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Mais au fait, pourquoi Microsoft s'endette alors que la firme aurait largement pu payer cash les 26 milliards de dollars que lui a coûté le rachat de LinkedIn ?
©Reuters

Conjoncture

Alors que Microsoft dispose de plus de 100 milliards de dollars de réserves, la société a préféré recourir à l'emprunt afin de réaliser son acquisition de Linkedln, pour 26 milliards de dollars. Au regard du climat actuel de faible taux, cette stratégie est tout à fait rationnelle et efficace d'un point de vue économique.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Alors que Microsoft dispose de plus de 100 milliards de dollars de réserves, la société a préféré recourir à l'emprunt afin de réaliser son acquisition de Linkedln, pour 26 milliards. Quelles en sont les raisons, entre les enjeux fiscaux et le contexte de taux d'intérêts ? S'agit-il d'un choix rationnel ?

Philippe Crevel : Microsoft dispose de réserves importantes et aurait pu financer directement cette acquisition. Le recours à l'emprunt vise d'une part à profiter au mieux de la baisse des taux d'intérêt (la signature Microsoft étant recherchée par tout établissement financier, la société n'a aucune difficulté à contracter un emprunt), et d'autre part, à diminuer le montant des impôts à payer en faisant supporter une charge d'acquisition. Le montage financier plus l'opportunité d'avoir un financement à bas prix justifiait le recours à l'emprunt. C'est un choix a priori rationnel et au regard du climat de faible taux, cette stratégie est efficace d'un point de vue économique. Les réserves financières de Microsoft sont sans nul doute à des taux de rendement supérieurs au coût de l'emprunt. 

Les multinationales françaises usent-elles des mêmes pratiques concernant leurs réserves de cash ? Ont-elles également intérêt à les laisser "reposer" sous des cieux fiscaux plus cléments ? 

Les grandes entreprises françaises se financent plutôt par le marché (elles émettent plutôt des titres) et recourent de moins en moins au crédit car elles sont souvent plus endettées que les entreprises américaines. Après 2008, les entreprises américaines ont fortement diminué leur endettement tandis que les entreprises européennes et françaises ont maintenu un fort taux d'endettement. Elles n'ont donc pas les mêmes marges de manœuvre que Microsoft. 

Que peut-on dire d'une économie qui se caractérise par des entreprises qui ont "intérêt" à recourir à la dette ? Ne s'agit-il pas d'un phénomène totalement contre-intuitif à un moment où le surplus de dettes est perçu comme une cause du mal actuel ?

La dette en soi n'est pas négative : si l'endettement est générateur de création de richesse, de valeur, si c'est un investissement, alors c'est favorable à la croissance. Il ne faut pas condamner en soi l'endettement. L'endettement est nuisible quand il s'agit de financer du fonctionnement ou de la fausse création de valeur. En outre, il ne faut pas assimiler l'endettement privé et l'endettement public. L'endettement public finance les dépenses de fonctionnement de l'Etat, ce qui n'est pas forcément positif, tandis que l'endettement privé peut générer de la croissance. 

La question est de savoir si Linkedln est un actif créateur de valeur pour Microsoft. A priori oui. Par ailleurs, les revenus de Linkedln vont permettre le remboursement de l'emprunt.

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