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Matteo Salvini-Marine Le Pen, même combat pour l’après européennes ? Pas si sûr…
©ALBERTO PIZZOLI / AFP

Grandes manoeuvres des droites

A l’approche des élections européennes, Matteo Salvini, avec l’appui de Marine Le Pen, multiplie les efforts pour construire un groupe puissant au sein du Parlement européen. Toutefois, si les partis nationalistes et eurosceptiques/europhobes se rejoignent sur la question migratoire, ils ne conçoivent pas les questions européennes et économiques de la même manière.

Anaïs Voy-Gillis

Anaïs Voy-Gillis

Anaïs Voy-Gillis est docteur en géographie de l'Institut Français de Géopolitique. Ses recherches concernent la montée des nationalismes et des droites extrêmes en Europe.

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Atlantico : Marine Le Pen a rencontré cette semaine Matteo Salvini, le ministre de l'intérieur italien, qui veut une alliance des partis de droite (tendance eurosceptique) avant les élections européennes. Il tiendra un meeting commun avec Marine Le Pen le 18 mai. Viktor Orban a décliné la proposition. Cette alliance a-t-elle des chances d'aboutir ? Qu'est-ce que Matteo Salvini peut espérer obtenir de la réalisation d'une telle coalition électorale ?

Anaïs Voy-Gillis : La création d’un groupe nationaliste et eurosceptique au sein du Parlement européen pour la Ligue et le Rassemblement National sera certainement plus évident en 2019 qu’en 2014. Toutefois, il y a peu de chances que tout cela se traduise par la création d’une grande coalition au sein du Parlement européen. L’émergence d’une coalition est un moyen pour Salvini de créer un rapport de force au sein du Parlement européen, même si les élus de ces partis sont rarement exemplaires au sein du Parlement (absentéisme notamment). Salvini espère une recomposition de l’échiquier politique européen à l’image de ce qui s’est produit en France en 2017 avec une remise en cause des cadres européens pour aller vers une Europe des Nations.

Toutefois, le rapport à l’Union européenne n’est pas du tout le même entre la Ligue, le Fidesz ou même le FPÖ ce qui complique le travail d’alliances.

L'autre objectif de Salvini (et de Marine Le Pen) serait de créer un grand groupe eurosceptique au parlement européen, qui en compte actuellement trois (ENL, CRE et ELDD). A-t-il des chances d'y parvenir? Peut-il rallier le Fidesz d'Orban qui appartient au PPE? Dans quelle mesure un tel groupe serait-il en capacité d'influer sur les politiques européennes?

Il va être difficile de rassembler l’ensemble des eurosceptiques au sein d’un même groupe au Parlement européen. D’une part, parce qu’en dehors de la question migratoire, ces partis ont des visions très différentes. D’autre part, parce que les stratégies de chaque parti sont très différentes. On imagine mal Les Patriotes faire une alliance avec le Rassemblement National au sein du Parlement européen. En outre certains partis ont refusé de s’allier de manière ferme avec le Rassemblement National comme l’UKIP ou le Parti Populaire Danois, tous les deux membres du CRE.

Il est plus difficile d’envisager que le Fidesz ou que le PiS (membre du CRE) rejoignent cette coalition notamment parce que la stratégie de ces deux partis n’est pas la même que celle de Salvini. Orban a un double discours entre un discours tenu à l’échelle nationale très europhobe et un discours tenu à Bruxelles plus neutre. Orban se voit en héritier de la démocratie chrétienne et cherche à créer un bloc conservateur via une éventuelle recomposition du PPE.

Pour les partis eurosceptiques, quelle est la meilleure stratégie pour peser au sein du parlement européen? Vaut-il mieux siéger dans un groupe eurosceptique, comme la Ligue et le Front National, ou rester au sein d'un groupe plus large, comme le fait - pour le moment - le Fidesz de Viktor Orban au sein du PPE?

La meilleure stratégie est d’être dans un groupe qui partage les mêmes idées et la même vision du monde. Le Fidesz se retrouve sur de nombreux sujets au sein du PPE. Les divergences peuvent venir sur les questions migratoires mais sur ce sujet les positions prises par le Rassemblement National ou la Ligue font de plus en plus consensus au sein d’une partie de la droite européenne.

Il est à noter que les partis au pouvoir en Hongrie, en Pologne ou en Roumanie sont des exceptions par les réformes remettant en cause l’État de droit qu’ils ont pris. Ils peuvent être difficiles à intégrer dans un groupe au Parlement européen car leurs réformes entrent en opposition avec les valeurs fondamentales de l’Union européenne.

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