Mais à quoi joue la Banque de France qui refroidit les prévisions 2024 de Bercy et prévient d'un retournement sur le chômage ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Le siège de la Banque de France, à Paris
Le siège de la Banque de France, à Paris
©AFP

Atlantico Business

La Banque de France reste en ligne avec Bercy sur 2023, révise à la baisse la prévision de croissance du PIB pour 2024 à 0,9 %, avec une perspective de chômage qui remontera. C'est le maillon faible du modèle français qui ressort...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Alors qu'Emmanuel Macron a fait de la réduction du chômage l'objectif cardinal de son deuxième mandat, la Banque de France vient de lancer un beau pavé dans la mare en prévenant que cela ne marchera pas... et pas seulement parce que les Français ont le goût des aides sociales, comme on a pu le constater sur YouTube, où un influenceur fou se vante de toucher 1800 euros sans travailler... par seulement quoi que ….

Jusqu'à maintenant, la Banque de France était en ligne avec Bercy sur la croissance en reconnaissant que la France s'en sortait mieux que la plupart de nos voisins européens et particulièrement l'Allemagne, décidément le mauvais élève de la classe. En termes de croissance économique, on devrait terminer l'année 2023 au niveau prévu et donner raison à Bercy, qui se place ainsi en tête de la compétition européenne. Pour 2023, Bruno Le Maire gagnera son pari. Depuis le Covid, et devant une sortie frénétique, puis la guerre en Ukraine et l'inflation sur l'énergie, la politique économique a finalement tenu la route surtout sur l’emploi d’ailleurs.

Pour 2024, l'horizon était plus brouillé... Bercy a donc baissé sa prévision à 1,4 % (contre 1,6 %), on le saura très précisément avec la présentation du budget, mais la Banque de France se déclare plus sévère puisqu'elle pronostique une croissance à 0,9 %, soit 0,5 point de moins.

Pourquoi ? Parce que la récession en Allemagne va être plus creusée que prévue, parce que les difficultés en Chine sont bien réelles et plombent le dynamisme du marché intérieur, et donc les exportations possibles, et surtout les effets des hausses de taux d'intérêt.

Pour les économistes de la Banque de France, la situation en 2024 ne sera pas dramatique. On assistera à une déflation (il y a consensus général sur la perspective d'une chute de la tension sur les prix), mais cette déflation n'entraînera pas de mouvement notable sur la croissance, ni reprise, ni effondrement.

Le ralentissement des investissements (à cause des taux d'intérêt) sera compensé par le maintien du commerce extérieur (beaucoup moins affecté en France qu'en Allemagne). Quant à la consommation, elle pourrait bénéficier d'un soutien lié à la désépargne, parce que le stock de liquidité est considérable, et d'un maintien des aides publiques ou sociales.

Le point le plus faible pour la Banque de France sera l'emploi, parce que les entreprises, faute de croissance et d'investissement, vont fermer le robinet des embauches. La France aura donc beaucoup de mal à descendre son taux de chômage en dessous des 7 %.

D'un côté, les entreprises vont se calmer. D'un autre, le marché de l'emploi va toucher des niveaux où le nombre de candidats à l'embauche diminue. Avec 7 % de chômage, la France a malheureusement des contingents de chômeurs inclassables : ils n'ont en majorité ni formation, ni expertise, ni expérience, et souvent ni l'envie de travailler.

Ce problème n'est pas conjoncturel mais structurel. Il demande un énorme effort de remise à niveau, et si la gouvernance Macron veut atteindre son objectif de descendre le chômage à moins de 5 % de la population en âge de travailler, il va falloir consentir un énorme effort collectif.

Ce n'est sans doute pas par hasard si la Banque de France a choisi de sortir ce dysfonctionnement. C'est aujourd'hui en effet que la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a entamé l'examen du projet de loi « pour le plein-emploi », qui prévoit l'instauration d'une obligation d'activité pour les bénéficiaires du RSA et la création de France travail. Une réforme qui aura du mal à trouver sa majorité. La classe politique est évidemment favorable à une réduction du taux de chômage, mais elle est loin d'avoir le courage de réduire les avantages sociaux dont bénéficient les sans-emplois. Ca n’est donc pas par hasard si un influenceur à succès a choisi de mettre en ligne sur Youtube, une invitation folle à profiter de toutes les aides sociales possibles et de démontrer que lui réussit à vivre avec 1800 euros par mois sans travailler aux dépends de tous « ces Français, vous et moi, qui travaillons et payons chers le prix de ces générosités du système sociale ».

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