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Mais comment la gauche s'est-elle laissée entraîner aussi facilement dans un macronisme qui piétine largement ses valeurs traditionnelles ?
©Capture d'écran

Contre nature

La majorité de la gauche électorale pourrait être choquée par certaines propositions ou déclarations d'Emmanuel Macron et, après voté par efficacité pour Macron, refuser de voter pour les candidats En Marche.

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque est historien, spécialiste du communisme, de l'anarchisme, du syndicalisme et de l'extrême gauche. Il est l'auteur de Mensonges en gilet jaune : Quand les réseaux sociaux et les bobards d'État font l'histoire (Serge Safran éditeur) ou bien encore de La gauche radicale : liens, lieux et luttes (2012-2017), à la Fondapol (Fondation pour l'innovation politique). 

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Atlantico : Alors que le début de la Présidence Emmanuel Macron se caractérise par la prochaine loi travail, l'introduction de mesures de l'Etat d'urgence dans le droit commun, une position ferme de Gerard Collomb sur la question des migrants, ou encore le "mot" d'Emmanuel Macron, "Du Comorien", comment expliquer que la gauche, et plus spécifiquement le PS, se soit laissée entraîner dans le macronisme sur des points aussi frontalement contraires à ses traditions ?

Sylvain Boulouque : Ce sur point, c’est plutôt  la question de la continuité qui est en jeu. Le projet de loi prolonge et approfondit la loi El Khomri. De même, la politique relative à l’état d’urgence est la conséquence des décisions de Hollande et de Valls. Enfin, si l’on se souvient des déclarations de Manuel Valls ou de la politique migratoire du quinquennat Hollande il n’existe pas de différence fondamentale entre les différents gouvernements. En revanche, la majorité de la gauche électorale peut être choqué par cette politique et après voté par efficacité pour Macron, refuse de voter pour les candidats en Marche. D’autre part la politique économique telle qu’elle est présentée aujourd’hui risque de détacher les groupes traditionnels de la gauche qui jusqu’à lors s’étaient plus ou moins rapprochés de l’actuel gouvernement. 

Qu'est ce que cette "transformation" révèle de l'état préalable de la gauche ?

Elle révèle surtout des évolutions et des divisions de la gauche qui compte aujourd’hui un nombre important de division qui se recoupe et parfois se déchire. Il y a des gauches : entre des gauches gouvernementales (version Hollande ou version Hamon) et la gauche radicale (Mélenchon, etc) et des divisions entre les gauches sociétales. La première veut gérer la société en s’adaptant au libéralisme et en obligeant la gauche à se plier au modèle économique et social dominant alors que l’autre veut adapter et transformer la société.

Quelle est la responsabilité du hollandisme dans cette mue de la gauche ?

François Hollande et Manuel Valls sont doublement responsables de cette évolution dans la mesure où Emmanuel Macron est issu de ce sérail. Ils partagent globalement les mêmes valeurs et les mêmes codes. En même temps, ils sont également responsables car contrairement à Macron, ils n’ont pas dit précisément à leur électorat ce qu’ils allaient faire et ce qu’ils voulaient faire. Dès lors il est normal qu’une partie de l’électorat de gauche se soit senti désarçonné et ait refusé dès lors de voter pour les socialistes, même si ce qui est paradoxale c’est que une grande partie des dirigeants socialistes qui se présentent sont relativement critique vis-à-vis de la politique de Hollande.

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