tient à Paris jusqu'au 10 avril.
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Philosophie

Le premier Salon de la mort grand public se tient ce week-end au Carrousel du Louvre à Paris. L'occasion pour le philosophe Bertrand Vergely de répondre à certaines questions existentielles.

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely est philosophe et théologien.

Il est l'auteur de plusieurs livres dont La Mort interdite (J.-C. Lattès, 2001) ou Une vie pour se mettre au monde (Carnet Nord, 2010), La tentation de l'Homme-Dieu (Le Passeur Editeur, 2015).

 

 

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Atlantico : un Salon de la mort ouvert au grand public, n'est-ce pas incongru ?

Bertrand Vergely : Il est vrai qu'un Salon de la mort n'est pas vraiment attirant. Il existe déjà le Salon du mariage, de l’automobile, de l’agriculture ou encore le Salon du prêt à porter. En réalité, la mort est un objet de consommation comme les autres. Je comprends donc tout à fait que les professionnels souhaitent rencontrer leur public.

J'en ai d'ailleurs discuté avec Marie De Hennezel, qui tient ce vendredi une conférence sur le sujet et avec qui j’ai écrit le livre Une vie pour se mettre au monde (Editions Carnets Nord, 2010). Elle m’a dit : "écoute, ce sont des gens très respectables qui considèrent qu’il faut parler de la mort". Dans un monde qui tend à exclure la question de la mort, c’est un moyen de pénétrer cette société et de dire un certain nombre de choses. Cela peut aider un certain nombre de gens qui n’ont jamais entendu parler de la mort et pour qui la mort est une véritable catastrophe.

Aujourd'hui, la vision que nous avons de la mort, c'est celle où l'on souhaite que cela se passe le plus vite possible et le mieux possible. L’idée :  c’est mourir, c’est disparaître dans son sommeil sans s'en rendre compte. Il y a donc une évacuation totale de la mort.

Cette évacuation de la mort qui caractérise nos sociétés est-elle une bonne chose ?

Pour le confort, cela est souhaitable. Mais au niveau symbolique, c'est grave, car nous faisons comme si nous allions vivre indéfiniment, comme si la mort n’avait pas le droit d’exister.

Cela me fait penser à la nouvelle de Léon Tolstoï, La Mort d'Ivan Ilitch. Ivan Ilitch meurt et l'on considère que c’est indécent. L'écrivain russe a même cette image : "mourir c’est comme péter dans un salon, ça ne se fait pas". Cette idée que la mort est inconvenante, est une idée totalement absurde.

On meurt rarement seul. Mourir, c’est aussi impliquer d’autres personnes malgré soi, les faire souffrir ?

Nous avons une vision un peu absurde de la mort, comme si elle faisait mal. La mort ne fait pas mal, c’est justement le moment où l'on cesse de souffrir.

En revanche, pour les autres, la mort n'est jamais agréable. Une de mes amies en a fait la triste expérience lorsqu'elle s'est réveillée aux côtés de son mari, décédé dans son sommeil.

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