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Le plan dont tout le monde parle à Wall Street aujourd'hui : la recette Soros pour sauver l'euro
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Sortie de crise

A quelques jours du sommet européen qui débutera jeudi à Bruxelles, le financier et père des hedge funds George Soros propose un plan de sortie de crise pour la zone euro. Son remède ? Un nouvel acronyme : l'Autorité Fiscale Européenne, qui rachèterait la dette des pays en difficulté en échange de réformes structurelles.

George Soros est l'un des analystes les plus limpides et les plus prolixes sur la crise de la zone euro. Habitué à analyser les causes de la crise et à prévoir les désastres à venir, le milliardaire se lance cette fois dans une proposition de plan de redressement de l'économie européenne.

Dans un article publié mardi dans le Financial Times, il pose la question "Comment l'Europe peut-elle sauver l'Europe ?"

Voici ce qu'il en dit plus précisément dans une interview à Bloomberg TV.

Premier constat : la zone euro avance pour l'instant vers l'exact opposé de l'idéal de société ouverte dont rêvaient les fondateurs de l'Euro. Au contraire, elle se rapproche chaque jour d'un univers anti-démocratique à domination allemande, le reste de l'Europe étant asservie. Or, ce monde-là n'est souhaitable pour personne, y compris pour les Allemands eux-mêmes.

Angela Merkel ou Mario Draghi affirment que l'utilisation de la Banque Centrale Européenne pour résoudre les problèmes fiscaux des pays de la zone euro est une pratique qui va à l'encontre des règles européennes

Mais selon Soros, le sommet européen à venir jeudi et vendredi à Bruxelles passe à côté d'un ordre du jour qui mériterait l'attention : la création d'une Autorité Fiscale Européenne (AFE) qui, en partenariat avec la Banque Centrale Européenne, pourrait faire ce que celle-ci ne peut accomplir toute seule. Ce type de structure a déjà été réclamé par l'Espagne par l'intermédiaire de Mariano Rajoy, qui souhaite ainsi harmoniser les politiques fiscales européennes.

L'AFE pourrait par exemple établir un Fond de réduction de la Dette – une forme modifiée du Pacte Européen de Rédemption qui a été proposé par les Conseillers économiques de Merkel, et approuvé par les sociaux démocrates et les verts allemands. En échange de réformes structurelles spécifiques en Italie et en Espagne, le Fonds acquerrait une portion significative de leur considérable dette. L'achat serait financé par l'émission de bonds du Trésor européens.

"Les bonds du Trésor se verraient attribuer un risque zéro par les autorités et seraient traités comme des actifs collatéraux de haute qualité en vue d'accords de rachat ("repos") par la Banque Centrale", explique Soros. Le système bancaire a en effet un besoin urgent d'actifs liquides sans risque.

Pour résumer, ce Fonds de Rédemption pourrait racheter de la dette souveraine, en se finançant lui-même via des bonds du Trésor garantis par la BCE, au risque le plus faible possible. De leur coté, les pays qui bénéficieraient du fonds pour se financier, devraient en contrepartie accepter de mettre en œuvre des réformes structurelles. Tout échec dans la mise en place des réformes se solderait par une pénalité, qui pour autant ne serait pas fatale. L'objectif restant de mettre en place toutes les réformes possibles afin d'atteindre en bout de course une union fiscale plus complète, avec l'existence d'eurobonds.

Soros souhaite donc en substance que l'Europe utilise la Banque Centrale et l'Allemagne comme filets de sécurité pour balayer le risque d'explosion de la dette souveraine. Les investisseurs ne devraient pas avoir à s'inquiéter de l'éventualité que l'Espagne ou l'Italie se retrouvent au tapis.

Mais derrière  cet optimisme apparent, le financier met en garde : le sommet européen à venir pourrait être celui de la dernière chance. Si le sommet ne règle rien, l'Europe pourrait se retrouver un milieu d'un fiasco fatal, la Grèce quittant la zone euro sans bouclier de protection en place.

Curieusement, le projet de George Soros n'est pas très éloigné du plan proposé par l'Allemagne. Le ministre allemand des finances Wolfgang  Schäuble expliquait ainsi au Spiegel les conditions sous lesquelles l'Allemagne pourrait accepter l'instauration d'eurobonds :

"Dans un scénario idéal, il y aurait un ministre des Finances européen, qui posséderait un droit de véto contre les budgets nationaux et devrait approuver systématiquement les nouveaux emprunts. Il serait de la responsabilité individuelle des pays de décider comment dépenser les fonds approuvés, c'est-à-dire, comment répondre à la question "Devons-nous dépenser plus d'argent pour les familles ou les constructions de routes ?""

Berlin réclame davantage de contrôle sur les budgets nationaux comme prérequis pour accepter une mutualisation de la dette.

La vision de Soros est certes un peu moins ferme. Mais dans les deux cas, il s'agit de palier un manque de souveraineté par un filet de sécurité fédéral.

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