Près de la moitié des langues parlées sur Terre en voie de disparition : pourquoi nous risquons de perdre une partie considérable de notre patrimoine culturel, historique et scientifique<!-- --> | Atlantico.fr
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L'alsacien ou le corse sont encore pratiquées mais menacées quand même. D'ici les 50 prochaines années, si rien ne change, il est probable que ces langues disparaissent des pratiques ordinaires.
L'alsacien ou le corse sont encore pratiquées mais menacées quand même. D'ici les 50 prochaines années, si rien ne change, il est probable que ces langues disparaissent des pratiques ordinaires.
©PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

“Coooooorrrrsica”

Sur les 5 000 à 7 000 langues et dialectes parlés sur Terre, environ la moitié devrait disparaître d'ici la fin du siècle. Une évolution qui ne sera pas sans conséquences dans bien des domaines de la vie.

Philippe Blanchet

Philippe Blanchet

Philippe Blanchet est enseignant-chercheur en sociolinguistique et en didactique de la communication plurilingue et interculturelle. Il est responsable du Master international "Francophonie, Plurilinguisme et Médiation Interculturelle" à l'université Rennes II, mais aussi co-directeur des Cahiers internationaux de Sociolinguistiqueet rédacteur en chef des Cahiers de Linguistique, revue de sociolinguistique en langue française. 

Son dernier ouvrage, Discriminations : combattre la glottophobie (éditions Textuel, 2016), aborde, d'un point de vue original, l'instrument de pouvoir qu'est le langage. 

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Atlantico : Quelles peuvent être les raisons de l'actuelle disparition accélérée des langues humaines parlées sur Terre ?

Philippe Blanchet : Selon l'atlas mondial des langues en danger établi par l'Unesco (voir ici), plus de la moitié des dialectes actuellement parlés sur Terre sont en effet en voie de disparition. 

Cette hécatombe linguistique est d'abord le résultat de deux siècles de colonisation. Nombreux sont les colons à avoir interdit aux premiers occupants de parler leur langue d'origine, comme la France l'a fait avec les Kanaks en Nouvelle-Calédonie par exemple. 

L'autre raison principale qui explique l'actuelle disparition massive des langues est la mise en place, depuis le XIXème siècle, de politiques d'uniformisation des Etats visant notamment à interdire la pratique des langues régionales, comme le breton par exemple.

Dans quelles régions du globe les langues humaines sont-elles les plus menacées ?

Les langues ont d'abord commencé à disparaître massivement sur le continent américain, au cours de la deuxième moitié du XXème siècle. 

Aujourd'hui, c'est principalement l'Afrique, et plus particulièrement l'Afrique centrale, qui voit ses langues s'éteindre les unes après les autres depuis le début du XXIème siècle. 

L'Europe est également en train de perdre un nombre considérable de langues régionales, dont on estime la durée de vie à moins de 50 ans pour la plupart. 

Existe-t-il un moyen de préserver ces langues qui risquent peu à peu de disparaître ? Doit-on se battre pour qu'elles ne disparaissent pas, selon vous, ou doit-on les laisser évoluer naturellement ?

A partir du moment où les usagers d'une langue s'opposent à sa disparition, il est nécessaire de mettre en place des politiques publiques pour la sauver, comme cela a été fait pour le basque, le corse, le breton... C'est même un droit fondamental que l'on doit respecter, car la mort d'une langue entraîne avec elle tout un patrimoine culturel, historique, littéraire, scientifique et médical.

Propos recueillis par Thomas Gorriz

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