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Mort de Ben Laden : 
une chance pour Obama ?
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Présidentielle US 2012

Après la mort de Ben Laden, le peuple américain est descendu par milliers dans les rues de Washington et de New York, frappés en septembre 2001 par les terroristes d'Al-Qaida. Une aubaine pour Obama en vue de l'élection présidentielle américaine de 2012 ?

Olivier Chopin

Olivier Chopin

Olivier Chopin est enseignant-chercheur en sciences politiques à la Faculté des lettres et sciences humaines de Lille.

Il a animé en 2011un séminaire à l'EHESS, intitulé La guerre à la terreur (2001-2010) : discours, doctrines, institutions.

 

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Atlantico : A un an des élections présidentielles américaines, la mort de Ben Laden constitue-t-elle une bonne nouvelle pour Barack Obama ?

Olivier Chopin : C’est une bonne nouvelle pour Obama, parce que c’était un objectif qu’il avait affiché dès sa campagne électorale. Il y avait eu des échanges très vifs avec John McCain sur ce point, et Obama avait affirmé qu’il n’hésiterait pas à aller au Pakistan avec ou sans l’accord des autorités pakistanaises si des informations lui permettaient de penser qu’il s’y trouvait. Obama voulait restaurer le véritable objectif de la lutte contre le terrorisme, sachant que l’Afghanistan n’était pas l’objectif pour lui.


Depuis quand les services de renseignements américains étaient-ils au courant de la localisation de Ben Laden ?

D’après les déclarations des officiels de la Maison Blanche, il y avait un temps de collecte de renseignements très long. Ils ont appris qu’il était à cet endroit en août dernier, fait les premières réunions en septembre, et sont arrivés à la conclusion qu’ils pouvaient agir en février. Ensuite, vient le temps de l'action. C’est assez crédible, sur une opération aussi difficile, aussi complexe, que cela prenne autant de temps. Pour limiter les risques d’échec, il faut préparer l’opération très longtemps en avance.

Maintenant, je pense qu’il y a aussi des considérations de politique intérieure fortes pour Obama, car il est très affaibli dans sa politique domestique, il a obtenu difficilement le vote de son budget, face à une Chambre des représentants républicaine très vindicative, il ne peut faire fonctionner son gouvernement que s’il abandonne des pans significatifs de sa politique de santé votée lors de la première moitié de son mandant. Il est confronté à des divisions au sein de son gouvernement, et à une dette colossale.

Il ne faut pas se tromper : j’imagine très difficilement que l’agenda de lutte contre le terrorisime soit fixé en fonction de considérations politiques intérieures. En revanche, que cet agenda, fixé par les militaires, les forces spéciales, puisse être utlisé par Obama : oui.

Cela le repositionne comme Commandant en chef, un rôle qu’il a encore très peu utilisé lors de son mandat de président, et là je pense qu’il va l’utiliser plus. C’est un rôle qui marche bien aux Etats-Unis, même si ce n’est pas le meilleur rôle, le meilleur étant celui d’être l’artisan de la prospérité économique. Mais quand vous ne pouvez pas être dans un rôle purement économique, être le chef des armées, conquérant et vainqueur, cela vous donne une crédibilité. C’est surtout un des rares terrains sur lequels les républicains du Congrès ne peuvent pas le critiquer.

Quelles conséquences peut avoir la mort de Ben Laden sur la politique intérieure américaine ?

Il y a un risque majeur : que la mort de Ben Laden provoque un retour de flamme, avec une série d’attentats en représailles. Sans doute pas un attentant majeur type 11 septembre 2001, car l’organisation parait très affaiblie, et la mort de Ben Laden devrait accroitre cet affaiblissement, mais que des intérêts américains à l’étranger puissent être menacés, ou même une voiture piégée qui exploserait quelque part sur le territoire américain n’est pas impossible. Etre confronté à des questions de sécurité intérieure ou des intérêts américains à l’étranger, c’est un nouveau problème à gérer pour cette fin de mandat. Or l’expérience politique montre que les succès à l’international ou sécuritaires ne font pas le poids face aux problèmes de politique intérieure. Cela ne peut pas être un réel avantage politique, mais cela lui redonne une personnalité et une position forte. A lui de le capitaliser dans les autres domaines qui comptent vraiment dans les autres élections.

Maintenant, si les Etats-Unis devaient être frappés par une longue série d’attentats mineurs ou par un attentat majeur, paradoxalement, Obama pourrait apparaître comme le responsable indirect de cette situation. "A mesure que l'on lutte contre le terrorisme on le favorise" est un argument qui fait mouche.

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