Macron et Les Républicains (ou le jeu des 2 différences) <!-- --> | Atlantico.fr
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La question de l’alliance possible entre la majorité présidentielle et le groupe LR est au coeur de l'actualité.
La question de l’alliance possible entre la majorité présidentielle et le groupe LR est au coeur de l'actualité.
©Mohammed BADRA / POOL / AFP

LR

Il est difficile de comprendre comment les dirigeants des Républicains peuvent refuser de saisir la chance historique que leur offre la situation politique actuelle : celle de demander et d’obtenir de véritables avancées sur leurs sujets prioritaires, tout en offrant à la France la stabilité politique dont elle a plus que jamais besoin.

Boris Ravignon

Boris Ravignon

Boris Ravignon est Maire (LR) de Charleville-Mézières.

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Depuis le 2nd tour des législatives, notre pays s’interroge sur la capacité de l’Assemblée Nationale à former des majorités cohérentes. La question de l’alliance possible entre la majorité présidentielle et le groupe LR revient constamment.

Même si, aux présidentielles, à peine plus de 4% des votants ont compris la spécificité de l’offre politique des Républicains, notamment par rapport au président Macron, ma formation politique continue à s’enfermer dans une opposition ferme et définitive. Pourtant, au-delà des postures, l’examen détaillé des politiques conduites par le gouvernement et portées Les Républicains, notamment entre 2007 et 2012, fait apparaitre des convergences majeures.

Sur le sujet brûlant de la réforme des retraites, toutes les réformes réalisées par la droite républicaine, en 2003 par François Fillon ou en 2010 par Nicolas Sarkozy, ont consisté à aménager un allongement progressif de la durée de cotisation, afin d’éviter soit la hausse des prélèvements, soit la baisse des pensions. C’est exactement ce que propose aujourd’hui Emmanuel Macron.

Sur l’Europe, l’UMP et les Républicains ont toujours défendu l’engagement européen de la France tout en souhaitant en modifier profondément le contenu. C’est là encore la position défendue par Emmanuel Macron, avec pour parfaite illustration celle de la taxe carbone aux frontières. Défendue avec force par Nicolas Sarkozy, elle est en passe d’entrer en vigueur après qu’elle a été mise à l’ordre du jour de la présidence française.

Est-ce sur la politique économique conduite que des divergences pourraient apparaitre ? Manifestement pas. La majorité présidentielle comme la droite républicaine ont le libéralisme en partage et ont toujours privilégié les politiques dites de l’offre, avec un tropisme accentué pour l’industrie, grande bénéficiaire de la réforme de la taxe professionnelle entamée sous Nicolas Sarkozy et achevée par Emmanuel Macron.

Sur la gestion des finances publiques, quoi qu’en disent certains orateurs des Républicains qui ne se sont encore jamais confrontés à la réalité, les approches sont là encore très convergentes. En période de bonne conjoncture, les déficits publics ont été réduits. Dans les périodes de crise, le plan de relance de Nicolas Sarkozy en 2008-2009 n’avait rien à envier au « Quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron et vice-versa, y compris en termes d’accroissement de la dette publique.

En matière d’écologie, le pragmatisme et les changements progressifs ont toujours été préférés à une approche dogmatique, malgré des moments d’exaltation (Grenelle de l’environnement ou convention citoyenne). La convergence existe jusque dans les échecs, comme ceux connus en 2009 et en 2018 sur l’introduction d’une taxe carbone. Surtout, droite et centre-droit constituent depuis toujours les piliers du choix du nucléaire dans notre pays.

Au fond, pour trouver des divergences fortes, il semble qu’il faille se tourner vers les sujets de la décentralisation, d’une part, et des politiques régaliennes (sécurité, immigration), d’autre part. Alors que les Républicains, qui forment un parti d’élus locaux, sont massivement décentralisateurs, la majorité présidentielle qui, elle, peine à s’ancrer dans les territoires n’affiche que peu d’ambitions dans ce domaine. En matière de sécurité ou de politique migratoire, les Républicains sont incontestablement mieux-disants que la majorité présidentielle. Dans tous les cas, la pratique du pouvoir a été beaucoup plus convergente, Nicolas Sarkozy n’ayant que très peu décentralisé et Emmanuel Macron pouvant se vanter, pour sa part, d’avoir augmenté clairement les effectifs des forces de l’ordre.

Chacun connaît le jeu consistant à trouver les 7 différences entre deux dessins ressemblants posés l’un à côté de l’autre. Force est de constater que, entre la politique d’Emmanuel Macron et celle des Républicains, on aurait du mal à identifier plus de 2 différences dans les programmes actuels et les comparaisons historiques pourraient bien n’en trouver aucune.

Il est donc d’autant plus difficile de comprendre, dans ce contexte, comment les dirigeants des Républicains peuvent refuser de saisir la chance historique que leur offre la situation politique actuelle : celle de demander et d’obtenir de véritables avancées sur leurs sujets prioritaires, tout en offrant à la France la stabilité politique dont elle a plus que jamais besoin.

Boris Ravignon

Maire (LR) de Charleville-Mézières

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