Ma Gauche à moi et le Service Public de l’audiovisuel<!-- --> | Atlantico.fr
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Une photo des logos des chaînes de télévision publiques françaises, France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô, des chaînes du groupe France Télévisions.
Une photo des logos des chaînes de télévision publiques françaises, France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô, des chaînes du groupe France Télévisions.
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Médias

A l'approche de l'élection présidentielle et du débat sur l'impartialité des médias, le fonctionnement du service public de l'audiovisuel suscite beaucoup d'interrogations.

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent est ancien dirigeant de Elf Aquitaine et Gaz de France, et spécialiste des questions d'énergie. Il est président de la branche industrie du mouvement ETHIC.

 

Ingénieur à l'Institut polytechnique de Grenoble, puis directeur de cabinet du ministre de l'Industrie Pierre Dreyfus (1981-1982), il devient successivement PDG de Rhône-Poulenc (1982-1986), de Elf Aquitaine (1989-1993), de Gaz de France (1993-1996), puis de la SNCF avant de se reconvertir en consultant international spécialisé dans les questions d'énergie (1997-2003).

Dernière publication : Il ne faut pas se tromper, aux Editions Elytel.

Son nom est apparu dans l'affaire Elf en 2003. Il est l'auteur de La bataille de l'industrie aux éditions Jacques-Marie Laffont.

En 2017, il a publié Carnets de route d'un africain.

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A l’occasion des débuts du combat électoral de la prochaine élection Présidentielle dont nous vivons actuellement les premières escarmouches dans une démocratie malmenée, il me parait nécessaire d’examiner le fonctionnement du service public de l’audiovisuel dont certains questionnent l’impartialité et la capacité de représenter la diversité des opinions françaises.

C’est un service public, il doit donc accepter les exigences de neutralité, égalité, continuité et qualité, mais dans son domaine on lui demande d’informer, d’éduquer, de cultiver et de distraire une population qui a aussi la possibilité de s’adresser aux chaînes privées et à l’internet. Cette liberté désormais intériorisée par la plupart des auditeurs et téléspectateurs ne devrait pas conduire le service public à oublier ses missions inscrites dans le marbre de notre République.

Force est de constater qu’une certaine bien-pensance issue d’une Gauche conformiste a désormais imprégné à la fois les informations, les débats jusqu’aux émissions supposées distraire les citoyens. Ainsi oriente-t-on avec une mauvaise foi confondante beaucoup d’émissions sur des thèses contestables sans apporter la moindre contradiction pourtant nécessaire si l’on voulait ne pas déroger aux principes essentiels de la neutralité de l’information mais aussi ceux de l’éducation. Il est, par exemple, légitime d’accepter des militants de l’écologie politique parmi les journalistes et dirigeants du service public, mais de là à faire de l’écologie politique (et non de l’écologie science des écosystèmes ) le fil directeur de journées entières, il y a un pas qu’il ne fallait pas franchir. Mais beaucoup d’autres principes sont aussi bafoués par d’autres militants se réclamant de la Gauche. La pluralité de l’information et l’honnêteté intellectuelle ayant été à l’origine des orientations puis des décisions concernant l’audiovisuel par ma « Gauche à moi », je me sens obligé de dire que ces nouvelles pratiques doivent être discutées et corrigées si nous voulons tous une campagne Présidentielle constructive.

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Dans la nuit de Samedi à dimanche 11/12 Septembre Léa Salamé et Laurent Ruquier recevaient Eric Zemmour, dans une atmosphère électrique de tribunal soviétique , contre un éventuel candidat !

A ma grande surprise ma photo est apparue soudain à l’écran avec un commentaire de Laurent Ruquier reprochant à son interlocuteur de me prendre comme conseiller économique alors que j’ai fait l’objet de condamnations !

Ainsi un certain nombre de principes essentiels du service public de l’information comme de la Gauche dont se réclament les animateurs de l’émission se trouvent ils bafoués en quelques instants.

La photo projetée en temps opportun montrait bien la préparation de l’argument sensé fragiliser l’interlocuteur, nulle improvisation dans cet épisode, nulle spontanéité.

Ma Gauche à moi croit à la réinsertion et à la rédemption. Elle s’indigne des punitions perpétuelles, elle plaide pour l’oubli après avoir effectué les peines décidées par la société. Cette obsession (car ce n’est pas la première fois !) à rappeler une histoire vieille de 25 ans pour désarçonner l’interlocuteur est une illustration d’une justice contestable qui voudrait le rétablissement de la peine de mort sociale. Mes ouvrages sur la prison –« une incarcération ordinaire », « repenser la prison » – décrivent un autre univers possible, celui qui a amené au succès de luttes partagées.

Ma Gauche à moi n’est pas celle des rumeurs, des fake news et des complots. Elle observe le réel et interroge les personnes en les écoutant. J’ai clairement indiqué qu’Éric Zemmour était mon ami, depuis très longtemps, et que nous discutions ensemble avec beaucoup de plaisir sur tous les sujets. J’ai également dit que je n’étais pas son « conseiller » et il l’a confirmé « en direct » lors de l’émission.

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Ma Gauche à moi est celle de la générosité, de la confiance en l’homme, en sa sincérité. Elle ne cherche  pas à condamner mais à comprendre. Elle se sent donc mal à l’aise devant des procureurs surs d’eux et arrogants, montrant leur inaptitude à l’écoute.  

Ma Gauche à moi est celle de la science, de la technique, de la compétence et donc de l’efficacité économique et sociale. C’est celle qui protège l’instrument de travail, qui le fait progresser, qui investit dans les hommes et leurs machines, qui croit à l’industrie. L’expérience est donc essentielle, celle de chacun là où il a été et où il a réussi. « On est ce que l’on fait » disait André Malraux et je souhaite donc que tous ceux qui veulent diriger une entreprise, une administration, un territoire ou un pays aspirent à utiliser l’histoire de tous ces professionnels qui ont bâti notre pays. Beaucoup se sentent mal aimés, trahis, et souhaitent un redressement salutaire. Ma Gauche à moi n’a plus envie du spectacle des ricanements  et des bons mots pour la plupart éculés, la souffrance actuelle des Français a besoin de résultats, c’est aussi le travail de ceux qui ont accepté d’entrer dans le service public de la télévision de ne pas oublier comment et pourquoi ils sont à la place qui est la leur.

Ma Gauche à moi est celle de la liberté et je suis fier de l’avoir servi et de lui appartenir, liberté de penser, liberté d’expression, liberté d’écouter, de laisser parler l’autre, de débattre, d’argumenter, de confronter des opinions comme des expériences, liberté de contester, liberté de croire en la science… liberté qui disparait si souvent désormais dans les plus infimes moments de nos vies quotidiennes et, en particulier quand on écoute le service public de l’audiovisuel, en particulier cette nuit là, nous n’avons pas voulu ça ! 

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