Mais pourquoi les symptômes du rhume sont-ils pires la nuit ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une panoplie de médicaments sont préconisés pour lutter contre cette toux nocturne.
Une panoplie de médicaments sont préconisés pour lutter contre cette toux nocturne.
©Flick/Alex E. Proimos

Cycle nycthéméral

Un certain nombre de malades de la grippe ou du rhume se plaignent de symptômes plus virulents une fois la nuit tombée.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Un certain nombre de malades de la grippe ou du rhume se plaignent de symptômes plus virulents une fois la nuit tombée. Ils toussent davantage ou font face à un nez qui coule plus abondamment, par exemple. S’agit-il d’une simple impression ou est-ce là un phénomène réel ? Comment expliquer, dès lors, les mécanismes à l'œuvre ?

Antoine Flahault : La réalité dont nous avons probablement tous fait l’expérience, c’est en effet d’être réveillé en pleine nuit par des quintes de toux sèche, alors que l’on était enrhumé et que l’on toussait certes en journée mais de façon moins dérangeante. Cette toux nocturne est provoquée par le cycle nycthéméral du cortisol endogène. De quoi s’agit-il ? Eh bien, nous produisons notre propre anti-inflammatoire, du cortisol, qui lutte contre les phénomènes irritatifs qui agressent notre corps durant la journée. Mais lorsque la nuit arrive, notre horloge biologique reçoit des signaux qui indiquent à notre « usine de production », les glandes surrénales, de cesser de produire du cortisol, de mettre la chaîne de production interne au repos. Ainsi, entre minuit et trois heures du matin, notre taux de cortisol naturel est au plus bas dans notre circulation. Si nous sommes infectés par des virus qui irritent notre trachée et nos bronches, l’inflammation n’est plus suffisamment endiguée par notre production diurne de cortisol et nous nous mettons à tousser et cela nous réveille. Il arrive aussi lorsque l’on a une forte congestion nasale que le repos allongé la nuit se passe assez mal, car alors des glaires nasales et sinusales descendent dans l’arbre bronchique et causent une toux grasse qui peut aussi nous réveiller au milieu de la nuit. Il peut enfin arriver que l’on prenne des médicaments, notamment contre l’hypertension, qui provoquent une toux nocturne, mais c’est un tout autre mécanisme, sans rapport avec une infection ou un rhume, c’est un effet indésirable de ces médicaments. Le médecin traitant sait faire le tri entre ces différentes origines de la toux nocturne qui appellent des solutions différentes.

Que peut-on préconiser contre cette toux nocturne, lorsqu’elle survient à la faveur d’un rhume, d’une grippe ou d’un Covid ?

Il existe une panoplie de médicaments antitussifs, qui peuvent s’administrer sous forme de comprimés, de sirop à avaler ou encore de dragées ou de pastilles à sucer. Les pneumologues, y compris dans les hôpitaux universitaires, sont assez méfiants vis-à-vis des antitussifs, notamment ceux contenant de la codéine, un dérivé de la morphine. En effet, leur mode d’action est de ralentir la respiration. Chez certaines personnes insuffisantes respiratoires, ils sont contre-indiqués. Par ailleurs, ils ne sont pas beaucoup plus efficaces que des … glaçons, que l’on peut consommer, eux, sans modération. Les glaçons ont en effet un fort pouvoir antitussif, qui ne dure certes pas très longtemps mais ils ne causent ni risque d’addiction, ni effets indésirables, ni risque de surdosage et ils n’ont aucune contre indication. Bon, ils ne sont pas remboursés par l’assurance maladie, mais ils ne coûtent rien ! Le thé au miel est un autre « remède » traditionnel très prisé lors de la saison froide. Pris avant de se coucher, il peut permettre de prévenir la descente des glaires naso-sinusales dans l’arbre bronchique inférieur en réhydratant le patient. Surveiller l’hygrométrie de la chambre à coucher est également une mesure correctrice importante. Une valeur de l’hygrométrie de la pièce comprise entre 40 et 60% est recommandée, or trop souvent le chauffage central provoque un dessèchement de l’air intérieur propice à l’irritation de l’arbre respiratoire.

Que faire pour se préserver de ce genre de situation ?

On pourrait être beaucoup plus ambitieux que nous le sommes vis-à-vis des infections respiratoires dans leur ensemble. Nous en avons souvent parlé dans ces colonnes, mais on pourrait se débarrasser quasi complètement de toutes ces petites ou grandes misères de la saison froide, de tous ces virus respiratoires, qui, avec le Covid, nous empoisonnent l’existence plusieurs fois par an, été comme hiver. Pour cela, il faudrait respirer un air intérieur de la même qualité microbiologique que celle de l’air extérieur. Lorsque l’on vivra dans des locaux correctement ventilés, alors on souffrira beaucoup moins souvent de ces infections respiratoires à répétition. Mais on en est encore loin. Il a fallu plus de cinquante ans pour que l’on se débarrasse du choléra par l’assainissement de l’eau dans nos métropoles occidentales et je ne serais pas surpris que l’on mette autant de temps à se débarrasser désormais des virus respiratoires.

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