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Malgré la mise en garde d’un groupe de psychiatres réunis à Yale, voilà pourquoi Donald Trump n’a pas forcément de problèmes de "maladie mentale dangereuse"
©JIM WATSON / AFP

Dingo

Des psychiatres membres de l'association "Duty to warn" ("Obligation de prévenir") ont été invités à la conférence du jeudi 20 avril au sein de l'université de Yale portant sur la santé mentale de Donald Trump. Pour eux, le président américain souffrirait de "paranoïa", de "délire" et de "folie des grandeurs".

Atlantico: Peut-on prendre un tel diagnostic au sérieux, alors qu'aucun des psychiatres invités n'a rencontré Donald Trump, et n'a donc suivi le protocole médical de rigueur ?

François Chauchot : Peut on prendre un tel diagnostic... la réponse est sans hésitation non ; car poser un diagnostic suppose au préalable de rencontrer la personne dans le cadre d'un entretien, où s'instaure une confiance réciproque, permettant au sujet de se confier sans détours, et sans crainte d'être jugé. Or, c'est bien loin d'être la situation d'un homme politique, en constante représentation et soucis de communication. Par ailleurs, un diagnostic au cours d'un entretien peut être consolidé par la passation de tests psychométriques, ou de questionnaires d'évaluation diagnostique ; et je vois mal comment Monsieur Trump pourrait se prêter à ce genre d'exercice. Enfin, les hommes politiques se doivent de communiquer, c'est-à-dire de faire passer un message audible pour leur électorat potentiel, et la encore, c'est bien loin de se laisser aller à "parler de soi " en toute franchise, élément essentiel au diagnostic. En d'autres termes, pour qu'un diagnostic soit posé, il faut que le patient se laisse aller à cet examen. Poser un diagnostic sur des images TV revient à s'attacher à ce qui est vu  et dit par le sujet, donc potentiellement à ce qui peut être mis en scène par ce dernier.

Outre la santé mentale de Donald Trump, n'existe-t-il pas d'autres explications à un comportement effectivement "extravagant" ? 

Ce comportement extravagant peut être plutôt compris comme un "masque", ou une attitude de prestance, dans le souci d'impressionner l'autre, et de se rendre insaisissable et imprévisible. Il serait alors dommage de ne le juger qu'à travers ce que l'on voit de lui. Par ailleurs, cette impulsivité, et ce caractère prétendument irréfléchi qu'on lui prête ne s'accordent pas avec sa réussite d'homme d'affaires, quoiqu'on en dise. Et l'on sait qu'une certaine d'impulsivité, une grande confiance en soi (sans parler de "mégalomanie") et un faible niveau de culpabilité peuvent conduire à de grandes réussites.

A l'inverse, quels sont les "biais" psychologiques des hauts responsables politiques ? Peut on voir des points communs entre les différents chef d'Etat, qui pourraient expliquer, au moins partiellement, un tel jugement ?

La question de l'état de santé psychique des dirigeants n'est pas une affaire nouvelle ; depuis Louis 2 de Bavière, et plus proche de nous le livre "Ces malades qui nous gouvernent". Tous ne présentent pas de troubles psychiques, loin de là, mais certainement des dispositions de tempérament permettant de supporter de telles situations stressantes, une estime d'eux élevée associée à une combattivité, relayée par le regard des autres et des militants. Si bien qu'il est difficile de concevoir l'homme politique comme une entité isolée, mais comme un dépositaire d'une autorité que les autres lui confient, dans le stress du combat politique. Ces "fortes personnalités" correspondent bien souvent à ce que certains rattachent au narcissisme et au sentiment de toute puissance de l'individu.

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